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Face aux critiques, la Malaisie plaide la patience dans une enquête complexe

Face aux critiques, la Malaisie plaide la patience dans une enquête complexe

La Malaisie se défend d'avoir saboté le début de l'enquête sur le vol MH370, par incompétence ou culture du secret, contribuant selon ses critiques au mystère de la disparition d'un avion de ligne transportant 239 personnes.

Depuis maintenant dix jours, les autorités malaisiennes encaissent les accusations des médias internationaux, des pays participant aux recherches, comme le Vietnam, ou de ceux dont des ressortissants se trouvaient à bord du Boeing 777, comme la Chine qui en compte 153.

Complexe par nature, sensible en ce qu'elle se déroule dans une région sous tensions géopolitiques, l'enquête requiert patience, minutie, expertise, plaide la Malaisie qui invoque en outre un devoir de prudence dû aux familles des passagers.

Une ligne de défense qui ne convainc pas nombre d'observateurs étrangers, pour qui les explications embrouillées et la communication désastreuse des premiers jours témoignent de l'incompétence générale d'une élite autoritaire peu habituée à répondre de ses actes.

Il a fallu par exemple attendre plus d'une semaine pour entendre le Premier ministre Najib Razak confirmer que l'avion avait été délibérément détourné de son plan de vol et avait probablement fait cap vers l'ouest alors que les opérations de recherche s'étaient concentrées en mer de Chine méridionale, à l'est.

"Les dirigeants malaisiens ne sont pas habitués à répondre de quoi que ce soit", assène Michael Barr, spécialiste de l'Asie à la Flinders University d'Adelaïde en Australie. "Ils sont plus habitués à contrôler la presse et réduire les critiques au silence".

Le Barisan Nasional (BN) qui dirige l'ancienne colonie britannique avec autorité depuis l'indépendance en 1957 est crédité du formidable développement de l'économie malaisienne, la troisième d'Asie du Sud-Est avec en 2013 une croissance de 4,7%.

Mais les organisations de défense des droits de l'Homme et l'opposition dénoncent une société muselée, sous la coupe d'une élite népotique, corrompue et incompétente.

Pour le chef de l'opposition Anwar Ibrahim, sous la menace de cinq ans d'emprisonnement pour sodomie dans un procès qu'il juge politique, "la disparition mystérieuse du vol MH370 ne reflète pas seulement l'incompétence du régime mais son irresponsabilité".

La dernière position connue du Boeing 777, selon un signal satellitaire, suggère des trajectoires soit vers le sud, le long d'un arc allant de l'Indonésie au sud de l'Océan indien, soit vers le nord, sur un arc allant du nord de la Thaïlande au Kazakhstan.

L'armée malaisienne est soupçonnée d'être passée totalement à côté du changement brutal de trajectoire de l'avion, lequel a franchi la Malaisie péninsulaire peu après la désactivation volontaire de ses systèmes de communication.

Les responsables malaisiens reconnaissent que les radars militaires ont bien identifié l'avion tout en expliquant qu'aucune mesure n'a été prise car il ne semblait pas "hostile". Une faute potentiellement lourde de conséquences puisqu'aucune trace de l'avion n'a été repérée depuis.

Dans un blog publié le 11 mars, David Learmount, du magazine spécialisé FlightGlobal, écrivait: l'armée "en savait clairement plus sur ce qui était arrivé au MH370 que n'importe quelle autre administration malaisienne, mais les autorités (civiles) ne semblent pas avoir profité de cette expertise et l'armée semble avoir été lente à la transmettre".

La Chine s'est montrée la plus virulente, reprochant à Kuala Lumpur de distiller les informations au compte-gouttes alors que des centaines de familles sont au désespoir. Le Premier ministre Li Keqiang a sèchement demandé lundi à son homologue d'informer Pékin avec "ponctualité, précision et exhaustivité".

Le ministre des Transports malaisien, Hishammuddin Hussein, un cousin du Premier ministre et comme lui fis d'un ancien Premier ministre, a rétorqué que sa priorité était de localiser l'avion.

Si le gouvernement ne s'échinait pas à vérifier les multiples données qui lui parviennent, et que certaines hypothèses s'avéraient erronées, "les gens qui souffriraient le plus sont ces familles que nous nous efforçons de protéger".

Clive Kessler, professeur émérite de sociologie et d'anthropologie à l'université australienne de Nouvelle-Galles du Sud, estime que le gouvernement "est incapable de maîtriser sereinement plusieurs problèmes techniques à la fois et de communiquer ses intentions à l'étranger avec clarté et adresse".

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