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Crimée : les forces spéciales russes en première ligne (experts)

Crimée : les forces spéciales russes en première ligne (experts)

Des experts militaires basés à Londres sont formels : les premiers soldats qui ont pris le contrôle de la Crimée sans tirer un coup de feu appartenaient aux forces spéciales et unités aéroportées russes; certains évoquent même une implication des commandos d'élite, les fameux Spetsnaz.

Igor Soutiaguine, spécialiste du monde russe auprès du prestigieux centre de recherches RUSI (Royal United Services) est le plus catégorique : "Les unités qui ont été dépêchées pour bloquer les gardes-côtes ukrainiens (à Perevalne) ce week-end étaient des Spetsnaz", assure-t-il à l'AFP.

"Ils étaient reconnaissables à leurs équipements spécialisés, et pourraient appartenir à la 3e Brigade basée à Toliatti", dans l'oblast de Samara, près de la frontière avec le Kazakhstan, précise-t-il.

Ces hommes aguerris "sont spécialisés dans la reconnaissance en profondeur et le sabotage". D'après lui, "des fusiliers marins d'au moins deux brigades de la mer Noire et de la mer Baltique les ont épaulés".

Matthew Clements, du groupe de défense Jane's intelligence review, est moins spécifique quant aux unités engagées ces derniers jours dans la péninsule du Sud de l'Ukraine.

"Les Russes ont déployé beaucoup d'efforts pour empêcher la moindre identification. Cependant, il y a en Crimée, de toute évidence, des unités d'élite aéroportées et, d'après ce que l'on sait, des forces spéciales également", avance-t-il.

Un troisième expert occidental s'exprimant sous couvert de l'anonymat confie : "A 200%, le mode opératoire s'inscrit dans la plus pure tradition des Spetsnaz, spécialistes s'il en est pour créer la confusion sinon le chaos dans le cadre d'une action psychologique".

Les trois experts s'exprimaient lundi au moment où les gardes-frontières ukrainiens faisaient état de l'arrivée de nouveaux renforts russes en Crimée, en violation des accords internationaux.

Les images des premiers soldats non-identifiés agissant pour le compte des autorités pro-russes locales ont fait le tour du monde. Sur leurs uniformes kakis, tous signes distinctifs susceptibles de trahir leur nationalité, leur corps d'origine ou leur grade, avaient été soigneusement effacés.

Et de leurs visages recouverts d'une cagoule noire, on n'entrevoyait que les yeux.

Armés de kalachnikovs, ils se sont montrés parfaitement disciplinés quand ils ont pris position, sans prononcer un mot et sans jamais faire usage de leurs armes, autour de lieux stratégiques : aéroports, bâtiments officiels ou casernes de l'armée ukrainienne.

Des avions de transport militaires, des hélicoptères ou des navires de guerre les ont acheminés sur place.

Moscou s'est gardé du moindre commentaire sur les forces engagées.

Le silence est la règle au sujet des Spetsnaz du GRU, qui dépendent de la Direction générale des renseignements de l'état-major des armées russes.

Leurs actions sont généralement entourées du plus épais secret militaire, à l'instar des SAS en Grande-Bretagne.

Spécialistes du sabotage, de l'élimination et de la prise d'objectifs stratégiques, ils sont régulièrement envoyés en éclaireurs derrière les lignes ennemies, en uniforme ou en civil, dans des conditions souvent ultra-périlleuses.

Héritiers des groupes du NKVD qui ont multiplié les coups de main contre les nazis pendant la Deuxième Guerre mondiale, ils ont été depuis de tous les coups durs et conflits.

Amnesty International les a accusés de crimes contre l'humanité pendant la guerre de Tchétchénie.

Ils se sont illustrés en Afghanistan et en Géorgie.

On leur a aussi prêté un rôle actif dans la libération d'otages au théâtre moscovite de la Doubrovka en 2002 et dans une école à Beslan, en Ossétie du Nord, en 2004.

Dans les deux cas, les opérations avaient été montées par des séparatistes tchétchènes et dans les deux cas, le bilan de l'intervention avait été particulièrement sanglant.

dh/jk/sym

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