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Pistorius a enfreint des règles qu'il connaissait sur le maniement des armes

Pistorius a enfreint des règles qu'il connaissait sur le maniement des armes

Oscar Pistorius savait qu'on ne doit pas tirer sur quelqu'un qui n'est pas directement menaçant, a témoigné lundi le manager du stand de tir auquel il avait commandé des armes, au début de la troisième semaine du procès du champion paralympique sud-africain.

L'audience du jour a été aussi marquée par la projection de très nombreux clichés pris par la police après que Pistorius eut abattu son amie Reeva Steenkamp, un mannequin de 29 ans, aux premières heures du 14 février 2014.

On y voit la porte de la chambre à coucher de l'athlète endommagée, du sang sur la couette ainsi que sur le mur à la tête de lit.

Oscar Pistorius, 27 ans, affirme qu'il a tué Reeva par erreur, la prenant pour un cambrioleur caché dans les toilettes. Paniqué, il n'aurait pas vérifié si elle était toujours couchée avant de tirer sur la porte des WC.

Le procureur Gerrie Nel estime au contraire que le couple s'était disputé et qu'il l'a tuée sciemment.

Il a appelé lundi Sean Rens, le manager d'un centre de tir à Johannesburg. Vendant des armes et facilitant l'obtention des permis de port d'arme pour ses clients, il connaissait Oscar Pistorius depuis mai 2012.

Le témoin a raconté que Pistorius avait déjà reçu la facture de six armes, commandées en juin 2012, lorsqu'il a tué Reeva, 52.500 rands (3.500 euros) pour un véritable arsenal: un fusil d'assaut Vector LM-6, deux fusils à pompe, une carabine, deux revolvers Smith&Wesson dont le modèle 500, l'une des plus puissantes armes de poing disponibles sur le marché.

"La transaction a été annulée un mois après les événements", a-t-il noté.

Pistorius, qui n'avait qu'un pistolet 9 mm quand il l'a rencontré, "avait un grand amour et un enthousiasme" pour les armes à feu, a-t-il souligné, avant de rappeler que la loi sud-africaine interdit d'en posséder plus de quatre, sauf pour les collectionneurs ou chasseurs.

L'athlète est également poursuivi pour port d'armes prohibé, un chef d'accusation mineur joint au dossier pour meurtre.

Sean Rens a raconté à la Cour que l'accusé lui avait dit qu'il avait un jour dégainé son arme chez lui en entendant un bruit suspect, qui s'est avéré être celui de la machine à laver.

"Rien de tel que de rentrer à la maison pour entendre la machine à laver et de penser qu'il s'agit d'un intrus et aller au combat en mode reconnaissance dans le garde-manger! waa", avait twitté à ce propos le sportif en novembre 2012 (un tweet effacé depuis).

Le marchand d'armes a poursuivi: "Il passait dans ce que nous appelons +code rouge+, ou mode de combat. En d'autres termes, sortir son arme pour nettoyer sa maison", confirmant les nombreuses descriptions d'un Pistorius paranoïaque, craignant sans cesse pour sa sécurité même s'il habitait dans une résidence ultra-protégée.

Oscar Pistorius connaissait cependant bien les lois sud-africaines régissant le port d'arme.

Sean Rens a notamment lu ses réponses à un questionnaire préalable à l'achat d'une arme: "Un cambrioleur entre dans votre maison et commence à voler votre hi-fi. Pouvez vous l'abattre?" Réponse de l'athlète: "Non, la vie n'est pas en danger."

"Les voleurs sont armés et s'approchent de vous. Pouvez-vous les abattre?" Là, il avait répondu "Oui".

Sur les quatre règles d'or de sécurité, "comment l'accusé a-t-il répondu?", a repris le procureur. "Il a répondu correctement. Toujours viser dans une direction sûre. Ne jamais avoir le doigt sur la gâchette. Toujours manipuler son arme comme si elle pouvait être chargée. Et toujours connaître sa cible et ce qu'il y a derrière", a répondu M. Rens.

June Steenkamp, la mère de la victime qui n'était pas venue au tribunal depuis quinze jours, s'est éclipsée durant la projection des photos. Oscar Pistorius, lui, n'a pas regardé, la tête obstinément penchée.

Pistorius l'a saluée pour la première fois, alors que Mme Steenkamp avait regretté qu'il l'ait évitée du regard le premier jour du procès.

Diffusé en direct à la télévision, le procès de l'athlète devrait se prolonger en avril et ne sera pas bouclé jeudi comme prévu.

De nombreux témoins sont encore attendus à la barre, de même qu'Oscar Pistorius lui-même, puis l'avocat Barry Roux et le procureur Gerrie Nel concluront les débats avant que la juge Thokozile Masipa ne prépare son verdict.

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