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Après le mystère 370, quelle surveillance pour les avions de ligne?

Après le mystère 370, quelle surveillance pour les avions de ligne?

La recherche du vol 370 de la Malaysia Airlines, entrée dans sa troisième semaine sans aucun résultat tangible, pourrait entraîner une profonde refonte des protocoles de sécurité et de surveillance des avions de ligne.

Le fait qu'un Boeing 777 doté de technologies de géolocalisation et de communication ultra-modernes puisse se volatiliser, échappant aux satellites et aux radars, a stupéfié l'opinion publique et scandalisé les familles des passagers.

Il apparaît au minimum que les appareils commerciaux devraient pouvoir être suivis en temps réel en cas de grave avarie ou de situation d'urgence les faisant sortir du champ d'observation des radars conventionnels.

"Il ne fait aucun doute que ce qui s'est passé est l'un des plus grands mystères de l'aviation moderne et qu'il y aura des conséquences sur l'aviation et les compagnies du monde entier", estime Jonathan Galaviz du cabinet de conseil Global Market Advisors.

"On devrait sérieusement examiner les technologies d'enregistrement (de données de vol) dont nous disposons à l'heure actuelle dans les avions, discuter de leur conception et de leur durée de vie", ajoute-t-il à propos des fameuses "boîtes noires".

Les avions commerciaux en possèdent deux: une enregistre seconde par seconde tous les paramètres du vol (DFDR, Digital flight Data Recorder), quand l'autre (CVR, Cockpit Voice Recorder) comprend les conversations, mais aussi tous les sons et annonces entendus dans la cabine de pilotage.

Or, pour exploiter ces données après un accident les enquêteurs doivent d'abord retrouver ces boîtes noires, une tâche relativement aisée lorsque l'avion s'écrase au sol, mais bien plus ardue quand un accident se produit au-dessus de l'océan.

C'est le cas du vol MH370 et des recherches engagées entre l'Australie et l'Antarctique, aux confins des océans Indien et Austral, où de possibles débris du Boeing ont été repérés par satellite. Plus de deux semaines après la disparition de l'avion, il ne reste théoriquement que deux semaines aux enquêteurs pour retrouver les boîtes qui cesseront alors d'émettre.

Pour Jonathan Galaviz, "il y aura aussi des discussions sur la transmission continue de ces données par satellite".

Il est aujourd'hui techniquement possible de transmettre en temps réel toutes les informations enregistrées par les boîtes noires, par voie satellitaire.

Mais les compagnies aériennes, soucieuses de rester dans la course effrénée à la compression des coûts, semblent peu enclines à engager des frais dans cette technologie et l'adoption volontaire de ces procédures onéreuses serait "lente", avance Greg Waldron de la revue spécialisée Flightglobal.

Pour plus d'efficacité, il faudrait que l'Agence européenne de sécurité aérienne (EASA) et l'Agence américaine de l'Aviation (FAA) les rendent obligatoires, comme c'est déjà le cas pour les systèmes anti-collision et les détecteurs de fumée en soute, selon lui.

Il y a 12 ans, l'entreprise américaine L-3, spécialisée dans les instruments aéronautiques, avait estimé à 300 millions de dollars le coût engendré chaque année pour une compagnie aérienne de l'équipement de ses avions de systèmes de transmission de données en temps réel, rapporte le magazine Bloomberg Businessweek.

La plupart des compagnies aériennes, dont la Malaysia Airlinies, équipent leurs avions des systèmes ACARS (Aircraft Communication Addressing And Reporting System) qui permettent d'échanger des informations entre l'appareil en vol et le centre opérationnel d'une compagnie aérienne.

Mais ils sont sans rapport avec la quantité d'informations stockées dans les boîtes noires et dans le cas du vol 370, les ACARS, qui transmettent toutes les 30 minutes, ont été coupés.

Andrew Herdman, directeur-général de l'Association des compagnies aériennes d'Asie-Pacifique, estime que le coût d'une transmission satellitaire des enregistrements des boîtes noires pourrait être réduit en la limitant aux situations d'urgence, par exemple l'interruption des communications ou le déroutage imprévu d'un avion.

"La transmission en temps réel des boîtes noires génèrerait une quantité gigantesque de données, ce qui poserait d'évidents problèmes logistiques", a-t-il en outre expliqué à l'AFP.

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