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Parfum de Guerre froide entre l'Otan et la Russie

Parfum de Guerre froide entre l'Otan et la Russie

La crise ukrainienne replonge l'Otan et la Russie une trentaine d'années en arrière avec le retour des soupçons et de méthodes de propagande oubliés depuis la fin de la Guerre froide.

"L'Otan et Moscou se rappellent qu'ils ont été les meilleurs ennemis du monde", résume un officier basé à Bruxelles, où siège l'Alliance atlantique. "Les plus anciens d'entre nous retrouvent des réflexes qu'ils avaient abandonnés il y a de nombreuses années", témoigne ce militaire sous le couvert de l'anonymat.

Dans les bureaux de l'Otan, des cartes de l'Ukraine sont désormais punaisées aux murs au côté de celles d'Afghanistan, le pays qui accaparait toute l'attention jusqu'à récemment. Et "les experts de la Russie sont de nouveau très écoutés", souligne un diplomate.

Ces derniers jours, le ton est devenu plus acrimonieux entre Moscou et l'Otan, qui s'accusent mutuellement de faire revivre l'esprit de la Guerre froide, celui de la confrontation entre les Etats-Unis et l'URSS entre 1947 et 1991.

"Personne ne veut une nouvelle Guerre froide. La Russie doit arrêter de vouloir revenir en arrière", a réclamé jeudi le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen.

C'est l'Otan qui "cultive la rhétorique de la Guerre froide", a dénoncé en retour la diplomatie russe.

Moscou a mal accueilli la décision prise fin mars par les 28 pays alliés de suspendre la "coopération pratique" Otan/Russie en réaction au rattachement de la Crimée. Celle-ci se concrétise par une mesure vexatoire: les représentants russes n'ont plus d'accès privilégié au siège de l'Otan, à l'exception de quatre d'entre eux, dont l'ambassadeur.

"L'introduction de telles restrictions montre une fois de plus que l'Otan n'est pas à même de surmonter la mentalité de l'époque de la Guerre froide, préférant le langage des sanctions au dialogue", a réagi le ministère russe des Affaires étrangères.

Une nouvelle passe d'armes a éclaté jeudi avec la publication par l'Otan de photos satellitaires destinées à démontrer la présence d'"importantes forces" russes à proximité de la frontière avec l'Ukraine.

Utilisant les réseaux sociaux comme Twitter, l'Otan a cherché à donner un grand retentissement à ces photos en noir et blanc montrant des centaines de chars, d'avions et de véhicules stationnés dans la campagne.

La Russie a rapidement réagi en affirmant qu'elles avaient été prises durant des exercices menés à l'été 2013, et non ces dernières semaines. Faux, a répliqué vendredi l'Otan, en publiant de nouveaux clichés pour "démontrer clairement que les affirmations des responsables russes sont totalement erronées".

Ces disputes sont observées avec prudence par certains experts. "Ces allusions à la Guerre froide sont une hérésie tant au niveau géopolitique que militaire", affirme Philippe Migault, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

"La Russie de Poutine n'a plus les ambitions globales qu'avait l'Union soviétique" et "ne menace directement aucun pays de l'Otan", ajoute-t-il. De plus, "l'équilibre entre les deux blocs n'existe absolument plus" car le budget militaire des pays de l'Otan est aujourd'hui douze fois supérieur à celui de la Russie.

La crise ukrainienne est considérée comme la plus grave pour les relations Otan-Russie depuis la chute de l'Union soviétique. Mais elle n'est pas la première puisque les sujets de discorde ont été multiples: élargissement de l'Otan à l'est (Pays baltes, Pologne, Roumanie), crise du Kosovo, bouclier antimissile que Moscou perçoit comme une menace malgré les dénégations des Alliés.

Malgré cela, les deux parties ont réussi à lancer une série de programmes de coopération, notamment en Afghanistan ou dans la lutte contre la piraterie maritime.

"Ne nous leurrons pas: les relations Otan-Russie ont toujours été chaotiques et il n'y a pas de raisons pour que ça change", prévient un diplomate basé à Bruxelles.

jri/jlb/ia

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