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En Crimée, une cité militaire se divise avec l'arrivée des troupes russes

En Crimée, une cité militaire se divise avec l'arrivée des troupes russes

Assommés et désabusés, beaucoup de soldats ukrainiens de la base de Perevalne, en Crimée, ont abandonné leur poste vendredi, à l'arrivée des troupes russes, mais 200 d'entre eux ont résisté.

Accablée par la supériorité russe, le jour même où Moscou reconnaissait formellement la péninsule comme son territoire, la plus grande base de la région à tenir bon après un mois d'invasion rampante a baissé pavillon.

Un soldat ukrainien en tenue de camouflage appelle sa mère au téléphone: "Ne t'inquiète maman, je récupère mes affaires et je rentre à la maison."

Au même moment, les troupes russes hissent leur drapeau devant l'entrée principale de la base.

Un peu plus loin, des dizaines de jeunes soldats russes prennent possession des lieux, leurs affaires à la main. Ils croisent leurs homologues ukrainiens sans dire un mot.

Selon un soldat ukrainien, environ 20% des 1.000 soldats de la base n'ont toujours pas quitté leur poste, 40% ont prêté allégeance au nouveau gouvernement pro-russe et 40% ont choisi l'Ukraine.

"Je suis l'un de ceux qui restent. J'ai prêté serment", affirme un jeune soldat, qui veut rester anonyme, avant d'embrasser sa petite amie, venue lui rendre visite.

La situation à Perevalne illustre la confusion qui règne dans plusieurs bases de Crimée, où les soldats ukrainiens, même assiégés, peuvent se déplacer librement. En général, les troupes ukrainiennes et russes s'entendent bien.

A un arrêt de bus, au milieu des immeubles de la ville délabrée qui jouxte la base, une femme assure que son fils, toujours à l'intérieur de la base, tient bon.

"Je suis pour une Ukraine libre et unie", dit-elle, préférant elle aussi rester anonyme. A quelques pas, dans les rues adjacentes, une centaine de soldats russes patrouillent.

Comme les soldats, les 2.300 habitants de la ville, située dans les collines au sud de Simféropol, la capitale de la Crimée, sont divisés.

"Environ 500 personnes ont demandé leur passeport russe", assure Galina Ivanova, une responsable du foyer municipal local, qui s'occupe de tout ici: classes de danse pour les enfants, cours de chant, ou encore soins médicaux pour les personnes âgées.

"Il y a des gens parmi les militaires qui vont partir, mais tout se fait calmement et librement, personne ne met de pression sur qui que ce soit", assure-t-elle.

La directrice du centre, Svetlana Kolisetskaya, se dit ravie de voir la Crimée rejoindre la Russie. Selon elle, "la ville entière" a demandé des passeports.

"Nous sommes de retour dans notre patrie historique ! Nous sommes tous nés en Union soviétique et maintenant, nous voulons tous vivre dans un grand pays soviétique: la Russie", déclare-t-elle.

Affairé dans son jardin, sous un doux soleil printanier, Andreï Rubyn, un colonel à la retraite, assure qu'il a demandé un passeport russe dès qu'il l'a pu.

"Nous voulons que la Russie nous sauve de l'anarchie ukrainienne", affirme-t-il. On lui a aussi dit que sa pension militaire de 2.000 hryvnias par mois (138 euros) triplerait sous la législation russe.

Il exprime sa compassion pour ses anciens camarades de la base, qui ne devraient pas, selon lui, être poursuivis pour désertion en Ukraine.

"Je suis sûr que beaucoup de soldats aiment l'Ukraine. C'est notre pays natal ! Mais pas avec le gouvernement actuel", lance-t-il.

"Ce ne sont pas des traîtres. Simplement, ils ne savaient pas quoi faire", dit-il. "A mon avis, ils se sont sentis humiliés par leur soi-disant gouvernement. Je suis désolé pour eux."

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