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Manifestation à Kiev pour défendre l'unité de l'Ukraine

Manifestation à Kiev pour défendre l'unité de l'Ukraine

Les sympathisants du Maïdan, haut lieu de la contestation à Kiev, doivent tenir un rassemblement pour l'unité de l'Ukraine dimanche face à l'agitation séparatiste dans l'Est et la chute des dernières bases ukrainiennes en Crimée aux mains des Russes.

Les deux questions sont intimement liées, comme l'a montré un "appel au peuple ukrainien" du Premier ministre de la Crimée, désormais rattachée à la Russie, à méditer l'exemple de la péninsule qui "après le rattachement à notre grande patrie, la Russie, ne risque plus de goûter à tous les +charmes+ du fameux +choix européen+".

Publié sur sa page Facebook et cité brièvement samedi par les médias ukrainiens, l'appel de Sergueï Axionov, diffusé également en vidéo, met en garde les Ukrainiens contre le volet économique, à venir dans quelques mois, de l'accord d'association signé avec l'UE vendredi dernier.

Il dresse une image apocalyptique des conséquences: "impôts d'un montant injustifiablement élevé, hausse des prix, inflation et montée du chômage, l'âge de la retraite porté au delà de l'espérance moyenne de vie".

"Je n'ai pas le droit de vous appeler à vous séparer de l'Ukraine!", poursuit M. Axionov. "Mais je vous appellerai à défendre votre droit à une vie digne. (...) Je vous appelle à vous opposer au choix fait à votre place par une poignée d'aventuriers politiques financés par les oligarques-compradores (...) à défendre vos droits et intérêts dont la réalisation, j'en suis profondément convaincu, passe par une alliance étroite avec la Fédération de Russie, alliance politique, économique et culturelle".

Ces déclarations risquent d'être entendues par une partie des habitants de l'est de l'Ukraine. Samedi, quelque 4.000 personnes ont manifesté à Donetsk, brandissant des drapeaux russes et demandant le retour de Viktor Ianoukovitch, l'enfant du pays.

Le même jour, des soldats d'élite russes tirant en l'air appuyés par des véhicules blindés ont pris encore une base ukrainienne en Crimée, illustrant une nouvelle fois la détermination de Moscou face aux sanctions et efforts diplomatiques de l'Occident.

Cette démonstration de force a été la plus spectaculaire depuis l'arrivée des troupes russes en Crimée il y a trois semaines et le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie mardi.

Elle a coïncidé avec les accusations de l'Allemagne, partenaire économique important de la Russie, qui lui a reproché de "scinder l'Europe", par la voix de son ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, en visite à Kiev.

Son homologue russe Sergueï Lavrov peut s'attendre à une nouvelle volée de bois vert quand il rencontrera le secrétaire d'Etat John Kerry en début de semaine prochaine.

Leur entretien, axé sur l'Ukraine, est prévu en marge du sommet de La Haye, convoqué par le président Barack Obama et qui se déroulera lundi et mardi. Il pourrait priver la Russie de sa place au sein du G8, sanction qui s'ajouterait à celles visant des proches du président Vladimir Poutine.

Mais sur le terrain, en Crimée, les forces russes sont maîtres du jeu.

A Belbek, près de Sébastopol, des troupes d'élite russes et des milices pro-russes ont pris le contrôle d'une base aérienne, les soldats pointant leurs armes sur les militaires ukrainiens.

Certains de ces derniers ont alors entonné l'hymne ukrainien et crié : "Gloire à l'Ukraine !"

La situation s'est ensuite calmée, mais les assaillants se sont montrés hostiles envers la presse et ont contraint une journaliste de l'AFP à leur remettre les cartes mémoires contenant les images vidéos de l'assaut.

Les soldats ukrainiens sont d'abord restés bloqués à l'intérieur avant d'évacuer la base, selon le ministère ukrainien de la Défense, qui a fait état de deux blessés, un journaliste et un soldat ukrainien.

Une autre base ukrainienne a été envahie samedi à Novofedorivka, dans l'ouest de la péninsule, par quelque 200 hommes ne portant pas d'armes et criant "Russie ! Russie !" Des militaires ukrainiens se sont barricadés à l'intérieur des bâtiments et ont lancé des fumigènes sur les intrus à partir des toits. Un officier russe est allé ensuite négocier avec eux leur évacuation.

Par ailleurs un groupe d'hommes armés s'est emparé du navire de commandement ukrainien Slavoutitch, à l'ancre à Sébastopol, selon le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense en Crimée.

Ces derniers jours, plusieurs autres bases et navires ukrainiens ainsi que le seul sous-marin ukrainien en Crimée ont subi le même sort, les militaires ukrainiens cédant sans combattre devant les forces russes et pro-russes.

Face à cette série d'humiliations, le gouvernement de Kiev a reçu samedi le soutien de deux alliés de premier plan, l'Allemagne et le Canada.

Le chef de la diplomatie allemande a décrit le rattachement de la Crimée à la Russie comme une "tentative de scinder l'Europe", inacceptable.

Lors de son entretien avec le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, M. Steinmeier a évoqué une aide technique de l'Allemagne aux forces armées ukrainiennes, selon le chef du gouvernement.

Les deux hommes ont abordé aussi de possibles livraisons de gaz par l'Europe de l'Ouest à l'Ukraine, pour garantir la sécurité énergétique de ce pays.

Le Premier ministre canadien Stephen Harper, dont le pays abrite un million de personnes d'origine ukrainienne, a exprimé son soutien aux nouvelles autorités de Kiev et mis en garde contre l'impact que l'affaire de Crimée risquait d'avoir sur la course aux armements.

bur-via/neo/pt

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