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Viktor Orban garde la Hongrie en son pouvoir pour quatre ans de plus

Viktor Orban garde la Hongrie en son pouvoir pour quatre ans de plus

La Hongrie, ancien pays du bloc communiste membre de l'Union européenne, est repartie pour quatre ans avec à sa tête le conservateur populiste Viktor Orban, grand vainqueur d'élections législatives dont il avait fixé les règles du jeu.

Si la victoire de l'homme fort du pays ne fait aucun doute, il n'était toujours pas sûr lundi de conserver une majorité des deux tiers des députés, dont il a usé sans retenue pour cimenter son pouvoir depuis 2010 et, selon ses détracteurs, affaiblir les valeurs démocratiques du pays.

Les résultats partiels, basés sur le dépouillement de 98,97% bulletins de vote, créditent lundi son parti Fidesz de 44,54% des suffrages.

Il devance largement l'alliance de la gauche (près de 26%), qui a reconnu dimanche soir sa "cuisante défaite" même si elle fait mieux que les seuls socialistes en 2010 et si, selon elle, les dés étaient pipés au départ.

Le parti d'extrême droite Jobbik, antiRoms et antisémite, a nettement progressé à 20,54% (contre près de 17%), recueillant les fruits de son image plus policée.

Le parti conservateur a perdu beaucoup de terrain comparé aux 52,7% obtenus en 2010. Malgré cela, il obtiendrait 133 sur 199 sièges au nouveau Parlement, soit exactement le seuil lui apportant une majorité des deux tiers. Une proportion qui pourrait encore baisser ou monter un peu, car les résultats sont très serrés dans certaines circonscriptions.

Le Fidesz serait donc en passe de rafler une "super-majorité" avec "un nombre de suffrages de 2,1 millions, inférieur à ses performances de 2002 et de 2006, années où il avait perdu les élections", s'offusque le site d'informations indépendant Index.hu lundi.

"Cela montre bien à quel point le système électoral a favorisé le Fidesz", estime-t-il. Le parti avait unilatéralement décidé une réforme dont le point central était le redécoupage à son avantage des circonscriptions dans tout le pays.

Au delà, l'omniprésence du parti dans la campagne et son contrôle des médias ont porté préjudice à une alliance de la gauche déjà fragilisée par des dissensions internes, mal organisée et incapable de se présenter comme une alternative viable, estime Zoltan Miklosi, professeur en science politique au Centre européen de l'université de Budapest.

"Le principal parti au pouvoir a été indûment avantagé par une législation de campagne restrictive, une couverture médiatique partiale et des activités de campagne qui ont brouillé la séparation entre le parti politique et l'État", ont aussi déploré les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Depuis 2010, le parti Fidesz a muselé toutes les institutions et les contre-pouvoirs du pays, comme les médias et la justice, mais aussi l'économie et la culture. Le tout légalement, grâce à sa super-majorité au parlement.

Une prise de contrôle tentaculaire que ni les manifestations populaires de 2011 et 2012, ni les sévères rappels à l'ordre de Bruxelles ou les critiques en provenance des Etats-Unis n'ont réussi à brider.

Lundi, la Commission européenne a commenté a minima la réélection de M. Orban, disant "compter sur son engagement pour maintenir l'élan" en faveur de l'UE.

L'inconnue demeure sur ses projets pour les quatre années à venir. Le parti n'a pas diffusé de programme électoral, et a surtout fait campagne sur la baisse des prix de plus de 20% de l'énergie domestique depuis 2013.

Viktor Orban s'est aussi attribué la relance de l'économie (liée surtout à des récoltes exceptionnelles dans l'agriculture), la baisse du taux de chômage, obtenue en partie avec des "emplois" d'intérêt général au rabais, et le passage du déficit public sous les 3% du Produit intérieur brut, un résultat de la nationalisation forcée des fonds de retraite privés.

"Nous sommes au seuil d'une ère nouvelle et formidable: nous ne pourrons faire de nouveau de la Hongrie un grand pays qu'ensemble", s'est-il contenté de déclarer dimanche, après avoir remercié Dieu et les électeurs.

"La question est la même pour le vainqueur et le perdant : comment poursuivre ?", souligne le journal de référence du pays, le Nepszabadsag, proche de la gauche, dans un éditorial lundi.

"Pour le Fidesz, la réponse est claire : continuer. Pour l'opposition de gauche une chose est certaine : elle ne peut pas continuer comme ça."

bur-ilp/cs/abk

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