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La Grande guerre sur grand écran: une rétrospective unique à la Cinémathèque française

La Grande guerre sur grand écran: une rétrospective unique à la Cinémathèque française

De "La grande parade" aux "Sentiers de la gloire", du "Diable au corps, à "Cheval de guerre": la Cinémathèque française, à Paris, consacre une rétrospective unique à la Grande guerre entre classiques et découvertes, oeuvres patriotiques, réalistes ou transgressives.

Du 26 mars au 5 mai, une soixantaine de longs métrages des années 1920 à nos jours, dont beaucoup en version restaurée, sont programmés dans le cadre du centenaire de la Première guerre mondiale. Les provenances sont multiples: France, États-Unis, Grande-Bretagne, Italie, Allemagne ou Russie.

Il s'agit de "mémoires au pluriel car après les films patriotiques, il y a eu dans les années 20 un consensus sur des films plus réalistes, tandis qu'à partir de 1933 émergent des films nationalistes voire bellicistes comme en Allemagne avec le nazisme qui revisite même l'Histoire", en référence à "Morgenrot" de Gustav Ucicki, explique à l'AFP Laurent Véray, programmateur de la rétrospective et historien du cinéma.

Dans les années 50, poursuit-il, les mémoires peuvent être "décalées avec des films qui parlent d'autres événements comme +Les sentiers de la gloire+ de Stanley Kubrick (1957, ndlr) qui évoque à travers ce film la guerre de Corée". Ou "Johnny got his gun" en 1971, de Dalton Trumbo, en pleine guerre du Vietnam, etc..

Guerre de l'horreur, souvent perçue comme "une aberration et comme la première guerre moderne" pour Laurent Véray, sa représentation sur le grand écran a donc évolué selon les époques et les pays.

Les Américains vont "+spectaculariser+ la guerre en embauchant des milliers de figurants, en tournant avec plusieurs caméras", poursuit-il en citant "La grande parade" de King Vidor (1925) ou "Wings" de William Wellman (1929), glorifiant les aviateurs.

Suivront des films "plus réalistes comme on n'avait pas pu montrer avant la Grande guerre, avec des acteurs revenus du front ou des récits d'anciens combattants", poursuit-il en évoquant "Verdun, visions d'histoire" de Léon Poirier (1928) ou "Quatre de l'infanterie" de Georg Wilhelm Pabst (1930). "On est aussi dans une logique plus pacifiste", souligne Laurent Véray.

"Puis la Seconde guerre occultera la première et il faudra attendre le milieu des années 50 pour avoir une interprétation plus transgressive et plus antimilitariste" du conflit.

Le film de Kubrick, qui aborde le cas des fusillés pour l'exemple, "sera également perçu à l'époque par le gouvernement français comme une attaque frontale de son armée". Le long métrage restera invisible en France jusqu'en 1975.

Depuis les années 1990, de nouveaux films sont apparus, trouvant leur origine dans ce que Laurent Véray appelle "les angoisses mémorielles": les anciens combattants ont disparu les uns après les autres, les blocs se sont disloqués et la guerre a fait son retour en Europe. Sans parler des effets de la mondialisation économique et des déceptions sur la difficile construction européenne.

Les oeuvres françaises "La chambre des officiers", "Un long dimanche de fiançailles" ou "Fragments d'Antonin" s'intéressent aux conséquences de la guerre, ses traumatismes individuels et collectifs.

La rétrospective permettra de voir quelques films rares comme ce film allemand "Niemandsland" de Victor Trivas de 1931 "qui a, lui, contrairement à +Morgenrot+, une vision pacifiste" souligne Laurent Véray. Mais aussi ce film russe "Les marchands de la gloire" de Leonid Obolenski (1929) ou des oeuvres françaises moins connues comme "Le déserteur" de 1939, "très intéressant alors que la Seconde guerre mondiale arrive".

Parmi les documentaires présentés figurent "14-18" de Jean Aurel préparé pour le cinquantenaire de la Grande guerre, ou "Oh! Uomo" de Angela Ricci Lucchi et Yervant Gianikian en 2003 qui montre les horreurs de la guerre sur les corps: mutilations, gueules cassées, aveugles.

En octobre-novembre, la Cinémathèque proposera un deuxième volet commémoratif via "Le cinéma de la Grande guerre", une exploration de l'ensemble de la production allant de 1913 à 1919, tous sujets confondus.

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