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Les recherches en mer du MH370, un défi à l'issue incertaine

Les recherches en mer du MH370, un défi à l'issue incertaine

Retrouver les boîtes noires du Boeing 777 de la Malaysia Airlines représente un véritable défi à l'issue incertaine même si les enquêteurs peuvent compter sur une panoplie de matériels sophistiqués pour sonder l'océan Indien.

Lundi, 17 jours après la disparition du vol MH370, le Premier ministre malaisien a annoncé que l'appareil s'était abîmé au large des côtes occidentales de l'Australie, ôtant définitivement l'espoir de retrouver des survivants parmi les 239 personnes à bord de l'appareil.

Une course contre la montre est désormais lancée pour tenter de capter les signaux de la balise des enregistreurs de vols, dits boîtes noires. En théorie, celle-ci peut émettre une dizaine de jours encore.

Un avion commercial est doté de deux boîtes noires: le DFDR (Digital flight Data Recorder), qui enregistre tous les paramètres de vol (vitesse, altitude, etc.) et le CVR (Cockpit Voice Recorder), l'enregistreur de vol phonique, comprenant les conversations ainsi que les sons et annonces entendus dans la cabine de pilotage.

Avant même l'officialisation de l'accident, la marine américaine a annoncé avoir dépêché un système de localisation de boîtes noires. Ce détecteur a quitté New York par voie aérienne lundi pour Perth où l'équipement sera "prépositionné", selon un responsable américain de la Défense.

Le "système de localisation remorqué" est un engin triangulaire de 35 kilos attaché au bout d'un câble remorqué par un navire. Les hydrophones qu'il contient peuvent détecter les signaux d'un boîte noire jusqu'à 6.000 mètres de profondeur.

"Capter un signal émanant de la balise me semble tenir de la chance", estime néanmoins l'ancien responsable du groupe des opérations de recherches en mer du vol AF447 qui s'était abîmé dans l'Atlantique en 2009.

Car cette balise, fabriquée par Honeywell, émet un signal pendant 30 jours consécutifs à partir de son immersion dans l'eau, selon les informations communiquées par une porte-parole de la compagnie, avec une portée de détection moyenne de 2 à 3 km.

L'ancien enquêteur, qui souhaite garder l'anonymat, rappelle en outre que dans le cas du Rio-Paris, les balises n'avaient pas été entendues. Il s'était avéré par la suite que l'une n'était pas fonctionnelle et que l'autre avait été arrachée lors de l'impact et n'avait pas pu être retrouvée.

"Sur cette piste-là, je suis donc plutôt pessimiste", dit-il, soulignant que dans l'immédiat, l'autre priorité est de géo-référencer, c'est-à-dire décrire, photographier, référencer, dater, tous les morceaux qui sont repêchés.

"Ensuite, il faut idéalement que des bouées dérivantes soient larguées", explique-t-il. Traquées par satellite, elles permettent d'avoir une idée des courants dans la zone et valider les modèles mathématiques. "Mais, souligne-t-il, les 16 jours de dérive et les incertitudes associées à ces modèles vont contribuer à rendre la zone des recherches très vaste".

Sans détection de balise, l'étape suivante consistera à envoyer des sonars à balayage latéral avec comme préalable de disposer d'une topographie des fonds suffisamment fine "pour pouvoir rechercher ensuite des anomalies sur le relief sous-marin".

Tous les experts interrogés par l'AFP estiment que ces opérations pourraient durer très longtemps, "des mois voire plus". Dans le cas du Rio-Paris, il avait fallu 23 mois pour localiser l'épave et sa zone de débris à 3.900 mètres de profondeur.

Selon lui, la stratégie des recherches reste "primordiale".

Une opinion partagée par le BEA lui-même. "Une phase sous-marine pour tenter de localiser l'avion du vol MH 370 ne pourra être lancée que si les actions en cours permettent de définir une zone de recherches plus restreinte que les zones de recherche actuelles", a-t-il mis en garde lundi.

Une fois la zone délimitée, si celle-ci s'avère plate et sédimentaire, les enquêteurs pourront utiliser "des sonars tractés et avoir un bon rendement de couverture". Dans le cas d'une zone accidentée, ils pourront faire appel aux Remus, ces drones sous-marins utilisés pour le Rio-Paris.

Quant aux ROV (remote operating vehicules), ils pourront être utilisés dans une phase ultime pour lever les doutes sur les anomalies topographiques grâce à leurs caméras haute définition.

"Ces robots téléguidés, avec un câble les reliant à la surface, avancent lentement et ont donc un rendement de couverture plus faible", prévient néanmoins l'ancien enquêteur du BEA. "Là encore, il faut un positionnement très précis pour les déployer à grandes profondeurs".

Et si les boîtes noires étaient retrouvées, rien ne garantit qu'elles seront exploitables.

Les autorités malaisiennes ont évoqué un acte délibéré pour faire disparaître l'avion des radars des contrôleurs aériens. La grande interrogation est de savoir si le CVR n'aura pas été lui-même rendu inutilisable. Pour cela, "il suffit de tirer sur le +breaker+ (disjoncteur) qui se trouve dans le poste de pilotage et qui sert à l'isoler électriquement", explique un expert aéronautique.

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