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Au Nigeria, les récoltes sont menacées par les violences et la sécheresse

Au Nigeria, les récoltes sont menacées par les violences et la sécheresse

Le Nigeria pourrait être confronté à une crise alimentaire à l'issue de la campagne agricole, selon les commerçants, à cause d'une saison des pluies qui s'annonce plus courte, des violences qui secouent le Nord et d'une demande croissante du Niger.

La production agricole nigériane est concentrée dans le nord et le centre du pays, des régions secouées par l'insurrection islamiste de Boko Haram et par des conflits inter-ethniques. Environ 70% de la population de ce pays, le plus peuplé d'Afrique, travaille dans l'agriculture

Et cette année, selon les météorologistes, la saison humide, qui commence habituellement en mai, devrait débuter un mois plus tard et s'arrêter avant septembre, réduisant les périodes de plantation et de récolte.

"Tous ces facteurs combinés nous amènent à craindre une possible crise alimentaire", estime Ya'u Tumfafi, un commerçant du marché aux céréales de Dawanau, dans la ville de Kano, au nord du Nigeria.

Dawanau est le plus grand marché aux céréales d'Afrique de l'Ouest. C'est là que viennent se fournir le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Mali notamment.

Les marchands de Dawanau sont approvisionnés par les villes et les villages du nord et du centre du pays.

Les inquiétudes qui planent sur la prochaine récolte sont accentuées par les violences perpétrées par le groupe islamiste Boko Haram, qui ont fait plusieurs milliers de morts dans le Nord depuis 2009 et ont poussé des fermiers à abandonner leurs terres.

Selon les Nations Unies au 1er janvier 2014, le nombre de déplacés à Borno, Yobe et Adamawa, s'élevait à 300.000 personnes depuis le début de l'instauration de l'état d'urgence dans ces trois Etats du Nord Est en mai dernier.

Environ 65.000 personnes supplémentaires ont fui les Etats de Borno et d'Adamawa depuis la publication de cette estimation, selon l'agence nigériane de gestion des situations d'urgence (NEMA).

Les habitants des villages les plus reculés, qui vivent de l'agriculture, ont souvent quitté leur exploitation de peur d'autres attaques.

Les responsables de l'agriculture pour l'Etat de Borno sont pessimistes quant à un retour prochain des paysans sur leurs exploitations, et cela va avoir un impact direct sur la récolte de cette année.

L'année dernière, par exemple, 5.000 hectares de champs des blé et de riz ont été laissés à l'abandon dans la région de Marte, près du lac Tchad, dans l'Etat de Borno, suite à la fuite de 19.000 fermiers.

"Nous avons perdu 200 tonnes métriques de blé suite à cet exode", rapporte Abubakar Gabra Iliya, à la tête de l'agence de développement du bassin du lac Tchad.

Selon un rapport de la NEMA datant de 2012, les violences dûes à Boko Haram ont poussé 60% des fermiers à quitter cette région fertile.

Sur les étals du marché de Dawanau, l'offre de sorgho, de sésame, de haricots et de millet --les cultures les plus répandues dans le Nord Est-- a baissé de 35% selon M. Tumfafi.

L'année dernière, des récoltes exceptionnelles de haricots et de sorgho dans le sud de l'Etat de Katsina avaient permis de compenser les pertes.

Mais de nouvelles tensions inter-etniques dans cette région ainsi que dans le Centre risquent d'affecter la récolte cette année.

En parallèle depuis trois ans, la demande de céréales ne cesse d'augmenter au Niger voisin, touché par la sécheresse.

Selon une annonce de Niamey en novembre, environ un million de Nigériens sont touchés par les pénuries à cause de mauvaises récoltes.

Par conséquent, les commerçants à Kano disent être dévalisés par leurs homologues nigériens.

"La demande nigérienne de céréales a sérieusement réduit nos réserves ici, et la perspective inquiétante de mauvaises récoltes cette année va encore venir réduire nos stocks" s'inquiète Aminu Mohammed, du syndicat des commerçants du marché de Dawanau.

L'agence nigériane de météorologie a conseillé aux fermiers d'utiliser des variétés de graines à maturité précoce en vue de la courte période de récolte à venir.

Mais pour Ibrahim Mota, du syndicat des commerçants de Dawanau "même les graines les plus sophistiquées ont besoin de la main de l'homme pour être plantées".

Et "la meilleur garantie, pour une bonne récolte", reste "le retour de la paix dans les régions du Nord déchirées par les violences, pour que les fermiers déplacés rentrent chez eux".

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