Deux journalistes occidentales, dont une Canadienne, ont été atteintes par balle en Afghanistan vendredi, dont l'une mortellement, à la veille du scrutin présidentiel.
Selon les autorités locales, un policier a fait feu sur les deux journalistes près d'une petite localité de l'est du pays, située près de la frontière avec le Pakistan.
La photojournaliste allemande Anja Niedringhaus, 48 ans, a été tuée sur le coup, a annoncé son employeur, l'agence Associated Press (AP). Sa collègue, la reporter canadienne Kathy Gannon, 60 ans, a été blessée gravement. Elle se trouve à l'hôpital, mais sa vie ne serait pas en danger.
Selon la correspondante de Radio-Canada à Kaboul, Marie-Ève Bédard, les deux journalistes accompagnaient un convoi de la Commission électorale indépendante qui distribuait des bulletins de vote dans les bureaux électoraux de la province de Khost. Le convoi était par ailleurs sous escorte militaire.
Attaquées par un policier
Anja Niedringhaus et Kathy Gannon se trouvaient à l'intérieur de leur véhicule, dans un campement sécurisé, lorsqu'un des policiers qui protégeaient le convoi a ouvert le feu sur elles. Le tireur se serait ensuite rendu sans résistance à ses collègues.
Les deux femmes sont des journalistes d'expérience qui travaillaient régulièrement dans des zones dangereuses, dont l'Afghanistan et le Pakistan. Kathy Gannon, notamment, était basée à Islamabad. Originaire de Timmins, en Ontario, elle couvrait la région depuis une trentaine d'années.
Sur le profil Twitter de Kathy Gannon, la dernière entrée est une photographie prise par Anja Niedringhaus, « mon amie », écrit-elle.
« Anja était une journaliste dynamique très appréciée pour ses photographies évocatrices, son coeur chaleureux et son amour de la vie. Nous sommes dévastés par sa mort », a déclaré la directrice de la rédaction d'AP, Kathleen Carroll.
Climat de terreur avant les élections
Les attaques contre des journalistes sont fréquentes en Afghanistan. Le mois dernier, un journaliste afghan travaillant pour l'Agence France-Presse et huit autres personnes ont été tués lorsque des assaillants ont ouvert le feu dans un hôtel de Kaboul, reconnu pourtant comme l'un des lieux les plus sécuritaires de la capitale.
Début mars, un journaliste anglo-suédois a été abattu en pleine rue, à Kaboul.
Depuis plusieurs semaines, les talibans multiplient les attaques et attentats contre des étrangers et le gouvernement afghan afin de déstabiliser le pays à la veille des élections présidentielles qui doivent déterminer le successeur du président sortant, Ahmid Karzaï.
L'élection présidentielle de samedi doit marquer la première transition démocratique d'un président à un autre.
Quelque 350 000 soldats afghans doivent assurer la sécurité du scrutin, aidés des soldats de l'OTAN encore présents sur le territoire.