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L'ombre de Hugo Chavez, décédé il y a un an, plane toujours sur le Venezuela

L'ombre de Hugo Chavez, décédé il y a un an, plane toujours sur le Venezuela

Le Venezuela commémore mercredi la mort de l'ex-président Hugo Chavez, terrassé par le cancer il y a un an, au moment où le pays pétrolier est en proie à une vague de protestation sans précédent contre son successeur et héritier politique Nicolas Maduro.

Le "Commandant", victime de la maladie après un combat de près de deux ans, est encore visible aujourd'hui à chaque coin de rue du pays. Vêtu de son traditionnel uniforme de commandant parachutiste, ou plus rarement d'un costume ou d'une chemine rouge, on peut l'apercevoir et l'entendre à toute heure dans les médias, alors que ses portraits ornent bon nombre de murs d'écoles et de façades de bâtiments officiels ou de logements modestes.

Aujourd'hui, le chantre d'une "révolution socialiste du XXe siècle" semble avoir laissé une emprunte indélébile sur son pays après 14 années de pouvoir mouvementées (1999-2013).

Pour commémorer son décès, annoncée par un Nicolas Maduro en larmes au soir du 5 mars 2013, le gouvernement a prévu d'organiser mercredi un défilé civilo-militaire à Caracas.

Mais le hasard du calendrier vient rappeler que la veille sera aussi l'occasion pour l'opposition de célébrer un mois de manifestations contre le gouvernement, jugé responsable d'une insécurité criante, d'une inflation record (plus de 56% en 2013) et de pénuries récurrentes de biens de première nécessité.

Le mouvement, entamé le 4 février en province sous l'impulsion d'organisations estudiantines, s'est déjà soldé par un bilan de 18 morts, provoquant l'inquiétude d'une partie de la communauté internationale.

Cible principale de la grogne, Nicolas Maduro, dauphin désigné de Hugo Chavez et président élu d'un cheveu en avril 2013, crie au complot ourdi de l'étranger, comme avait coutume de le faire son prédécesseur. Le dépositaire du legs politique de Chavez n'a aujourd'hui de cesse d'invoquer la parole de son charismatique prédécesseur et a repris à son compte sa réthorique nationaliste.

Comme Hugo Chavez, l'ex-ministre des Affaires étrangères appelle régulièrement ses partisans à répondre aux critiques dans la rue. Ces derniers mois, il a même repris son vocabulaire martial, convoquant ses collaborateurs "au poste de commandement" (palais présidentiel) pour mener "batailles" et "offensives" afin de gagner "la guerre" contre "la bourgeoisie" ou "les fascistes".

Le gouvernement "fait d'importants efforts pour que la figure de Chavez reste présente", relève la sociologue Maryclen Stelling, rappelant par exemple que la voix de l'ex-président entonnant l'hymne national ouvre la plupart des cérémonies officielles.

Pour certains observateurs, l'élève - un ex-chauffeur de bus venu à la politique par le syndicalisme - est même devenu plus sévère que le maître en refusant d'assouplir la mainmise de l'Etat sur l'économie d'un pays qui risque de s'enfoncer dans la crise alors que son sous-sol recèle les plus importantes réserves mondiales de brut.

"Maduro est arrivé au pouvoir avec une légitimité discutée, d'abord en s'arrogeant la vice-présidence (dans les derniers mois de la maladie de Hugo Chavez) puis en accédant au pouvoir après un quasi match nul avec l'opposition. Cela l'a conduit à être plus radical sur l'économie pour bâtir sa légitimité au sein du chavisme. Mais le résultat est décevant, l'économie est complètement paralysée", détaille l'économiste Maxim Ross.

Aujourd'hui, le strict contrôle des changes en vigueur depuis 2003 et le refus obstiné du gouvernement de dévaluer le bolivar malgré l'envolée du billet vert sur les marchés parallèles sont dénoncés par de nombreux acteurs économiques et analystes.

Reprenant là encore le discours de son mentor, M. Maduro répond aux critiques en incriminant "la bourgeoisie parasite" qui mène une selon lui "guerre économique" en se livrant à la rétention de biens et à la contrebande.

Mais l'impatience gagne une partie de la population, à mesure que les files d'attentes s'allongent devant les supermarchés. Des émeutes éclatent même parfois, lorsque la farine, l'huile, le sucre ou le papier hygiénique réapparaissent dans les rayons.

Sous pression, M. Maduro a récemment dû consentir une simplification de l'octroi de devises aux entreprises, mais il leur a dans le même temps serré la vis en imposant un plafond de 30% de bénéfices, au grand dam du patronat.

Malgré cette grogne croissante encouragée par l'opposition, les observateurs n'entrevoient pas dans l'immédiat une éventuelle déstabilisation du gouvernement. Parce que les Vénézuéliens les plus modestes, qui représentent une bonne part de la population, "sont encore connectés politiquement, mystiquement et religieusement avec Chavez, son legs et le socialisme bolivarien du XXIe siècle", estime Mme Stelling.

Le chef de file de la gauche radicale du continent était parvenu à tisser un lien très fort avec les plus modestes par son sens du contact, son humour, son charisme, mais aussi en finançant de nombreux programmes sociaux avec la rente pétrolière.

Pour les observateurs, M. Maduro semble pour l'heure avant tout soucieux de resserrer des rangs "chavistes". Il apparaît ainsi fréquemment bras-dessus bras-dessous avec l'autre grande figure du pouvoir, le président du Parlement Diosdado Cabello, et comble l'armée d'attentions en octroyant davantage de place à cet autre pilier de son pouvoir dans l'appareil d'Etat.

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