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Chine: malgré les bonds du budget militaire, un "Art de la guerre" guidé par la prudence

Chine: malgré les bonds du budget militaire, un "Art de la guerre" guidé par la prudence

Forte de la plus grande armée du monde, la Chine dépasse de loin son voisin japonais en termes de navires, d'avions et de dépenses militaires, mais Pékin sait qu'il n'aurait pas grand chose à gagner à un affrontement, estiment des experts.

Alors que les deux puissances asiatiques sont opposées par une querelle de souveraineté sur des îles inhabitées, le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a successivement visité cette semaine Tokyo puis Pékin en abordant ouvertement ces vives tensions régionales.

Il a ainsi réitéré le ferme soutien des Etats-Unis au Japon, tout en échangeant des propos acerbes avec des généraux de l'Armée populaire de libération (APL) chinoise.

M. Hagel a mis en garde Pékin contre toute action unilatérale pour résoudre ses contentieux territoriaux. Les généraux du régime ont répliqué que la souveraineté de la Chine sur l'archipel disputé à Tokyo était "non négociable".

Mais en dépit de ces postures belliqueuses et de la hausse de plus de 12% du budget militaire chinois en 2014 --deuxième mondial après les Etats-Unis--, les analystes doutent que Pékin soit vraiment prêt à un quelconque affrontement, intentionnel ou non.

Alors que le pays cherche à gagner ses galons de "puissance responsable" sur la scène internationale, "le haut commandement chinois devrait se montrer extrêmement prudent et circonspect sur le lancement d'une opération militaire, quelle qu'elle soit", a indiqué à l'AFP Arthur Ding, expert de l'Université nationale Chengshi de Taiwan.

Même sans le bénéfice de l'alliance avec Washington et du "bouclier" américain, les forces japonaises "sont pour le moment en meilleure situation", disposant d'un entraînement et d'équipements supérieurs, a expliqué M. Ding.

Les îles Senkaku, administrées par le Japon, mais revendiquées par Pékin sous le nom de Diaoyu, sont devenues un terrain d'incessants chassé-croisés entre patrouilles de garde-cotes et agences non militaires des deux pays.

Au risque de quelques accès de fièvre: en 2013, Tokyo a ainsi accusé une frégate chinoise d'avoir verrouillé son radar de tir sur un navire d'escorte japonais, soit un doigt avant l'ouverture du feu.

Le premier porte-avion chinois, le Liaoning, est entré en service il y a 18 mois, et selon un rapport de l'International Institute for Strategic Studies (IISS) publié en février, les forces de Pékin dépassent quantitativement les forces nippones dans pratiquement tous les domaines.

L'APL comptait environ 2,3 millions de soldats en service l'an dernier, contre 247.150 membres pour les forces japonaises. La Chine alignait 2.525 avions (contre 630 côté japonais), 6.840 chars (contre 777) et 66 sous-marins de combat (contre 18), selon l'IISS.

De même, le budget militaire chinois, à 112,2 milliards de dollars en 2013, écrasait de loin celui de son rival nippon, à 51 milliards.

Mais la Chine souffre toujours d'importantes carences, tempérait l'IISS, pointant le manque d'expériences au combat, les interrogations sur le moral des troupes et la qualité des entraînements, les faiblesses de l'encadrement et les lacunes des armements sous-marins.

Par bien des aspects, l'armée chinoise "demeure qualitativement inférieure à d'autres forces armées de la région aux technologies plus avancées, tels que le Japon et la Corée du Sud, et elle reste très loin derrière les Etats-Unis", concluait le rapport.

De plus, grand facteur de dissuasion, les Etats-Unis maintiennent environ 50.000 soldats dans l'archipel, à travers plusieurs bases stratégiques, dont Okinawa, à moins d'une heure de vol des îles disputées par Pékin.

Pour Kazuhisa Ogawa, éminent expert militaire japonais, "les forces japonaises ne sont pas conçues pour être autonomes", mais comme complémentaire du puissant appui américain.

Mais si les discours martiaux de la presse d'Etat chinoise et du Parti communiste semblent tempérés par la prudence affichée par le gouvernement de Pékin, celui-ci n'en a pas moins une stratégie extrêmement claire, a-t-il estimé.

"La Chine envoie des navires non-militaires dans la zone" des îles contestées afin de tester les réactions japonaises et américaines et de donner des gages aux éléments les plus nationalistes du pays, a expliqué M. Ogawa à l'AFP.

Une façon de marquer son territoire sans aller trop loin: "La stratégie de Pékin, c'est de gagner sans avoir à mener une seule bataille --suivant en cela la leçon de Sun Zi dans son +Art de la Guerre+"... écrit au 6e siècle avant JC.

kgo-jug/ple/pt

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