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Derniers jours de liberté totale pour Silvio Berlusconi

Derniers jours de liberté totale pour Silvio Berlusconi

Silvio Berlusconi vit ses derniers jours de liberté totale alors que la justice a commencé jeudi à étudier sa requête d'effectuer des travaux d'intérêt général (TIG) après sa condamnation à un an de prison.

Le Tribunal de surveillance de Milan a entamé en milieu d'après-midi son audience consacrée à l'ex-chef du gouvernement italien, condamné définitivement en août dernier à quatre ans de prison, dont trois amnistiés, pour fraude fiscale dans l'affaire Mediaset.

Les deux avocats de l'ex-Cavaliere, Franco Coppi et Niccolo' Ghedini, sont arrivés une heure avant l'heure prévue, accueillis par une marée de journalistes à l'entrée du tribunal où les mesures de sécurité avaient été renforcées.

En raison de son âge, 77 ans, de son casier judiciaire jusqu'ici vierge et du fait qu'il n'est pas considéré comme dangereux, le magnat des médias n'ira certainement pas en prison.

La justice doit donc trancher entre les arrêts domiciliaires et les TIG, demandés par sa défense. Elle a cinq jours pour le faire, mais pourrait rendre sa décision dès ce jeudi.

Exprimant sa "douleur et son amertume", avant même la décision, Renato Brunetta, chef du groupe parlementaire de Forza Italia, le parti de Berlusconi, s'est insurgé contre la façon dont est traité "l'un des plus grands dirigeants de l'après-guerre", n'hésitant pas à comparer ce "symbole" à Aung San Suu Kyi, icône de la démocratie en Birmanie, en résidence surveillée pendant vingt ans.

De l'avis général, les TIG devraient être accordés à M. Berlusconi, qui fut trois fois chef du gouvernement.

Mais le suspense demeure sur la forme que prendront ces travaux et sous quel régime : un entretien hebdomadaire ou mensuel avec un assistant social, l'assignation à une association ou ONG...

Jusqu'ici courait surtout l'hypothèse d'une affectation à un centre pour personnes âgées dépendantes, ce qui inspire une cruelle vignette au dessinateur Giannelli en une du Corriere della Sera. On y voit une troupe de vieillards cacochymes lancer "et si on organisait une soirée élégante?", allusion au terme employé par Berlusconi pour désigner ses torrides soirées "bunga bunga" dans sa villa d'Arcore, près de Milan.

Selon la Stampa, les avocats de l'ex-Cavaliere ont présenté une solution alternative inédite : le magnat des médias serait lui-même le mécène d'un centre, qu'il créerait justement à Arcore, à destination de personnes handicapées, à qui il pourrait offrir de "nouveaux stimuli".

Une façon pour l'habile politicien de retourner la situation en mettant en avant son engagement "en faveur de la société" et sa volonté de "réhabilitation".

Car Silvio Berlusconi tient à ne pas perdre la face, ni sa capacité à mener publiquement son activité politique, à six semaines des élections européennes, premier test électoral pour son parti Forza Italia (FI), en perte de vitesse, et dont il ne sera pas tête de liste en raison de son inéligibilité après sa condamnation.

Selon deux sondages rendus publics lundi et mardi, le Parti démocrate (PD) de gauche du chef du gouvernement Matteo Renzi occupe la première place avec 33,9% à 31,2% des intentions de vote.

FI est loin derrière, une dizaine de points, et selon l'un des deux sondages il arrive même en troisième position, derrière le Mouvement cinq étoiles (M5S), le parti contestataire et anti-politique du comédien Beppe Grillo. L'autre sondage, réalisé par un institut considéré proche de Silvio Berlusconi, lui donne une minuscule avance sur Beppe Grillo, 21,5% des intentions de votes contre 21,4% au M5S.

Pour remonter la pente, Silvio Berlusconi aurait besoin de mener une campagne électorale agressive, mais les juges risquent de lui imposer une série de contraintes incompatibles avec ses projets politiques.

En outre, ses soucis judiciaires ne s'arrêtent pas là. Silvio Berlusconi doit affronter encore d'autres procès, notamment le fameux Rubygate.

Dans cette affaire, du surnom de la jeune Marocaine Ruby objet de ses attentions, l'ex-chef du gouvernement a été condamné en première instance à sept ans de prison et à l'interdiction à vie d'exercer un mandat public pour abus de pouvoir et prostitution de mineure.

Le procès en appel est fixé en juin, alors qu'un autre procès, pour corruption de sénateur, a débuté cette année à Naples.

ljm-mle/bir

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