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Funérailles émouvantes du journaliste de l'AFP Sardar Ahmad, tué par les talibans

Funérailles émouvantes du journaliste de l'AFP Sardar Ahmad, tué par les talibans

Des centaines de personnes ont rendu dimanche à Kaboul un hommage poignant à Sardar Ahmad, journaliste afghan de l'Agence France-Presse, tué avec sa femme et deux de ses enfants par un commando taliban.

La famille et des proches en pleurs se sont réunis dans la résidence familiale pour prier devant les cercueils, avant les funérailles à la mosquée Eid Gah, l'une des plus grandes de la ville.

Les autorités avaient bloqué la circulation sur des artères de Kaboul pour la procession funèbre. De grands portraits ornés de fleurs ont accompagné les cercueils dont ceux de Sardar et de son épouse Homaira étaient recouverts du drapeau afghan.

Les dépouilles du couple, de leur fille Nilofar et de leur fils Omar ont ensuite été inhumées les unes à côté des autres dans un cimetière en banlieue de la capitale afghane, balayée ce dimanche par de fortes pluies.

Enveloppés dans un linceul blanc, les défunts ont été ensevelis selon le rite musulman, corps positionnés en direction de La Mecque. Leurs tombes ont été refermées avec des pierres, puis recouvertes de terre, et de fleurs.

Sardar était "un homme honnête et loyal", qui, plus que tout, souhaitait que "les Afghans vivent en paix", a déclaré son frère aîné Shah Mohammad, entouré de sa famille, devant une assemblée saisie par l'émotion.

"Il n'y pas de talibans, pas de politique aujourd'hui, il y a juste une profonde tristesse", a dit pour sa part le directeur de l'AFP pour le Pakistan et l'Afghanistan, Emmanuel Duparcq.

"Sardar, ta seconde famille, ta famille française, sera toujours avec toi", a-t-il ajouté au côté de l'ensemble des journalistes et personnels du bureau de l'AFP à Kaboul, dont le grand photographe afghan Shah Marai.

Présente aux funérailles, l'ambassade de France a, elle, fait déposer une couronne de fleurs auprès des tombes.

Reporter depuis une décennie au bureau de l'Agence France-Presse (AFP), Sardar Ahmad a été tué avec sa femme et deux de leurs enfants dans l'attaque jeudi soir de l'hôtel Serena de Kaboul par un commando de jeunes talibans. Le troisième enfant du couple, grièvement blessé dans l'attentat, demeurait dimanche dans un état critique.

Au total, neuf personnes ont péri, dont deux Canadiennes travaillant pour la fondation Agha Khan et un Paraguayen oeuvrant pour l'organisme américain NDI, dans cette équipée sanglante contre l'hôtel le plus luxueux de la capitale afghane.

Sardar Ahmad avait signé des dizaines de reportages sur la vie après les talibans, le boom de l'opium, la situation des enfants, les défis de l'Afghanistan en reconstruction, les élections présidentielles de 2004 et 2009 ainsi que des sujets magazine remarqués, toujours avec le même regard aiguisé, parfois mordant, et plein d'humanité.

En marge de son travail à l'AFP, ce journaliste de 40 ans spécialisé dans les questions de sécurité et connu pour sa précision, sa droiture et ses reportages vivants, avait fondé Pressistan, une agence de presse locale fournissant des services de traducteurs aux journalistes étrangers de passage en Afghanistan.

"Tué dans l'exercice de son métier", "c'était un journaliste passionné et attaché à relater avec finesse et intelligence la complexité de la situation afghane", a déclaré le président français François Hollande dans un message au président de l'AFP, Emmanuel Hoog.

Le secrétaire d'État américain John Kerry a adressé ses condoléances à la famille de Sardar Ahmad, alors que le président afghan Hamid Karzaï a dénoncé la perte d'un "brillant journaliste".

Le chef du bureau de l'AFP à Kaboul, Ben Sheppard, a salué les qualités humaines et professionnelles de son collègue et ami: "malin, informé, chic et débordant d'un enthousiasme rafraîchissant, Sardar était un journaliste cinq étoiles... Un homme qui impressionnait quiconque le rencontrait".

L'attaque, survenue à deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle, le 5 avril, a été revendiquée par les insurgés talibans, mais, dimanche soir, la présidence afghane a affirmé qu'elle avait été "perpétrée par des services secrets étrangers".

Cette accusation semble viser directement le Pakistan voisin, accusé régulièrement par Kaboul de soutenir la rébellion afghane pour défendre ses intérêts stratégiques dans la région, ce qu'Islamabad a toujours nié.

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