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Pakistan : 11 morts dans un attentat suicide contre un tribunal d'Islamabad

Pakistan : 11 morts dans un attentat suicide contre un tribunal d'Islamabad

Au moins onze personnes ont été tuées et une vingtaine d'autres blessées dans un double attentat suicide lundi contre un tribunal d'Islamabad, première attaque du genre en près de trois ans dans la capitale pakistanaise, généralement épargnée par les violences.

Selon des sources policières, des hommes armés ont d'abord ouvert le feu sur le tribunal du quartier, puis deux des assaillants ont actionné leur ceinture d'explosifs.

"Onze personnes ont perdu la vie et 24 autres ont été blessées", a déclaré à l'AFP le chef de la police d'Islamabad, Sikandar Hayat. L'hôpital PIMS, où les victimes ont été transportées, a confirmé ce bilan et la mort du juge Rafaqat Awan.

Ce juge avait déjà rejeté en première instance une demande afin d'entamer des procédures contre l'ex-président Pervez Musharraf pour l'opération sanglante de l'armée en 2007 contre des islamistes réfugiés dans la mosquée Rouge d'Islamabad. Un autre tribunal avait par la suite donné le feu vert à des poursuites contre l'ex-homme fort du pays dans cette affaire.

Mais il n'était pas clair que ce juge eut été la cible de cette opération, ont suggéré des témoins.

"Les assaillants tiraient partout, sans distinction", a déclaré un avocat sur place, Muhammad Yaseen. "Ils tiraient sur tous les juges, les avocats et les employés de la cour", a renchéri Naseeb Kiyani, président du barreau pour ce tribunal.

"Les assaillants étaient armés de kalachnikov et de grenades, ils étaient vêtus de shalwar kameez - tenue traditionnelle composée d'une longue tunique et d'un pantalon ample - et leurs visages étaient mangés par de longues barbes", a souligné Murad Ali Shah, un avocat témoin de la scène.

Des unités d'élite de la police bouclaient lundi le périmètre autour du tribunal dont la cour était jonchée d'éclats de verre et de lambeaux de chair, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Cet attentat intervient deux jours à peine après l'annonce d'un cessez-le-feu d'un mois par le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), regroupement de factions islamistes armées créé en 2007, afin de relancer les pourparlers de paix avec le gouvernement.

"Nous n'avons aucun lien avec cette attaque. Nous soutenons fermement le cessez-le-feu. Et nos camarades dans le mouvement ne peuvent pas violer cet accord", s'est défendu le porte-parole du TTP, Shahidullah Shahid.

Cet attentat vise à faire "dérailler" le processus de paix, a ajouté le négociateur en chef des talibans, Sami ul-Haq.

Le Ahrar ul-Hind, un groupuscule ayant récemment fait scission avec le TTP, a revendiqué cette attaque auprès de l'AFP. "Nous ne sommes plus membres du TTP, nous opérons désormais de façon indépendante", a précisé Asad Mansoor, porte-parole de ce groupe hostile à tout rapprochement avec le gouvernement d'Islamabad.

"Cela montre bien qu'il y a au Pakistan une multitude de groupes armés, et que ces insurgés prolifèrent jusque dans la capitale", a déploré le général à la retraite Talat Masood.

Le dialogue de paix, amorcé début février, avait été suspendu il y a deux semaines par le gouvernement, après l'exécution de 23 paramilitaires par une faction talibane. En représailles, l'aviation pakistanaise avait pilonné les positions des rebelles islamistes dans leurs fiefs des zones tribales du nord-ouest, à la lisière de l'Afghanistan.

En réponse au cessez-le-feu des talibans et pour relancer le processus de paix, le gouvernement a annoncé dimanche la suspension de ses raids aériens tout en se "réservant le droit de répondre d'une manière adéquate à tout acte de violence".

Le Pakistan est régulièrement endeuillé par des attentats dans le nord-ouest, au Baloutchistan (sud-ouest) et dans la métropole économique Karachi (sud), mais il est rare que la violence s'invite à Islamabad.

Le dernier attentat suicide dans la capitale remonte à juin 2011, peu après le raid d'un commando américain contre Oussama Ben Laden à Abbottabad, ville-garnison située à une centaine de kilomètres au nord.

Des ambassades ont demandé lundi à leur ressortissants de faire preuve de "vigilance accrue" après cet attentat.

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