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Aleksandar Vucic: du faucon ultranationaliste au pro-européen convaincu

Aleksandar Vucic: du faucon ultranationaliste au pro-européen convaincu

Futur Premier ministre après sa victoire aux législatives de dimanche, Aleksandar Vucic est entré en politique en incarnant le rôle d'un faucon ultranationaliste sous le régime autoritaire du défunt Slobodan Milosevic, avant de se transformer en un pro-européen convaincu.

Jadis interdit d'entrée dans les pays de l'Union européenne, M. Vucic soutient aujourd'hui avec ferveur l'adhésion de son pays à l'UE.

Sa carrière politique a pris de l'ampleur depuis la victoire de son Parti serbe du progrès (SNS) aux législatives de 2012.

Depuis, le vice-Premier ministre sortant âgé de 44 ans est devenu l'homme politique le plus puissant de Serbie, qui a le dernier mot dans tous les dossiers, de la Sécurité nationale, en passant par le rapprochement à l'UE, les négociations avec le Kosovo, jusqu'à l'Economie.

En 1993, cet homme haut de taille et au visage d'adolescent, juriste de formation, rejoint le Parti radical ultranationaliste dont il devient rapidement l'un des plus hauts responsables et l'arme rhétorique la plus saillante.

En 1998, il renforce sa réputation de dur nationaliste en signant en tant que ministre de l'Information une loi sur les médias imposant des amendes draconiennes, dirigées vers les médias indépendants, dont certains ne se remettront pas.

Des années durant, M. Vucic a défendu avec acharnement les leaders serbes de Bosnie accusés d'être responsables des atrocités commises pendant le conflit intercommunautaire de 1992-95 dans cette ex-république yougoslave.

"Si vous tuez un Serbe, nous allons (tuer) 100 Musulmans", avait-il affirmé. Cette déclaration avait été faite quelques jours après les événements de Srebrenica en Bosnie orientale où les forces serbes bosniennes ont massacré, en juillet 1995, environ 8.000 Musulmans, tuerie qualifiée ultérieurement de génocide par la justice internationale.

En 2007, il assure que son domicile "sera toujours un asile sur pour le général Ratko Mladic", chef militaire des Serbes de Bosnie alors en fuite, jugé actuellement par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) notamment pour le génocide de Srebrenica.

Un an plus tard, M. Vucic est à la tête de manifestations contre l'arrestation du chef politique des serbes bosniens Radovan Karadzic qui tournent à la violence.

Mais, à la surprise générale il annonce en 2008 ensemble avec Tomislav Nikolic, aujourd'hui président de la Serbie, son départ du Parti radical pour créer le SNS, son actuel parti conservateur pro-européen.

"Je ne cache pas que j'ai changé, au contraire je suis fier de cette transformation", a-t-il déclaré dans un entretien à l'AFP.

En 2010, M. Vucic reconnaîtra "qu'un crime horrible a été commis à Srebrenica" et dira "avoir honte" des Serbes qui en sont responsables.

Depuis qu'il est au pouvoir, sa popularité n'a cessé de croître. Il véhicule l'image d'un dirigeant infatigable, omniprésent et compétent.

Il participe aux négociations sur le Kosovo à Bruxelles, se rend auprès d'ouvriers en grève et surtout se présente comme un traqueur inlassable des hommes d'affaires et politiciens soupçonnés de corruption. Ce combat, qu'il assure vouloir mener "jusqu'au bout", lui a valu le surnom d'Eliot Ness, le légendaire policier américain.

M. Vucic soigne aussi son image de sauveur de l'économie nationale sinistrée. Usant de ses liens personnels, il attire des investisseurs étrangers tels Etihad Airways des Emirats Arabes Unis qui a repris la compagnie aérienne nationale, aujourd'hui appelée Air Serbia.

Le vice-Premier ministre sortant n'hésite pas à afficher fièrement ses liens d'amitié avec des dirigeants étrangers, tel le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle, qu'il invitera chez lui pour lui faire découvrir sa collection de vins.

Fidèle à son omniprésence, il participe sous les projecteurs des caméras, en janvier, à une opération d'évacuation de passagers bloqués dans leurs véhicules par une tempête de neige et portera dans ses bras un enfant. La presse indépendante ne manquera pas de l'épingler.

Père de deux enfants, M. Vucic tient sa vie privée soigneusement à l'écart de l'opinion publique. Des rumeurs sur un mariage en seconde noce en décembre n'ont pu être confirmées.

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