Les sept pays les plus industrialisés du monde (G7) sont passés de la parole à l'acte dimanche en annulant tous les préparatifs du sommet du G8, une rencontre prévue en juin, à Sotchi, et qui devait inclure la Russie.
« Nous nous rejoignons aujourd'hui pour condamner la claire violation par la Fédération de Russie de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine », a déclaré le G7 par voie de communiqué.
La suspension aura lieu « jusqu'à ce que le climat revienne propice à la tenue de discussions productives par le G-8 », peut-on aussi lire.
De leur côté, les ministres des Finances du G-7 se sont dits prêts à soutenir financièrement l'Ukraine et n'excluent pas le recours au Fonds monétaire international.
Réprimandes américaines
Moscou avait déjà reçu dimanche matin un avertissement de Washington, la prévenant que la Russie risquait de perdre sa place au sein du G8 si elle envoyait des troupes en Ukraine.
Le secrétaire d'État américain, John Kerry, partira pour Kiev mardi afin d'afficher le soutien politique et économique des États-Unis aux nouvelles autorités ukrainiennes.
« Si la Russie veut être un pays membre du G8, elle doit se comporter comme un pays du G8 », a-t-il soutenu dimanche dans une entrevue télévisée.
G7 ou G8?
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a cependant remis en doute la possibilité d'exclure carrément la Russie du G8.
« Le format du G8 est le seul format où nous, les Occidentaux, nous parlons directement avec la Russie. Devrions-nous vraiment sacrifier ce seul format? », s'est-il demandé.
De son côté, la France s'est seulement prononcée dimanche pour la suspension du sommet du G8.
« La position de la France, c'est de souhaiter que soit suspendue la préparation du G8 de Sotchi tant que les partenaires russes ne sont pas revenus à des principes conformes au G8 et au G7 », a déclaré le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.
Le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni avaient tous les trois déjà annoncé la suspension de leur participation aux réunions préparatoires du G8, confirmant une éventualité de représailles évoquée dès vendredi.
Après une réunion avec ses principaux ministres, le premier ministre Stephen Harper a aussi décidé de rappeler l'ambassadeur canadien en Russie pour consultation.
Condamnations internationales
Plusieurs dirigeants ont continué, dimanche, à mettre en garde la Russie contre l'envoi de renforts militaires en Ukraine.
Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a déclaré que l'intervention militaire russe était une violation de la Charte des Nations unies.
« Nous exhortons les deux parties à rechercher sans tarder une solution pacifique par un dialogue bilatéral, via une médiation internationale [...] et le déploiement d'observateurs internationaux sous les auspices du Conseil de sécurité de l'ONU ou de l'OSCE », a déclaré l'Alliance atlantique dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion d'urgence tenue à Bruxelles.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, est en Ukraine, où il doit rencontrer les leaders du gouvernement intérimaire. « Nous devons admettre que la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine ont été violées et cela ne peut pas être la manière de gérer les affaires internationales », a-t-il expliqué.
Aucun ministre britannique n'assistera aux Jeux paralympiques de Sotchi.
Poutine et Obama discutent
En conversation au téléphone samedi avec le président Obama, Vladimir Poutine a déclaré se réserver le droit de protéger les intérêts des russophones en Ukraine si les violences se poursuivent dans l'est du pays.
Selon lui, les autorités ukrainiennes ne font qu'encourager les actions « provocatrices et criminelles » d'ultra-nationalistes.
Barack Obama a pour sa part prétendu que les inquiétudes de Moscou concernant ses ressortissants russes en Ukraine pouvaient se régler par le dialogue, de façon pacifique.