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Pollard, l'espion devenu icône d'Israël, possible pion dans le processus de paix

Pollard, l'espion devenu icône d'Israël, possible pion dans le processus de paix

Jonathan Pollard, un espion emprisonné aux Etats-Unis dont Israël réclame la grâce, pourrait devenir un pion majeur dans le marchandage qui entoure les efforts du secrétaire d'Etat américain John Kerry pour sauver le processus de paix israélo-palestinien.

Le président américain Barack Obama a toutefois fait savoir mardi qu'il ne s'était pas encore décidé sur le sort de l'agent israélo-américain.

"Le président n'a pris aucune décision concernant la libération de Jonathan Pollard", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney.

Mais selon une source proche du dossier, la libération de M. Pollard est sur la table.

Sous couvert d'anonymat, cette source a précisé à l'AFP qu'un accord comprendrait la libération d'ici deux semaines de Jonathan Pollard, emprisonné aux Etats-Unis depuis 29 ans.

L'espion pourrait être relâché avant la Pâque juive, à la mi-avril, afin de faciliter de nouvelles libérations de prisonniers palestiniens par Israël et la prolongation des négociations israélo-palestiniennes.

Les pourparlers de paix portés à bout de bras par John Kerry apparaissaient mardi au bord de l'effondrement après la décision des Palestiniens de reprendre son processus d'adhésion à plusieurs agences de l'ONU, face à la relance de la colonisation par Israël et au contentieux sur les prisonniers.

En Israël, la coalition gouvernementale se déchire sur la libération de M. Pollard en échange de la libération de 26 prisonniers palestiniens, perçue par la droite nationaliste comme un prix très élevé à payer.

"L'intérêt supérieur de l'Etat d'Israël n'est pas de libérer des assassins, et même Jonathan Pollard le reconnaît", a déclaré le vice-ministre israélien de la Défense Danny Danon, un faucon du Likoud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

M. Pollard, condamné en 1987 à la prison à perpétuité par la justice américaine pour espionnage au profit d'Israël, est devenu une icône de la droite et une grande partie de la société israélienne a embrassé sa cause.

Pour l'opinion publique, le refus obstiné de Washington d'accorder la grâce ou la réduction de peine qu'Israël réclame depuis des années est injustifié de la part de l'allié stratégique américain.

Ancien expert de la marine américaine, âgé aujourd'hui de 59 ans, M. Pollard a transmis à Israël des milliers de documents secrets sur les activités du renseignement américain dans le monde arabe.

Il avait été refoulé de l'ambassade d'Israël à Washington juste avant son arrestation en 1985, mais a obtenu la nationalité israélienne 10 ans plus tard, et a été en 1998 officiellement reconnu par l'Etat hébreu comme un agent israélien.

A l'époque il avait déjà été question d'une libération en échange de l'élargissement de prisonniers palestiniens. Mais l'accord entre M. Netanyahu, qui effectuait alors son premier mandat, et le chef palestinien Yasser Arafat n'avait pas abouti.

Et selon la presse, le directeur de la CIA de l'époque, George Tenet, avait menacé de démissionner en cas de grâce de Pollard.

Ce dossier entache depuis bientôt 20 ans les relations israélo-américaines.

L'arrestation de Jonathan Pollard avait déclenché une crise qui ne s'était résolue qu'avec la promesse des Israéliens de mettre un terme à toutes leurs activités d'espionnage sur le sol américain.

Selon des documents de la CIA déclassifiés en 2012, l'espion, au comportement excentrique et noyé sous les dettes, avait pour mission d'obtenir des informations sur différents programmes nucléaires arabes et pakistanais.

Ses informations auraient aussi aidé Israël à bombarder en 1985 le QG de l'Organisation de Libération de la Palestine, alors exilée en Tunisie, et à assassiner le numéro deux de l'OLP, Abou Jihad, à Tunis en 1988.

En janvier, 106 des 120 députés israéliens ont remis au président Shimon Peres une pétition réclamant la clémence pour Jonathan Pollard: il "a passé 29 ans en prison pour les graves crimes qu'il a commis. Les conditions sont mûres pour sa libération".

Des centaines de milliers d'Israéliens ont également signé via internet des appels en faveur de cette libération.

Divorcé de sa première épouse Ann, qui avait été condamnée à 5 ans de prison pour complicité, M. Pollard est devenu pratiquant en prison et s'est remarié en 1993 avec Esther Zeitz, une juive canadienne engagée dans la campagne pour sa libération.

Son état de santé a récemment fait la une des médias israéliens. Son épouse a annoncé dans une interview qu'il avait été hospitalisé pour de multiples opérations gastriques. Il a depuis regagné sa cellule dans une prison de Caroline du Nord.

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