Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Venezuela: contre-offensive du gouvernement dans les bastions de l'opposition

Venezuela: contre-offensive du gouvernement dans les bastions de l'opposition

Le gouvernement vénézuélien, visé depuis un mois et demi par une vague de protestation, poursuivait lundi une offensive policière dans les fiefs de l'opposition pour tenter de mettre fin aux violences qui ont déjà fait 29 morts depuis le début du mouvement.

Dès l'aube lundi, un millier d'agents de la brigade anti-émeutes vénézuélienne ont investi le quartier de Chacao, à l'est de Caracas, où des heurts quasi quotidiens opposent depuis cinq semaines forces de l'ordre et manifestants radicaux pro-opposition.

Ce nouveau déploiement est présenté par le gouvernement de Nicolas Maduro comme une opération de "libération" de ce bastion de la contestation lancée le 4 février par des étudiants de province.

Cette grogne, qui a reçu le soutien de l'opposition et fait tache d'huile dans tout le pays, vise à protester contre la gestion par le gouvernement de l'insécurité, de l'inflation élevée (+57,3%) et des fréquentes pénuries, notamment de denrées alimentaires.

Lundi, les autorités ont annoncé la mort d'un membre de la Garde nationale, touché par balle la veille lors d'une marche à Maracay (nord), portant le bilan des violences survenues pendant ou en marge des manifestations à 29 morts et près de 400 blessés.

Assurant vouloir mettre fin aux débordements, le gouvernement a déclenché en fin de semaine dernière une offensive policière dans les fiefs des militants radicaux de l'opposition à Caracas, San Cristobal (nord-ouest, berceau du mouvement) et Valencia (nord).

"Je vais prendre des mesures drastiques contre tous ces gens qui attaquent et tuent le peuple", avait alors prévenu M. Maduro.

Ces opérations se sont soldées par plusieurs arrestations et la saisie d'instruments utilisés pour édifier des barricades et de produits servant à la fabrication de bombes artisanales notamment, selon le gouvernement.

Chacao, quartier d'affaires et résidentiel abritant des Vénézuéliens de la classe moyenne et haute, s'est mué ces dernières semaines en un véritable champ de bataille sur lequel s'opposent chaque nuit forces de l'ordre et manifestants radicaux qui édifient de nombreuses barricades.

La police a pris possession des lieux lundi, permettant à des petits groupes d'agents de nettoyage de dégager les débris encombrant les rues, notamment autour de la Place Altamira, où les militants pro-opposition avaient installé leur camp de base.

En plus des effectifs patrouillant à pied, quelque 150 motocyclistes sillonnaient les rues du quartier, alors que des agents de la garde nationale en uniforme de combat effectuaient des contrôles aléatoires, ont constaté des journalistes de l'AFP. Un hélicoptère survolait également la zone dans la matinée.

"La place Altamira et ses environs ont été libérés par le gouvernement au bénéfice de tous!", s'est réjouie sur Twitter la ministre de la Communication Delcy Rodriguez.

"Ces patrouilles intensives rétabliront le calme dans ce quartier", a estimé de son côté devant la presse le ministre de l'Intérieur Miguel Rodriguez Torres, assurant que les policiers oeuvraient en faveur de la population locale.

Le maire de Chacao Ramon Muchacho (opposition) a récusé ces arguments devant la presse, assurant qu'"on ne peut pas parler de normalité alors qu'il y a plus de militaires que de civils dans les rues".

Principale cible de la grogne, le président Maduro, élu de justesse après le décès de son mentor politique Hugo Chavez (1999-2013), voit dans cette protestation une "tentative de coup d'État" fomentée avec l'aide notamment des Etats-Unis.

Samedi soir, M. Maduro avait averti de l'intervention imminente de la police à Chacao, affirmant qu'il n'y permettrait plus aucun trouble. Dimanche soir, de nouvelles violences ont troublé le quartier, se soldant par une trentaine d'arrestations, selon l'ONG locale Forum pénal.

Pour l'analyste Felipe Sierra, la stratégie répressive adoptée par les autorités depuis le début du mouvement est risquée. Jusqu'à présent, elle a été "contre-productive car elle a stimulé la violence", assure-t-il.

Selon lui, il semble aujourd'hui que le gouvernement "n'ait pas conscience des véritables enjeux" de cette campagne de manifestations. D'ailleurs, explique l'analyste, le "mouvement échappe" aussi à l'opposition, faute "de propositions politiques de fond".

Les responsables de l'opposition n'avaient pas encore réagi lundi après-midi au déploiement policier de Chacao.

mb/ag/ih

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.