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En Inde, trois femmes pourraient faire basculer le scrutin

En Inde, trois femmes pourraient faire basculer le scrutin

Trois femmes au caractère bien trempé dirigeant de puissants partis régionaux, dont une ancienne actrice surnommée "Mère", pourraient tenir entre leurs mains le pouvoir de faire ou défaire le prochain gouvernement indien.

Plus connues pour leur charisme que pour leur action politique, Jayalalithaa Jayaram, Mamata Banerjee et Mayawati joueront probablement un rôle crucial quand viendra l'heure de composer une coalition gouvernementale à l'issue des élections législatives qui débutent lundi.

Le dirigeant nationaliste hindou Narendra Modi, donné gagnant par les sondages, ne devrait pas disposer de majorité absolue et devra former une alliance avec les partis régionaux, selon les analystes. Aucun parti n'a obtenu de majorité absolue au parlement indien depuis 30 ans.

Au coeur de ces probables négociations figurera certainement Jayalalithaa, la chef de l'exécutif de l'Etat du Tamil Nadu (sud) qui a récemment déclaré qu'il était temps que le pouvoir change à New Delhi, une esquisse de soutien en faveur de Modi.

"Le gouvernement du Congrès - ces voleurs - doit être renversé", a-t-elle lancé à ses milliers de partisans rassemblées à Pondichéry sur fond d'immenses portraits à sa gloire.

Sur scène une sosie de Jayalalithaa, en plus jeune, entonne des refrains célébrant la dirigeante politique, surnommée "Amma" (Mère). Ainsi chante-t-elle "l'Inde va devenir une nouvelle nation, l'Inde peut tout faire avec elle".

Dans le Tamil Nadu, cinéma et politique font bon ménage de longue date et l'AIADMK (All India Anna Dravida Munnetra Kazhagam) de Jayalalithaa a été fondé par un acteur en 1972, M.G. Ramachandran.

L'ancienne actrice a repris le flambeau après la mort de ce dernier en 1987 et s'est gagné les faveurs des électeurs du Tamil Nadu à trois reprises à coups de mesures parfois populistes qui lui ont valu des accusations de corruption.

Elle a récemment mis en place un programme de repas à trois roupies (5 centimes d'euros) et promis de nouvelles aides si les électeurs lui apportent leur soutien. Son parti pourrait emporter jusqu'à 30 sièges de députés.

"Elles nous a donné des ordinateurs, des vélos", raconte un étudiant de 18 ans, Janaki, à l'AFP, lors du meeting de Pondicherry.

"Elle fait ce qu'elle promet, aussi les gens votent pour elle".

Lors d'une perquisition, la police a découvert chez elle 10.000 saris et 750 paires de chaussures en 1997 et elle est accusée d'enrichissement illégal dans le cadre d'une affaire toujours en cours.

Mais les ministres ne manquent pas de la saluer lors de leur passage dans le Tamil Nadu, l'un des Etats les plus prospères du pays.

"Un rideau de fer empêche de savoir comment elle dirige. Personne ne sait comment ni avec qui elle gouverne", déclare G.C. Shekhar, journaliste qui a couvert l'actualité de l'Etat pendant trois décennies.

Dans le nord-est de l'Inde, une autre femme, Banerjee, tient fermement les commandes de l'Etat du Bengale-occidental, avec son parti le Trinamool Congress.

Le retrait de son soutien au gouvernement indien en 2012 a fait chanceler l'exécutif et les analystes disent ne pas savoir quel camp Banerjee soutiendra à l'issue des prochaines élections. Son parti est crédité dans les sondages de près d'une trentaines de sièges sur 42 en jeu.

Si Jayalalithaa tient sa popularité de son passé d'actrice, Banerjee, surnommée Didi ("Grande soeur"), conquiert les électeurs par son style populaire.

Elle "est populaire car elle a un style de vie ordinaire et une capacité à entrer en contact avec tout un chacun dans un langage familier", dit l'analyste politique Sabyasachi Basu Ray Chaudhury à l'AFP.

Quant à Mayawati, elle est connue comme la "reine de dalits" grâce à son combat en faveur des "intouchables".

Mayawati, dont le parti Bahujan Samaj Party (BSP) tient 21 sièges de la chambre des députés, estime que l'Inde sera "ruinée" si Modi accède au pouvoir.

Elle a pourtant conclu par le passé une alliance avec le BJP de Modi qui lui a permis d'être chef de l'exécutif de l'Uttar Pradesh, le plus grand Etat indien.

Pour N. Sathiya Moorthy, analyste à l'Observer Research Foundation, ces trois femmes ont de nombreux points communs: "Leur image, leur attitude de combattante, leur charisme et dans une certaine mesure leur compétence de dirigeante les placent en bonne situation pour les élections".

Pour cela, elles seront incontournables quand il s'agira pour le vainqueur des élections de gagner la confiance de plusieurs dizaines de députés afin d'atteindre la majorité des 543 membres de la chambre basse.

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