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La patrie de Jean XXIII veut faire redécouvrir l'homme derrière le "bon pape"

La patrie de Jean XXIII veut faire redécouvrir l'homme derrière le "bon pape"

Dans la mémoire collective, Jean XXIII est resté le "bon pape", aussi affable et proche des gens que le pape François d'aujourd'hui. Mais sur ses terres natales près de Bergame, on compte beaucoup sur sa canonisation pour faire redécouvrir une personnalité complexe, à l'origine de la "révolution" du concile Vatican II.

Né à Sotto il Monte (nord) en 1881 dans une modeste famille paysanne, Angelo Giuseppe Roncalli fut élu pape en 1958 et régna sous le nom de Jean XXIII jusqu'à sa mort en 1963.

Son village au pied des Alpes, 4.000 habitants, a été rebaptisé Sotto il Monte Giovanni XXIII. Aujourd'hui, à quelques semaines de l'événement --Jean XXIII deviendra saint en même temps que Jean-Paul II le 27 avril--, les habitants ne cachent pas leur fierté.

"Il était très bon, très simple, ce qui est un peu le caractère des Bergamasques. Nous ne sommes pas très expansifs, mais nous nous faisons comprendre dans notre simplicité", expliquent Maria-Luisa, Anna et Benigna, retraitées d'un village proche, en visite dans sa maison natale. François et Jean "se ressemblent énormément, ils te parlent comme s'ils te donnaient tout leur amour".

Jean XXIII, qui voulait "ouvrir la fenêtre de l'Eglise afin que nous puissions voir ce qui se passe dehors et que le monde puisse voir ce qui se passe chez nous", avait été béatifié en 2000 par Jean Paul II. François a décidé en septembre 2013 de leur canonisation conjointe.

Une annonce forte pour Claudio Dolcini, curé de Sotto Il Monte: "Nous avons fait sonner les cloches pendant une demi-heure, les gens se demandaient pourquoi. J'avais su la nouvelle un peu avant que la presse ne l'annonce. Puis, à la messe du dimanche, nous avons prié et les gens exultaient, applaudissaient, il y avait un climat de grande fête !", raconte-t-il.

Si la canonisation était "dans l'air", François lui a donné une "accélération inattendue" dans la mesure où Jean XXIII n'est crédité que d'un seul miracle alors que le long processus vers la sainteté en requiert deux. La surprise est tombée alors que "nous avions trouvé deux cas particulièrement intéressants de miracles que nous étions en train d'étudier pour les soumettre à Rome", dit-il.

Le village, qui s'est doté en 2012 d'une Maison du pèlerin pour aiguiller les visiteurs parmi la douzaine de sites dédiés au pape (maison natale, site de baptême, etc.) se prépare désormais activement au jour J. Sont attendues de 10.000 à 25.000 personnes qui suivront la cérémonie à Rome sur de grands écrans en 3D.

L'événement, même s'il reste modeste par rapport aux célébrations de Rome, devrait permettre de donner une nouvelle dimension à un culte resté jusqu'ici assez discret, espère-t-on à Sotto Il Monte.

Il vient couronner les efforts entrepris ces dernières années pour proposer une "redécouverte, une réévaluation de la personnalité du pape Jean XXIII", explique Gimmy Schiavi, directeur de la Maison du Pèlerin.

"Il est connu comme +bon pape+. Nous voulons un peu élever le débat, faire connaître ses oeuvres antérieures, ce qu'il a fait à l'étranger, aborder des thèmes plus complexes", souligne-t-il. "Il a lancé un projet de changement que tous ses successeurs, surtout François, poursuivent", note-t-il à propos du concile Vatican II, qui, lancé en 1962, eut un effet modernisateur majeur sur l'Église.

Le père Dolcini est du même avis: "Il a déclenché une révolution au bon sens du terme. Cela ne pouvait venir que d'un homme qui avait connu des terres différentes, la Bulgarie orthodoxe, la Turquie islamique, la France et la laïcité. Il a inséré la clé et mis en route le moteur du changement qui est encore en cours", estime-t-il.

Marco Roncalli, petit-neveu du pape et auteur de trois biographies du futur saint, renchérit: "Je trouve le terme de +bon pape+ très réducteur. Sa figure est beaucoup plus complexe: il n'a pas été seulement un bon curé de campagne mais aussi un homme de gouvernement, qui comme l'a dit François a été un grand guide, lui-même guidé par Dieu".

Et comme François aujourd'hui, Jean XXIII avait "besoin d'être avec les gens", relate-t-il. "Il racontait à mon grand-père, son plus jeune frère, qu'il se sentait un peu comme un prisonnier au Vatican, dans une ambiance fermée. Je crois qu'il en a vraiment souffert".

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