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Des habitants du Darfour terrorisés par les milices

Des habitants du Darfour terrorisés par les milices

Des milices font la loi depuis plus d'un mois à El-Facher, capitale du Darfour-Nord, terrorisant les habitants de cette ville de l'Ouest soudanais, région qui connaît ses pires violences depuis une décennie.

Ces milices, présentes dans toute la ville mais surtout dans l'est de la capitale "sont incontrôlables", a affirmé à l'AFP un habitant de 52 ans, qui a seulement accepté de donner son prénom, Moustapha.

Ceintures de munitions autour de la taille, ces hommes circulent à toute allure dans les rues d'El-Facher au volant de pick-up équipés de mitrailleuses, criant et klaxonnant, selon un journaliste de l'AFP s'étant rendu sur place.

Le Darfour est le théâtre depuis 2003 d'affrontements entre l'armée alliée à des tribus, et des rebelles qui réclament la fin de la "marginalisation économique" de leur région et un partage du pouvoir avec le gouvernement de Khartoum.

Depuis un an, ce conflit qui a fait des centaines de milliers de morts et plus de deux millions de déplacés selon l'ONU, se double d'une hausse de l'activité criminelle et de combats sanglants entre tribus arabes se disputant terre, eau et droits miniers.

Près de 200.000 civils ont été déplacés cette année, selon le chef de la mission ONU-Union africaine (Minuad) au Darfour, Mohamed Ibn Chambas, rappelant les premières heures du conflit il y a plus de dix ans.

A El-Facher, les miliciens "tirent sans raison, notamment le soir et tôt le matin. Nous avons cessé d'aller à la mosquée pour les prières de l'aube, parce que si vous sortez, vous pouvez vous faire tirer dessus", raconte Moustapha. "Ils visent même la police. Il y a deux jours, un policier a été tué par balle", a-t-il assuré.

Certains d'entre eux portent l'insigne de groupes paramilitaires, mais des habitants affirment que d'autres appartiennent aux Rapid Support Forces (RSF), une milice pro-gouvernementale.

Mohamed Ibn Chambas a accusé la semaine passée les RSF d'avoir "perpétré des attaques" contre des villages et des camps de déplacés.

Ces informations sont "un non-sens" a affirmé à l'AFP le conseiller du président soudanais Omar el-Béchir, Ibrahim Ghandour, précisant que les RSF étaient une composante des Forces armées soudanaises et chargées de protéger les grandes villes du Darfour contre les attaques rebelles.

Fuyant les attaques, des milliers de Soudanais se sont notamment réfugiés dans le camp de Zam Zam, à la périphérie d'El-Facher. Là, au milieu du désert, les déplacés se protègent comme ils peuvent du soleil dans des tentes de bric et de broc, construites avec des morceaux de tissu.

Un chef tribal a affirmé sous le couvert de l'anonymat, que des miliciens avaient pillé deux villages à la sortie d'El-Facher vendredi. A côté de lui, une personne a la jambe blessée, victime selon lui de tirs au hasard de miliciens lors du pillage.

"Je crois que ces milices sont encore pire que les Janjawids", a dit le chef tribal, en évoquant les milices Janjawids, soutenues par le gouvernement et recrutées au sein des tribus arabes, qui ont commis après 2003 des atrocités contre des civils.

"Elles sont bien équipées avec des véhicules rapides et des armes lourdes. Les Janjawids avaient seulement des chevaux et des chameaux", a-t-il ajouté.

Alors que le gouvernement avait armé les tribus arabes pour l'aider dans sa lutte contre les rebelles, il ne peut désormais plus les contrôler, selon des experts.

En février, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait indiqué dans un rapport que certains de ces paramilitaires, privés de salaires en raison de la crise économique, cherchaient "des sources alternatives de revenus".

A El-Facher, les forces gouvernementales sont visibles: des agents de police et des services de renseignements sont ainsi stationnés devant les banques, tandis que la Police centrale de réserve, une unité paramilitaire, s'est installée à plusieurs endroits autour de la ville.

Mais selon un important chef d'entreprise locale, les forces régulières ne peuvent pas lutter face aux miliciens.

"Ces miliciens sont plus puissants que des soldats professionnels", a-t-il souligné. Mais aussi plus dangereux, car "ces gens peuvent vous tuer simplement pour votre téléphone portable".

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