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Athènes va revenir sur les marchés, un message économique et politique

Athènes va revenir sur les marchés, un message économique et politique

Au bord de la faillite il y a deux ans, la Grèce cherche à faire, avant l'été, son retour sur les marchés d'emprunts à long terme dont elle est absente depuis 2010 : une volonté politique de peaufiner l'image de "normalisation" du pays malgré des fondamentaux économiques encore fragiles.

Athènes, sous perfusion financière depuis quatre ans, avait annoncé dès fin 2013 son intention de tester l'appétit des investisseurs pour des emprunts d'Etat qui, récemment, étaient un repoussoir tant le risque semblait grand que le pays n'honore pas ses dettes.

Le ministre des Finances Yannis Stournaras a fait un pas supplémentaire mardi lors d'une réunion avec ses collègues de la zone euro, mentionnant le projet du gouvernement "d'émettre de petites obligations" sur trois ou cinq ans "au cours du premier semestre". Donc avant fin juin.

"Le risque pour le marché est désormais faible, il faut bien que la Grèce se lance à un moment, et celui-ci n'est pas mauvais", estime l'économiste Nikos Vettas, directeur du think-thank patronal IOVE.

Après une purge économique, le gouvernement de coalition conservateurs-socialistes d'Antonis Samaras peut se prévaloir pour la première fois depuis longtemps d'un excédent budgétaire primaire (hors charge de la dette), à confirmer par Eurostat fin avril. Une croissance timide (+0,6%) est espérée pour 2014.

Alors qu'ils s'étaient envolés à plus de 18% durant la crise, les taux à dix ans affichaient mercredi 6,43%, leur niveau le plus bas depuis avril 2010, dans un mouvement continu de repli.

L'UE emprunte actuellement à un taux de 1,60% sur dix ans et 0,65% sur cinq ans.

"Les marchés sont en train de dire que c'est possible, on n'est pas loin pour la Grèce des taux auxquels ont emprunté les autres pays +périphériques+", comme le Portugal, note Giovanni Zanni, analyste chez Crédit Suisse.

La venue probable de la Chancelière allemande Angela Merkel à Athènes, vendredi prochain, s'inscrit parfaitement dans cette opération séduction.

Athènes lorgne sur la trajectoire portugaise dont les émissions de dette à dix ans ont été plébiscitées par les investisseurs avec des taux de 5,669% en mai 2013 puis 5,1% en février.

"Les données ne sont cependant pas les mêmes", souligne Jesus Castillo, économiste chez Natixis, pointant les besoins de financement plus importants de la Grèce pour 2014 et 2015, une récession toujours bien installée (-3,9% en 2013) et surtout un niveau de dette à 175% du PIB, toujours abyssal.

"Le pays va emprunter à des taux beaucoup plus élevés que ceux dont il peut bénéficier auprès de la troïka, alors qu'il n'est pas solvable. D'un point de vue économique ça ne paraît pas raisonnable", poursuit M. Castillo tout en reconnaissant un intérêt d'un point de vue "dynamique", "comme préparation à la sortie des plans d'aide".

C'est bien ainsi que l'interprète Gerasimos Sapountzoglou, professeur d'économie bancaire à la faculté d'Athènes: "Une sortie sur les marchés avant l'été aurait valeur de test pour voir où on va".

D'autant que le montant sera raisonnable, "beaucoup moins" que les 4 milliards d'euros évoqués par la presse grecque, selon une source au ministère des Finances.

Même modeste au regard des 240 milliards d'aide UE-FMI reçus depuis 2010, cette somme serait bienvenue pour la Grèce qui cherche à se passer d'un troisième plan d'assistance financière, alors que la zone euro doit encore lui verser 11 milliards pour tenir jusqu'en 2016.

"Une entente entre investisseurs sur un taux modéré pour passer un message politique" positif ne serait pas à exclure selon M. Sapountzoglou. Une Grèce de nouveau apte à se financer sur les marchés offrirait aux Européens l'image d'un pays presque tiré d'affaire.

A condition que "le risque politique" ne dissuade pas les investisseurs : le gouvernement Samaras n'a que deux voix de majorité au gouvernement, tandis que le parti de gauche radicale Syriza, peu ami des marchés, est porté aux nues par de nombreux Grecs mécontents.

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