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L'Europe moins exposée à une pénurie de gaz russe via l'Ukraine

L'Europe moins exposée à une pénurie de gaz russe via l'Ukraine

L'Europe consomme de plus en plus de gaz russe mais elle est moins exposée qu'avant à d'éventuelles coupures sur les gazoducs transitant par l'Ukraine, après un hiver doux et grâce à de nouvelles options de livraison.

Lundi, les stockages européens de gaz étaient pleins à 48,8% de leur capacité, contre environ 37% au même moment l'an passé, a indiqué à l'AFP le groupement d'opérateurs de gazoducs Gas Infrastructure Europe (GIE).

Soit environ un mois et demi de consommation, soulignent des analystes, alors que le Vieux Continent sort de son hiver le plus doux depuis six ans, ce qui a réduit la demande gazière.

Les deux fois où la Russie - en l'occurrence son géant gazier Gazprom - avait interrompu ses livraisons de gaz à son voisin ukrainien en 2006 et en 2009, la crise s'était produite début janvier, soit bien plus tôt dans l'hiver.

La part du gaz consommé en Europe qui passe par l'Ukraine tourne aujourd'hui autour de 15%, soit un peu plus de la moitié de ce que le Vieux Continent importe de Russie. Contre près des trois quarts avant l'inauguration fin 2011 du gazoduc Nord Stream, qui relie la Russie à l'Allemagne sous la mer Baltique.

Berlin, qui a beaucoup défendu Nord Stream, s'est d'ailleurs montré rassurant lundi. "Les réserves de gaz sont bien remplies", a souligné une porte-parole du ministère allemand de l'Economie, "nous sommes bien préparés à d'éventuels problèmes d'approvisionnement".

"A notre niveau, il n'y a pas d'inquiétude particulière. On ne pense d'ailleurs pas que les Russes vont faire ça (couper le gaz vers l'Ukraine, ndlr)", a renchéri à l'AFP une source industrielle en France, où le niveau de stockage est au plus haut depuis 5 ans pour cette période de l'année.

Signe de tension, Gazprom a toutefois décidé mardi de mettre fin à partir du mois d'avril à la baisse du prix du gaz vendu à l'Ukraine, a annoncé mardi son patron, Alexeï Miller.

L'exposition des différents pays européens au gaz russe reste très contrastée.

Les pays de l'Ouest de l'Europe (Belgique, Pays-Bas, Espagne, France, Royaume-Uni, Italie) tirent entre zéro et le quart seulement de leur consommation de gaz de Russie, selon une note de Morgan Stanley.

D'autres pays sont plus dépendants (Allemagne, Autriche, Pologne...) voire très ou entièrement dépendants (Finlande, pays baltes...) mais font ou peuvent faire parvenir du gaz russe sans passer par l'Ukraine. La Roumanie quant à elle couvre une grande partie de sa consommation avec sa propre production gazière.

Reste un premier rideau (Bulgarie, République Tchèque, Slovaquie, Balkans...) très dépendant des gazoducs traversant l'Ukraine, avant l'achèvement du chantier South Stream piloté par les Russes.

"Il faut regarder non seulement à un niveau continental mais aussi à niveau local ou régional", a souligné Philipp Palada, du GIE.

Mais le gaz continue pour l'instant d'affluer à ses niveaux habituels via l'Ukraine et le scénario d'une coupure générale des approvisionnements russes est jugée très improbable par les analystes.

"Le fait que la Russie arrête unilatéralement toutes ses livraisons est une hypothèse beaucoup plus tirée par les cheveux et n'est clairement pas dans l'intérêt de la Russie, en plus d'être politiquement dommageable", ont souligné lundi les analystes d'Eurasia.

"La Russie aussi est dépendante de l'Europe, car une grande partie de ses recettes provient de ces livraisons. Si ces livraisons devaient s'arrêter, les conséquences seraient aussi importantes pour la Russie", a souligné à l'AFP Claudia Kemfert, spécialiste allemande des questions énergétiques.

En 2012, 57% des exportations de gaz russe allaient en Europe de l'Ouest, 19% pour la Turquie et 24% en Europe de l'Est, selon l'EIA, le département américain de l'Energie. Quelque 84% du pétrole brut russe est également exporté vers l'Europe.

"Toutes les parties ont un intérêt commun à ce que le gaz continue à s'écouler", souligne Thierry Bros, analyste de la Société Générale, dans le Financial Times. "La Russie en a besoin pour l'argent, Gazprom du fait de ses obligations contractuelles, l'Ukraine parce qu'elle a besoin des taxes de transit et l'Europe parce qu'elle a besoin du gaz".

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