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Inde: la confiance dans la dynastie Gandhi vacille dans le bastion familial

Inde: la confiance dans la dynastie Gandhi vacille dans le bastion familial

Arun Singh est instituteur et assure qu'il votera encore pour Rahul Gandhi, héritier de la dynastie Gandhi-Nehru, lors des législatives qui débutent lundi en Inde mais cette fois plus par loyauté que par conviction.

"Les routes sont mauvaises, l'eau est rare et l'électricité occasionnelle, rien n'a vraiment beaucoup changé depuis dix ans", déclare l'instituteur qui vit dans la circonscription tenue par les Gandhi.

"Et malgré ça, tout le monde, moi inclus, votera pour la famille Gandhi mais pas particulièrement à cause de Rahul".

Depuis 30 ans les habitants d'Amethi, une région pauvre de culture de blé parsemée de hameaux située à 600 km à l'est de New Delhi, élisent au parlement les différents membres de la plus célèbre dynastie indienne.

Rahul Gandhi, chef de la campagne du parti du Congrès pour les législatives qui commencent lundi, a suivi les pas de son oncle, de sa mère et de son père, gagnant la circonscription en 2004 et 2009.

Mais même dans les zones les plus favorables aux Gandhi de cette circonscription de l'Etat de l'Uttar Pradesh, les doutes soulevés dans la capitale sur la charisme de Rahul, 43 ans, ont un écho.

Beaucoup reprochent à ce célibataire aux manières calmes d'être inaccessible et de peu visiter sa circonscription. D'autres se demandent ce qu'il a fait pour ce territoire de 1,2 million de personnes qu'il représente depuis dix ans.

Plusieurs sondages prédisent une défaite cinglante pour le parti du Congrès, ce qui met sous pression Rahul, vice-président du parti et candidat officieux au poste de Premier ministre.

Peu d'observateurs prédisent cependant la fin de la carrière politique de la famille Gandhi qui s'est déjà relevée à plusieurs reprises de cuisantes défaites mais l'alerte a déjà sonné.

Lors d'élections régionales en 2012, le Congrès a perdu trois des cinq sièges d'Amethi et les cinq de la région voisine de Rae Bareli, représentée par Sonia, mère de Rahul et présidente du parti depuis 1998.

En quête d'un troisième mandat, Rahul va devoir affronter un représentant du nouveau parti anti-corruption indien, qui parcourt Amethi dans un camion jaune équipé de haut-parleurs.

"Je suis contre le règne d'une dynastie", déclare à l'AFP le candidat du parti Aam Aadmi (le parti de l'homme commun) Kumar Vishwas, poète renommé.

"Je suis contre le fait d'imposer un homme qui n'a rien fait pour sa circonscription ou pour son pays".

Le directeur de la campagne de Rahul Gandhi se dit pourtant confiant dans la victoire de celui-ci.

"La famille Gandhi a un lien avec cette circonscription depuis 40 ans", dit Chandrakant Dubey. "Ce lien est très fort et la population d'Amethi le sait".

Les dynasties familiales règnent dans de nombreux domaines en Inde, depuis le cinéma jusqu'aux affaires et à la politique mais Rahul s'est placé dans une position difficile en critiquant ce fait tout en l'incarnant.

En janvier, il a déclaré être "absolument opposé au concept de dynastie" tout en déclarant que "le pouvoir est un instrument qui peut être utilisé pour certaines choses".

Même si le poids du nom de Gandhi semble parfois peser sur ses épaules, peu de dirigeants du parti du Congrès envisagent un avenir sans la dynastie Gandhi-Nehru.

Jawaharlal Nehru fut le premier Premier ministre indien, sa fille Indira a dirigé l'Inde pendant quatre mandats avant que son fils Rajiv, le père de Rahul, ne lui succède. Tant Indira que Rajiv ont été assassinés. Aucun d'eux n'a de lien avec Mohandas Gandhi, le héros de l'indépendance considéré comme le père de la nation.

Seul parti national laïc offrant une telle diversité idéologique, le Congrès a besoin des Gandhi comme figure de proue, estime Shashi Tharoor, ministre du dernier gouvernement ayant écrit sur la dynastie.

"Le Congrès est une organisation si vaste qu'elle a besoin d'une figure dirigeante forte derrière laquelle tout le monde peut faire cause commune", déclare-t-il à l'AFP.

"Rahul Gandhi permet d'apparaître comme un homme de rassemblement", ajoute-t-il.

Il n'apparaît cependant pas encore aguerri au combat politique.

Homme au caractère solitaire, il a décliné plusieurs propositions d'entrée au gouvernement depuis 10 ans que le Congrès est au pouvoir. Il tient la presse à distance et prend rarement la parole au parlement.

Pour certains, une défaite du Congrès permettrait à Rahul Gandhi de faire le ménage parmi la vieille garde.

Mais même à Amethi certains comme Durgesh Tiwari, étudiant de 20 ans, se demandent pourquoi il mériterait d'obtenir le pouvoir "servi sur un plateau d'argent".

"Il aurait dû au moins prendre la direction d'un Etat ou devenir ministre pour montrer ce qu'il peut faire mais il ne l'a pas fait", regrette-t-il. "Il a reçu un soutien sur mesure à cause de son nom. C'est trop facile".

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