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Ukraine: bras de fer avec Moscou autour de la Crimée, qui veut plus d'autonomie

Ukraine: bras de fer avec Moscou autour de la Crimée, qui veut plus d'autonomie

Le pro-européen Arseni Iatseniouk a pris jeudi les rênes d'une Ukraine menacée de banqueroute et en plein bras de fer avec la Russie, tandis que l'Occident s'alarmait de la situation en Crimée, région où stationne la flotte russe et qui exige plus d'"autonomie"

La nomination de M. Iatseniouk a coïncidé avec la réapparition du président déchu Viktor Ianoukovitch, qui doit tenir vendredi une conférence de presse en Russie.

Le Parlement ukrainien a désigné jeudi à l'unanimité M. Iatseniouk comme Premier ministre du gouvernement de transition.

A 39 ans, cet ancien ministre de l'Economie et des Affaires étrangères va diriger le gouvernement d'union nationale jusqu'à l'élection présidentielle anticipée prévue le 25 mai, à laquelle il a déclaré ne pas être candidat.

M. Iatseniouk n'a pas fait mystère de la gravité de la situation dans laquelle se trouve le pays sur tous les fronts. "L'intégrité territoriale est menacée, on assiste à des manifestations de séparatisme en Crimée", a-t-il déclaré.

"Je dis aux Russes: ne nous affrontez pas, nous sommes des amis et des partenaires", a-t-il ajouté.

Sur le plan économique, "les comptes publics sont vides, tout a été volé. Je ne promets pas d'amélioration, ni aujourd'hui ni demain. Notre objectif principal est de stabiliser la situation", a dit M. Iatseniouk.

Selon lui, la dette publique s'élève à 75 milliards de dollars maintenant, soit le double de son niveau de "2010, quand Ianoukovitch est arrivé au pouvoir".

"Nous n'avons pas d'autre solution que de prendre des mesures impopulaires", a-t-il lancé.

Le Fonds monétaire international (FMI) a reçu jeudi une demande d'aide officielle de l'Ukraine et est "prêt à y répondre", a indiqué sa directrice générale Christine Lagarde. L'Ukraine avait auparavant indiqué avoir besoin d'une aide de 35 milliards de dollars dans les deux années à venir.

Après une chute de 5% mercredi, la devise ukrainienne, la hryvnia, plongeait d'environ 7% jeudi. Elle a perdu le quart de sa valeur depuis le début de l'année.

Les événements se sont aussi accélérés dans la république autonome de Crimée, péninsule russophone du sud de l'Ukraine, provoquant l'inquiétude des Occidentaux.

A Simféropol, capitale de la Crimée, le Parlement, contrôlé par un commando pro-russe depuis le début de la journée de jeudi, a voté la tenue le 25 mai d'un référendum pour plus d'autonomie. Il a également limogé le gouvernement local à l'issue d'un vote à huis clos.

Tôt jeudi, plusieurs dizaines d'hommes armés s'étaient emparés du siège du Parlement et du gouvernement locaux, sur lequel ils ont hissé le drapeau russe.

La Crimée, peuplée majoritairement de russophones, est la région d'Ukraine la plus susceptible de s'opposer aux nouvelles autorités en place à Kiev. Elle a d'abord appartenu, au sein de l'URSS, à la Russie, avant d'être rattachée à l'Ukraine en 1954.

L'action du groupe armé a été qualifiée de "dangereuse et irresponsable" par le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, qui s'est déclaré "extrêmement inquiet des évolutions les plus récentes en Crimée", exhortant la Russie à éviter "toute action pouvant provoquer une escalade" dans la crise ukrainienne.

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a également fait part jeudi de sa "grave inquiétude" par la voix de Didier Burkhalter, président en exercice de l'organisation et ministre suisse des Affaires étrangères.

"J'appelle instamment toutes les parties concernées à faire preuve de responsabilité et de prudence dans cette situation précaire", a déclaré M. Burkhalter.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a affirmé que la Russie s'était engagée à "respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine" au cours d'une conversation téléphonique jeudi matin avec son homologue russe Sergueï Lavrov.

Lors de ce même entretien, Moscou a également assuré ne pas être derrière les troubles en Crimée, a rapporté M. Kerry.

"Nous pensons que tout le monde doit maintenant faire un pas en arrière et éviter toutes formes de provocations", a déclaré le chef de la diplomatie américaine.

La Lituanie, qui assure la présidence mensuelle du Conseil de Sécurité des Nations unies, a appelé la Russie à entamer des discussions "directes" avec l'Ukraine afin d'éviter un "conflit régional".

Le ministre ukrainien de l'Intérieur par intérim, Arsen Avakov, a annoncé la mise en alerte de l'ensemble de la police et des forces spéciales afin d'éviter "un bain de sang parmi la population civile" et "l'évolution de la situation en affrontements armés".

Au Parlement, le président par intérim Olexandre Tourtchinov a mis en garde Moscou contre la tentation de faire intervenir sa flotte basée à Sébastopol, en Crimée. "Je m'adresse aux dirigeants militaires de la flotte de la mer Noire: tous les militaires doivent rester sur le territoire prévu par les accords. Tout mouvement de troupe armé sera considéré comme une agression militaire", a-t-il déclaré.

La Russie a répliqué jeudi qu'elle respectait les accords signés avec l'Ukraine. "Actuellement, toutes les divisions et unités assurent leur activité quotidienne, y compris ce qui est lié à la préparation au combat. Ces actes ne présentent aucune menace. Il n'y a aucune limitation juridique à cela", a déclaré le vice-ministre russe de la Défense Anatoli Antonov.

Parallèlement, Viktor Ianoukovitch, qui n'avait pas donné signe de vie depuis sa destitution au Parlement samedi et qui est recherché en Ukraine pour "meurtres de masse" après la mort de 82 personnes dont une quinzaine de policiers à Kiev la semaine dernière, a refait surface en Russie, où il a réclamé et obtenu la protection des autorités face aux "extrémistes".

M. Ianoukovitch doit tenir une conférence de presse vendredi à 17h00 heure locale (13h00 GMT) à Rostov-sur-le-Don, ville russe proche de la frontière avec l'Ukraine, à environ 200 kilomètres de son fief de Donetsk.

"Je me considère toujours comme le chef légitime de l'État ukrainien", a-t-il dit dans une déclaration "au peuple ukrainien" transmise auparavant aux agences de presse russes.

"Tout ce qui se passe actuellement au Parlement d'Ukraine est illégitime", a-t-il ajouté. "Je me vois contraint de demander aux autorités de la Fédération de Russie d'assurer ma protection personnelle face aux actions menées par des extrémistes", a-t-il ajouté.

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