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Sur ordre de la justice, le gouvernement turc lève son blocage controversé de Twitter

Sur ordre de la justice, le gouvernement turc lève son blocage controversé de Twitter

Le gouvernement turc a levé jeudi son blocage très controversé du réseau Twitter ordonné il y a deux semaines pour enrayer la diffusion d'accusations de corruption, au lendemain d'un arrêt de la Cour constitutionnelle jugeant la mesure illégale.

Sous pression depuis vingt-quatre heures, le ministère des Transports et de la Communication a finalement annoncé en fin d'après-midi la réouverture du site de microblogging à ses quelque 12 millions d'adeptes turcs.

"Conformément à la décision de la Cour constitutionnelle, la mesure bloquant l'accès au site Twitter.com a été levée. Une fois prises les mesures techniques nécessaires, le site sera rouvert aux utilisateurs", a indiqué le ministère dans un communiqué.

Annoncée en pleine campagne électorale, cette interdiction, décrétée par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, a suscité une avalanche de protestations, en Turquie comme à l'étranger, et nourri les critiques sur sa dérive autoritaire.

L'interdiction de la plateforme YouTube, décrétée il y a une semaine, restait toutefois toujours en vigueur jeudi.

Très attendue, la levée de l'interdiction a été immédiatement saluée par les internautes, avec ironie et prudence toutefois.

"Quand Twitter a été rouvert, j'ai éprouvé autant de joie qu'à l'ouverture du premier McDonald's en Turquie", a lancé un animateur télé, Yunus Gunce. "Que la joie parcoure le monde, il a plu au Sultan de...", s'est réjouie une autre "tweetos", Nervana Mahmoud.

"Ne changez pas vos réglages VPN (un service qui a permis de contourner l'interdiction, ndlr). Parce que le gouvernement garde le contrôle d'internet. Il peut à nouveau le débrancher quand il veut", a mis en garde le journaliste Adem Yavuz Aslan.

L'entreprise Twitter, basée à San Francisco (Etats-Unis), s'est déclarée "encouragée par la nouvelle venue de Turquie" et a souhaité la "bienvenue" à ses fidèles turcs.

L'autorité turque des télécommunications (TIB) avait bloqué l'accès au réseau Twitter dans la nuit du 20 au 21 mars, sur instruction du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, décidé à en finir avec la diffusion quotidienne sur internet d'écoutes téléphoniques le mettant en cause dans un scandale de corruption.

"Nous allons éradiquer Twitter", avait alors annoncé M. Erdogan.

Saisie par trois internautes, la plus haute juridiction turque a jugé mercredi à l'unanimité que le blocage de Twitter constituait une violation du droit constitutionnel à la liberté d'expression et ordonné son déblocage immédiat.

Une semaine plus tôt, un tribunal administratif d'Ankara avait déjà rendu un jugement identique, jamais suivi d'effet.

Même si l'arrêt de la Cour constitutionnelle était aussitôt exécutoire, le gouvernement turc a traîné les pieds et attendu vingt-quatre heures avant d'obtempérer.

Un député du parti au pouvoir, Mustafa Sentop, a ainsi indiqué que le autorités allaient "évaluer" la décision, suscitant une nouvelle rafale de critiques.

"La décision s'impose à tous, même au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qu n'applique pas la loi", s'est indigné un député du Parti républicain du peuple (CHP), Sezgin Tanrikulu, en menaçant de saisir la justice.

Le président Abdullah Gül, qui avait exprimé son opposition à l'interdiction, a lui aussi réclamé l'exécution immédiate de la décision de la Cour. "L'interdiction de Twitter et de YouTube doit être levée", a déclaré le chef de l'Etat à la presse.

A l'étranger également, le département d'Etat américain ou le commissaire européen Stefan Füle ont pressé jeudi Ankara d'appliquer rapidement l'arrêt de la Cour.

Non content d'avoir bloqué Twitter, M. Erdogan a également bloqué le 27 mars la plateforme d'échanges de vidéo YouTube, après la diffusion de l'enregistrement d'une réunion confidentielle évoquant une éventuelle intervention militaire turque en Syrie à trois jours des élections municipales du 30 mars.

Le Premier ministre accuse ses anciens alliés de l'organisation dirigée par l'imam turc Fethullah Gülen, qui vit aux États-Unis, d'être à l'origine de ses fuites dans le cadre d'une "conspiration" destinée à lui nuire.

Malgré les accusations de corruption qui pèsent sur lui, son parti a très largement remporté les élections municipales de dimanche, ouvrant à M. Erdogan les portes de la présidentielle d'août prochain.

fo-pa/plh

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