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Cuba: course d'obstacles pour les investisseurs étrangers

Cuba: course d'obstacles pour les investisseurs étrangers

La nouvelle loi sur les investissements étrangers à Cuba, présentée comme "cruciale" pour l'économie du pays, affronte plusieurs obstacles de taille, au premier rang desquels l'embargo imposé par Washington depuis un demi-siècle au régime communiste cubain.

"Il existe des obstacles qui freinent et limitent la participation de l'investissement étranger à notre économie", a reconnu devant le parlement le ministre du Commerce extérieur et de l'investissement étranger, Rodrigo Malmierca, promoteur de la loi adoptée samedi.

"Le blocus économique, commercial et financier imposé par le gouvernement américain, la situation de l'endettement extérieur, les erreurs du passé en matière d'investissements et les restrictions entraînées par le manque de devises", a-t-il énuméré.

L'embargo américain, mis en place en 1962, dénoncé quotidiennement par La Havane et condamné chaque année à une immense majorité par l'assemblée générale de l'ONU, est solidement inscrit dans la législation américaine depuis l'adoption des lois Torricelli (1992) et Helms-Burton (1996).

Il interdit aux Américains et aux Cubains résidant aux États-Unis d'investir à Cuba et menace de sanctions les filiales d'entreprises américaines ou les entreprises étrangères implantées aux États-Unis au cas où elles se risqueraient à faire des affaires à Cuba.

Le président américain Barack Obama "détient la possibilité de créer des licences pour permettre, notamment aux Cubano-Américains, d'investir et promouvoir le secteur privé cubain naissant", a toutefois relevé pour l'AFP l'universitaire cubain Arturo Lopez-Levy, de l'université de Denver, aux États-Unis.

Certaines dérogations existent déjà au commerce entre les États-Unis et Cuba, obtenues notamment par le puissant lobby agro-alimentaire américain et certains exilés cubains ont exprimé leur espoir de pouvoir investir à Cuba, notamment dans la production sucrière.

"Le gouvernement américain devrait y penser sérieusement, car Cuba est un marché que certains Américains sont très désireux de reconquérir", a renchéri Esteban Morales, de l'université de La Havane.

Le service de la dette, évoqué par Rodrigo Malmierca, reste lourd pour le budget cubain. Le dernier chiffre officiel fait état d'une dette extérieure de 13,575 milliards de dollars en 2010.

Depuis, l'État cubain est parvenu à annuler une partie de sa dette avec la Russie, le Japon et le Mexique.

Si le ministre du Commerce extérieur n'a pas détaillé les "erreurs du passé" qu'il a évoquées, Arturo Lopez-Levy rappelle que l'ancienne loi sur les investissements de 1995 présentait "plusieurs goulots d'étranglement".

"La loi de 1995 n'a jamais été appliquée dans toute son ampleur à cause de l'immobilisme d'une partie de l'administration et de plusieurs goulots d'étranglement", a-t-il commenté pour l'AFP.

Un de ces blocages consistait notamment à autoriser l'activité d'entreprises à capital à 100% étranger. Malgré cette possibilité, de nouveau offerte par la nouvelle loi, toutes les entreprises étrangères exerçant à Cuba le font à travers des coentreprises où l'État cubain est majoritaire.

A ces problèmes externes, l'État cubain a ajouté un autre obstacle, celui de l'embauche des personnels. Comme par le passé, les entreprises étrangères devront recourir à une agence d'emploi d'État, sans pouvoir gérer directement son personnel.

"Cette mesure aurait dû être éliminée, selon Esteban Morales, car elle va à l'encontre des droits des travailleurs et à l'encontre de la productivité et de la saine gestion d'entreprise".

Enfin, Arturo Lopez-Levy regrette que la nouvelle loi n'ait pas pris en considération les investissements via les "remesas", les envois d'argent de l'étranger qui, avec 2,6 milliards de dollars par an, constituent la deuxième source de revenus en devises de Cuba, à égalité avec le tourisme.

Le secteur privé naissant, qui regroupe aujourd'hui plus de 450.000 personnes (contre plus de 4 millions dans le secteur public), a largement bénéficié de ces "remesas", hors de tout cadre législatif précis.

"Toutes ces affaires devraient recevoir des avantages et des promotions, notamment en matière fiscale, en raison de leur impact social positif", estime Arturo Lopez-Levy.

Cet encadrement des "remesas" est "une réforme économique simple qui est repoussée de manière incompréhensible, il s'agit seulement de définir un champ légal à l'association en affaires entre Cubains de l'île et de la diaspora", regrette-t-il.

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