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Bruxelles continue à se méfier de Budapest mais fait le dos rond

Bruxelles continue à se méfier de Budapest mais fait le dos rond

La crise entre l'Union européenne et la Hongrie de Viktor Orban s'est apaisée mais la méfiance, réciproque, est toujours présente et continue de plomber les relations entre Bruxelles et Budapest.

La Hongrie fait actuellement l'objet de 21 procédures d'infraction, mais cette situation est loin d'être exceptionnelle -- tous les pays de l'UE sont concernés -- et la plupart de ces procédures ne se rapportent qu'à des infractions mineures.

Le rapport très sévère adopté en juillet dernier par le Parlement européen pour dénoncer les atteintes à la démocratie en Hongrie n'a débouché sur rien de concret.

Souvent montré du doigt, notamment par la commissaire chargée de la Justice, Viviane Reding, la Hongrie n'a fait l'objet d'aucune véritable sanction. Un temps évoqué, notamment au Parlement européen, la question d'une suspension du droit de vote de la Hongrie au Conseil européen -- procédure qualifiée parfois "d'arme atomique" et jamais utilisée dans l'histoire de l'Union -- a été reléguée aux oubliettes.

Dans un entretien accordé fin mai au quotidien autrichien Der Standard, Mme Reding -- qui appartient à la même famille politique des conservateurs européens que M. Orban -- ne cachait pas son irritation envers Budapest. Elle s'offusquait des fréquents changements introduits dans la Constitution hongroise, grâce à la majorité des deux tiers dont dispose M. Orban. "Une Constitution n'est pas un jouet", soulignait-elle.

Mais "les moyens d'action de la Commission sont limités", affirme une source européenne. Malgré une rhétorique souvent très anti-européenne, M. Orban a toujours su où ne pas aller trop loin.

La Hongrie tire profit de son appartenance à l'UE. Budapest devrait percevoir environ 20,5 milliards d'euros durant la période 2014-2020. Cette manne devrait financer 98% des investissements publics locaux. Les fonds européens sont notamment indispensables pour le développement du réseau routier et ferroviaire.

Dans ces conditions, il serait quasiment suicidaire de quitter l'Union. Inquiète de la procédure de sélection des entreprises dans les appels d'offres concernant les infrastructures, la Commission avait suspendu pour quelques semaines, en 2013, les fonds européens. Les autorités hongroises avaient protesté avant de revenir dans les clous et permettre ainsi le déblocage des fonds.

La procédure pour déficit excessif qui visait la Hongrie depuis son adhésion à l'UE en 2004, a été levée en mai 2013. Même si Bruxelles a assorti sa décision de nombreuses réserves, le gouvernement de M. Orban a présenté cette décision comme une légitimation de sa politique économique.

La crise en Ukraine a rappelé également que Budapest avait un rôle essentiel pour la politique de voisinage de l'UE. La Hongrie fait figure de pilote du groupe de Visegrad (V4) au sein de l'Union européenne. Fondé en 1991 et rassemblant, outre la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie, le V4, qui a annoncé l'an dernier la création d'un "battle group" commun aux quatre Etats pour 2016, a été en pointe au sein de l'UE pour affirmer sa solidarité à l'égard de l'Ukraine.

Mais le V4 fait également entendre sa voix dans le secteur de l'énergie et du climat. Les quatre pays bloquent régulièrement les discussions sur l'adoption d'objectifs climatiques ambitieux. Le groupe de Visegrad milite pour un objectif d'émissions de gaz à effet de serre "réaliste", sans objectif chiffré de part des renouvelables dans le mix énergétique. Au sein du groupe, la Hongrie milite notamment pour les réacteurs nucléaires de 4e génération.

La Hongrie est par ailleurs en pointe sur les questions d'élargissement. Elle milite pour l'adhésion de la Serbie, avec qui elle partage une frontière commune, et est favorable à l'entrée de la Turquie de l'UE.

aje/jlb/jh

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