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Cellules STAP: le conflit s'envenime dans la communauté scientifique

Cellules STAP: le conflit s'envenime dans la communauté scientifique

Le conflit s'envenime au sein de la communauté scientifique à propos de la publication de travaux sur des cellules dites STAP qui pourraient révolutionner la médecine régénérative, jetant l'opprobre sur une jeune chercheuse d'un grand institut japonais.

"L'enquête continue", ont indiqué vendredi au cours d'une conférence de presse les responsables du prestigieux Riken, qui fédèrent de nombreux centres de recherche dans tout le pays.

Le problème ? La présentation récente dans la prestigieuse revue britannique Nature d'une méthode simple de création de cellules dites STAP proches des cellules souches embryonnaires. Une partie des images probantes et autres données seraient erronées.

L'affaire fait d'autant plus de bruit que les travaux en question ont été en partie conduit par une jeune femme de 30 ans, Haruko Obokata, un profil peu commun dans un univers dominé par des hommes d'âge mûr.

"Je présente nos excuses pour cette parution dans Nature qui a secoué la crédibilité de la communauté scientifique", a déclaré vendredi le directeur du Riken, le chimiste prix Nobel Ryoji Noyori, qui a déploré lors d'une conférence de presse un manque de sérieux et de responsabilité dans la façon dont ces résultats scientifiques importants ont été présentés.

Dans Nature, Mme Obokata et ses collègues ont affirmé avoir réveillé le caractère pluripotent de cellules matures qui redeviennent indifférenciées via un processus relativement simple, sans prélèvement sur des embryons ni recours à la génétique: 25 minutes dans une solution légèrement acide, 5 autres dans une centrifugeuse et une semaine dans une solution de culture.

Las, ce procédé prétendument efficace, rapide et peu coûteux a fait douter, à commencer par un des scientifiques impliqués qui a demandé que les résultats de ces travaux soient supprimés de la publication, évoquant des erreurs multiples. C'est cette requête qui a déclenché le scandale.

La décision finale de conserver ou annuler la publication dans laquelle pourrait figurer des "irrégularités" est depuis à l'étude au sein du Riken, a reconnu l'institut.

Mais pour le moment, "nous la confions à la revue Nature, faute d'avoir obtenu le consensus des auteurs", a expliqué le biologiste Masatoshi Takeichi, directeur de la section concernée de cet institut de recherche public et supérieur hiérarchique de la chercheuse auteur de la thèse.

Lui, a-t-il précisé un rien agacé par une ambiance que l'on devine exécrable, "pense que l'article dont il est question doit être retiré" et affirme que trois des auteurs, dont Mme Obokata, ne s'y opposeraient pas, contrairement à un chercheur américain également impliqué.

Toutefois, l'institut Riken n'a pas encore tiré toutes les conclusions et pour le moment la rétractation n'est pas officiellement demandée à Nature, tant que les contestations n'auront pas toutes été passées en revue, a précisé un membre du comité d'enquête, le professeur Shunsuke Ishii.

Les examens et interrogatoires des chercheurs portent plus précisément sur six "bizarreries" pointées du doigt, même si le Riken ne souhaite pas dire le nombre total d'imperfections dénoncées.

Il est par exemple apparu que des photos présentées pour illustrer ces travaux avaient déjà été utilisées par ailleurs par la même chercheuse il y a trois ans, d'autres semblent avoir été retouchées et des parties du texte les accompagnant seraient des copier-coller.

Le rapport d'étape présenté vendredi donne plusieurs explications en réponse aux remarques soulevées qui montrent à ce stade que les contestations avancées n'ont pas nécessairement lieu d'être, mais reconnaît aussi d'étranges coïncidences.

"Notre mission en tant que comité d'enquête n'est pas de dire si Mme Obotaka a réussi ou non à créer des cellules STAP, mais s'il y a ou non des irrégularités dans la publication", a souligné M. Ishii sans se prononcer sur la suite de cette saga qui fait la une au Japon.

kap/pn/ml

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