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Vingt ans après, Hébron porte encore les stigmates du massacre du caveau des Patriarches

Vingt ans après, Hébron porte encore les stigmates du massacre du caveau des Patriarches

Vingt ans ont passé, mais pour Mohammad Abou Halawa, le souvenir est encore douloureux. Rescapé du massacre du caveau des Patriarches de Hébron, il est depuis cloué dans une chaise roulante chez lui, à 400 mètres de la tombe de l'auteur du carnage, un colon juif fanatique.

Le vendredi 25 février 1994 à l'aube, Baruch Goldstein, médecin de la colonie voisine de Kyriat Arba, mitraillait au fusil automatique M-16 les fidèles musulmans en prière au Caveau des Patriarches, lieu saint pour les juifs et les musulmans (qui l'appellent mosquée d'Ibrahim), avant d'être lynché par les survivants.

"Cela me fend le coeur chaque fois que je vois les colons danser sur la tombe du criminel qui m'a rendu infirme", soupire Mohammad Abou Halawa, 53 ans, paraplégique depuis le massacre, qui a fait 29 morts et des centaines de blessés, montrant une photo d'époque sur laquelle il apparaît couvert de sang.

"Nous sommes les victimes, mais c'est nous qui sommes punis sans avoir commis aucun crime, que ce soit aujourd'hui ou il y a vingt ans", ajoute ce père de quatre enfants au sujet des conditions draconiennes imposées par l'armée israélienne au coeur de la plus grande ville de Cisjordanie occupée.

"Je n'oublierai jamais ce qui est arrivé. A chaque fois que je pénètre dans la mosquée pour prier, je revois la scène, ce criminel ouvrant le feu, j'entends les rafales et les hurlements des fidèles, ce fut un moment horrible, indescriptible", se souvient cheikh Adel Idriss, imam du sanctuaire au moment de la tuerie.

Près d'un millier de manifestants ont défilé vendredi pour marquer ce 20ème anniversaire et réclamer la réouverture d'une des principales artères commerçantes, la rue Al-Chouhada (rue des Martyrs ndlr), fermée aux Palestiniens depuis.

A la suite du massacre, l'armée israélienne a divisé le caveau, où selon la tradition reposent Abraham et ses premiers descendants, Isaac et Jacob, en deux parties: l'une pour les fidèles musulmans et l'autre pour les pèlerins juifs.

"Les procédures d'accès et de prière pour les musulmans dans la mosquée sont devenues beaucoup plus dures, et ce sont les victimes qui sont punies", estime le directeur de l'administration des lieux saints musulmans à Hébron, Tayssir Abou Sneineh.

Il énumère "les portails électroniques, les fouilles minutieuses", qui dissuadent selon lui beaucoup de musulmans de se rendre désormais au lieu de culte.

La tension est permanente à Hébron, où quelque 700 colons juifs vivent sous haute protection militaire israélienne dans une enclave au milieu de plus de 190.000 Palestiniens.

Face aux appels aux juifs à visiter en masse le Caveau, inscrit en 2010 par le gouvernement israélien sur la liste des monuments historiques israéliens, bien qu'il soit situé en Cisjordanie, les appels se sont multipliés dans les médias palestiniens pour en revendiquer l'identité arabe et islamique.

Selon la Bible, c'est à Hébron que le patriarche Abraham, père des trois religions monothéistes, a acheté un terrain il y a 3.700 ans afin d'y enterrer son épouse Sarah.

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