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Après la victoire du "oui", l'inquiétude en Crimée

Après la victoire du "oui", l'inquiétude en Crimée

Après la victoire massive du "oui" au référendum en Crimée, une ère d'incertitudes s'ouvre pour la péninsule et ses deux millions d'habitants.

Au lendemain d'un scrutin salué par Moscou mais qualifié d'illégal, voire de farce, par la quasi-totalité de la communauté internationale, la péninsule est censée entamer rapidement une transition vers le statut de membre de plein droit de la Fédération de Russie sans que personne ne sache exactement quand et comment cela se passera.

A 70 ans Anna Ivanovna a voté pour Moscou. "Oui, nous allons devenir Russes. A la fois c'est bien et à la fois, à mon âge, c'est difficile de changer de pays. J'aime bien mes habitudes, ma routine. Tout cela me fait un peu peur... Nous verrons bien", confie-t-elle.

Le dirigeant pro-russe Serguiï Axionov a assuré à plusieurs reprises que la transition vers la Russie serait simple et facile. Il a par exemple prévu d'introduire dès cette semaine le rouble dans la province, alors que la monnaie ukrainienne, la hryvnia, aurait en même temps cours légal pendant au moins six mois.

Mais l'inquiétude se lisait depuis des jours sur les visages de ceux, nombreux, qui faisaient la queue devant les guichets des banques pour y retirer leurs avoirs, surtout dans les filiales de banques ukrainiennes susceptibles de fermer leurs portes.

La Crimée dépend de l'Ukraine continentale pour son approvisionnement en électricité, en gaz, en eau potable et pourrait être sérieusement affectée si Kiev décidait de fermer les robinets.

La décision finale va de toutes façons revenir à la Russie où le Parlement devrait voter, sans doute en fin de semaine, une loi autorisant le rattachement de cette terre étrangère à la Fédération.

En attendant la Crimée va devoir fonctionner comme un nouvel Etat indépendant de facto. Selon M. Axionov cette nouvelle entité est en mesure de survivre économiquement, avec l'aide de Moscou.

Il va falloir aussi régler la question épineuse des bases militaires ukrainiennes en Crimée, de leurs milliers de soldats et leurs familles, encerclés depuis la fin février par des soldats russes et des civils pro-russes en armes.

La minorité tatare de la région (environ 12% des deux millions d'habitants) devra également être rassurée: le souvenir de la déportation de masse effectuée sur ordre de Staline en 1944 est encore dans tous les esprits.

"Je suis bouleversé. Je pensais que les autres pays allaient nous soutenir mais tout le monde nous a abandonnés", soupire Seïtkhaline, Tatar de 28 ans.

Même les plus fervents partisans de l'union avec la Russie sont conscients que la route vers l'unité avec Moscou ne sera ni simple ni rapide.

"La vie ne change pas aussi vite" dit Valeri Medvedev, responsable d'un bureau de vote dimanche à Sébastopol. "Il va falloir régler beaucoup de questions techniques, politiques et économiques".

Natalia, mère au foyer de deux enfants, avoue être "un peu anxieuse" tout en "espérant un avenir meilleur". "J'ai étudié le droit ukrainien mais je ne suis pas contre le fait d'apprendre quelque chose de nouveau", dit-elle. "Je pense que tout finira par s'arranger".

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