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Craignant des intrusions russes, l'Ukraine va créer une Garde nationale

Craignant des intrusions russes, l'Ukraine va créer une Garde nationale

L'Ukraine doit entériner jeudi la création d'une Garde nationale, composée des contestataires en première ligne sur les barricades à Kiev, pour aider son armée à contrer toute intrusion de la Russie dans l'est du pays, à trois jours du référendum organisé par les séparatistes en Crimée.

Sur la scène internationale, les Occidentaux jettent leurs dernières forces pour tenter d'infléchir la position du maître du Kremlin, Vladimir Poutine, qui refuse de retirer les milliers d'hommes déployés dans la péninsule ukrainienne de Crimée depuis fin février. Mais le président russe, qui affirme agir dans l'intérêt des russophones d'Ukraine, n'a pas donné le moindre signe qu'il accepterait les demandes des Occidentaux.

Les autorités séparatistes pro-russes achèvent pour leur part dans les 48 heures à venir les préparatifs du référendum où 1,5 million d'Ukrainiens doivent se prononcer sur le rattachement de la Crimée à la Russie. L'issue du scrutin ne fait pas beaucoup de doutes.

Les députés ukrainiens doivent voter dans la matinée la création d'une Garde nationale qui viendrait prêter main forte à l'armée ukrainienne et ses 130.000 hommes, dont une moitié de conscrits. En face, la Russie dispose au total d'une armée de 845.000 soldats.

Le nouveau pouvoir ukrainien a indiqué que cette Garde nationale serait notamment composée des groupes d'"autodéfense" qui étaient en première ligne sur le Maïdan à Kiev pendant les trois mois de contestation et ont payé un lourd tribut quand la police du président déchu Viktor Ianoukovitch a ouvert le feu sur les contestataires.

Dans un premier temps, cette force d'appoint pourrait compter 20.000 volontaires.

Le gouvernement ukrainien s'inquiète qu'après la Crimée, la Russie déploie des forces dans l'est du pays.

Dans une interview à l'AFP, le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, a déclaré qu'il voulait avant tout empêcher une éventuelle intrusion par la frontière de l'Est, région où vivent aussi de nombreux Ukrainiens d'origine russe.

"Nous ne pouvons pas nous engager dans une opération militaire en Crimée, ainsi nous dénuderions la frontière orientale et l'Ukraine ne serait pas protégée, les militaires russes comptent là-dessus", a déclaré à l'AFP M. Tourtchinov, soulignant que "d'importantes unités de blindés" russes étaient concentrées côté russe.

A Washington, le président Barack Obama a affiché mercredi son soutien à l'Ukraine en recevant son Premier ministre Arseni Iatseniouk à la Maison Blanche et en mettant une nouvelle fois en garde Vladimir Poutine.

"Nous continuerons à dire au gouvernement russe que s'il poursuit sur le chemin actuel (...) nous serons obligés d'imposer un coût aux violations du droit international par la Russie en Ukraine", a menacé M. Obama.

Mais, à trois jours de la consultation sur l'avenir de la péninsule où vivent deux millions de personnes, dont des minorités tatare et ukrainophone, rien ne semblait en mesure d'enrayer son glissement dans le giron russe.

La Crimée est désormais quasiment coupée du reste de l'Ukraine, les forces russes en contrôlant les points stratégiques. Tout est en place pour une sécession rapide: le "Premier ministre", Serguiï Axionov, s'est autoproclamé "chef des armées" et les habitants n'ont désormais plus accès qu'aux chaînes de télévision russes. Des hommes en treillis fouillent tout voyageur arrivant à Simféropol et seuls les vols en provenance de Moscou peuvent y atterrir.

"Nous nous battons pour notre liberté, pour notre indépendance, pour notre souveraineté. Et nous n'abandonnerons jamais", a de son côté affirmé M. Iatseniouk.

Il a par ailleurs assuré que son pays resterait un "bon ami et partenaire de la Russie" même s'il établissait des liens plus forts avec l'Europe occidentale.

Et reprenant les éléments d'un célèbre discours prononcé par Ronald Reagan à Berlin, en forme de supplique au dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, il a exhorté le président russe à abattre "ce mur d'intimidation et d'agression militaire".

Le Premier ministre est attendu jeudi aux Nations unies à New York, où il prononcera un discours lors d'une séance publique du Conseil de sécurité à partir de 19H00 GMT.

Entre Russes et Occidentaux, l'incompréhension reste totale, malgré plusieurs échanges ces dix derniers jours entre les chefs des diplomaties américaine, John Kerry, et russe, Sergueï Lavrov. Les deux hommes vont se rencontrer une nouvelle fois vendredi à Londres.

Les ministres français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sont attendus le 18 mars à Moscou, a annoncé mercredi le Kremlin. Mais la présidence française, selon laquelle le président François Hollande a dit mercredi à Vladimir Poutine que le rattachement de la Crimée serait "une annexion inacceptable", a aussitôt précisé que la réunion aurait lieu s'il y avait d'ici là "des avancées sur l'Ukraine".

Les Européens accélèrent le rapprochement avec l'Ukraine. Le volet politique de l'accord d'association avec l'Union européenne pourrait être signé au cours du prochain sommet de l'UE, prévu à Bruxelles les 20 et 21 mars.

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