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Lviv se mobilise pour affronter "l'agresseur russe" en Crimée

Lviv se mobilise pour affronter "l'agresseur russe" en Crimée

"Je suis judoka de haut niveau et je tire bien": déterminée à se battre avec "l'agresseur russe" en Crimée, Tetiana, 30 ans, se présente dans un commissariat militaire à Lviv, bastion nationaliste dans l'ouest de l'Ukraine.

Propriétaire d'une agence de publicité à succès, Tetiana Tourtchina demande à être mobilisée si les combats commencent en Crimée occupée depuis deux semaines par les forces russes et qui s'apprête à être rattachée à la Russie à l'issue d'un référendum dimanche.

"Je ne peux plus voir qu'on déchire mon pays. Il y a beaucoup de volontaires comme moi. En ce moment c'est le devoir de chacun", lance la grande jeune femme costaude en soulignant que les autorités ne devraient en aucun cas lâcher la péninsule dirigée par des séparatistes pro-russes.

Elle compare le président russe Vladimir Poutine à Hitler et pense que si on ne l'arrête pas en Crimée, il ira plus loin.

"En connaissant les appétits de la Russie et ses méthodes, ils vont avaler la Crimée et aller plus loin, même au-delà de l'Ukraine", s'alarme-t-elle.

Environ 2.000 personnes se sont présentées aux commissariats de l'armée dans la région de Lviv, selon les autorités.

Parmi eux, le père Makariï, prêtre orthodoxe de 34 ans qui avait fait son service militaire dans l'armée ukrainienne.

"Je préfère bien sûr être aumônier, il est interdit aux prêtres de prendre des armes. Je pense qu'avec la parole on peut aussi combattre le mal", explique-t-il.

Dans la région voisine de Khmelnitski, le métropolite orthodoxe Antoniï assure lui qu'il prendra les armes pour protéger la patrie.

Les commissariats convoquent des hommes de 30-35 ans qui ont fait leur service militaire et ont des formations spécifiques pouvant servir au combat.

"On les recense, pour pouvoir les mobiliser si nécessaire", explique à l'AFP Olexandre Poroniouk, un porte-parole militaire en disant que des exercices militaires sont déjà en cours.

Olexandre, père de famille de 38 ans, dit qu'il est prêt à "défendre son Etat jusqu'à la dernière goutte de sang" comme l'a fait son grand-père qui avait combattu dans l'Armée insurrectionnelle ukrainienne, formation nationaliste anti-soviétique dont le rôle a été controversé pendant la Seconde Guerre mondiale.

Sa femme Natalia rejette ce discours: "je ne le laisserai pas partir en guerre", lance-t-elle.

Le thème de "l'agression militaire" en Crimée est omniprésent à Lviv, dans les bureaux, les magasins ou les transports en commun. Ainsi que la haine contre le président russe Vladimir Poutine.

Sur la place centrale de Lviv, Poutine est ainsi cloué au pilori. Il y apparaît soit comme Hitler, soit comme une ballerine avec une kalachnikov ou portant une couronne avec l'étoile rouge sur laquelle il est écrit "joue à la guerre chez toi!".

Le drapeau russe y est frappé de croix gammée faite de rubans de Saint-Georges qui symbolisent la victoire soviétique dans la Seconde Guerre mondiale.

Régulièrement, des habitants se prennent en photo devant ces installations, faisant un geste indécent.

"Poutine est un agresseur fou. Il veut consolider les Russes autour de l'ennemi commun - les Ukrainiens - pour détourner l'attention des problèmes en Russie", estime Andriï, un étudiant de 20 ans.

"Je m'en fichais de Poutine avant qu'il ne se fourre en Ukraine. Il est grave. Qu'il fasse en Russie ce qu'il veut mais il ne faut pas nous transformer la Crimée en Tchétchénie", s'insurge Andriï Kvas, 42 ans.

Une campagne appelant à boycotter les marchandises russes bat son plein à Lviv. Devant les supermarchés on distribue des tracts expliquant comment identifier un produit russe en regardant le code barre.

"46, 46", répètent des gens pour ne pas l'oublier.

"Je me suis rendue compte que le café que j'achète d'habitude venait de Russie. Maintenant j'achète une autre marque", explique Olena, 35 ans.

Une caissière du supermarché "Arsen" raconte qu'une acheteuse âgée lui avait demandé de bien vérifier le contenu de son charriot et a refusé d'acheter tout ce qui a été fabriqué en Russie.

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