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Le Parlement français, divisé, vote mardi la prolongation de l'opération militaire en Centrafrique

Le Parlement français, divisé, vote mardi la prolongation de l'opération militaire en Centrafrique

Le Parlement français se prononce mardi sur la prolongation de l'opération militaire en Centrafrique, alors que les interrogations sur les risques d'enlisement persistent et que peu de troupes occidentales sont venues épauler les Français.

Les débats s'annoncent animés en raison des difficultés sur le terrain, mais ils devraient se solder par un vote favorable des deux chambres.

"Rien n'a été réglé, le pays est toujours à feu et à sang". "On a évité un massacre", mais "il n'y a pas d'Etat : pas de justice, pas de police, pas d'école, plus rien", a résumé mardi un député de l'opposition de droite UMP, Eric Woerth.

Début décembre, 1.600 militaires français avaient été déployés en Centrafrique. Auréolé du succès quelques mois plus tôt au Mali, le président François Hollande avait alors prédit une mission rapide en assignant aux militaires la mission de désarmer les belligérants.

Mais le déroulement de cette opération ne s'est pas passé comme prévu : le désarmement est resté très limité et les violences, attisées par les vengeances, ont redoublé entre chrétiens et musulmans, provoquant la fuite de dizaines de milliers de ces derniers vers le nord.

A la demande pressante de l'ONU, Paris, longtemps réticent à tout effort supplémentaire, s'est résolu à envoyer récemment 400 militaires de plus en Centrafrique. L'Union européenne a promis un millier d'hommes mais qui ne sont toujours pas déployés sur le terrain.

"On ne peut pas dire qu'on est seuls", a répété mardi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, en citant ce futur déploiement européen et la présence en Centrafrique d'une mission africaine de quelque 6.000 hommes. "Si on n'avait pas été présents c'était un carnage", s'est-il défendu sur la chaîne de télévision France 2.

Pour l'opposition, la France a pêché par excès de confiance sur un théâtre d'opérations, une ancienne colonie, qu'elle croyait bien connaître. Et n'a pas fait tout ce qu'elle aurait dû faire pour entrainer ses partenaires européens.

"La France ne peut pas porter ça toute seule", a insisté le député Woerth sur la chaîne i-Télé. Il faut "faire de la diplomatie, aller partout pour demander plus de soldats et un cadre clair de négociation et reconstruction de l'Etat centrafricain", a-t-il jugé.

Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault devait défendre le bilan de l'opération vers 15H30 GMT à l'Assemblée nationale tandis que son intervention sera lue au Sénat par Laurent Fabius. Le vote est attendu en fin de journée.

La consultation du Parlement est prévue par la Constitution pour les opérations extérieures qui se prolongent au-delà de quatre mois.

Au plus haut niveau, les militaires réclament la poursuite de l'opération afin de consolider les progrès accomplis pour sécuriser le pays, dans l'attente d'un relais par une force de maintien de la paix de l'ONU. Cette opération de Casques bleus, selon les spécialistes, ne devrait pas se mettre en place au moins avant l'été. La présidente de transition centrafricaine, Catherine Samba Panza, plaide pour sa part pour le maintien des militaires français jusqu'aux élections prévues début 2015.

Plusieurs députés qui se sont rendus la semaine dernière à Bangui pointent des "erreurs d'appréciation" dans la préparation de l'opération et une "sous-estimation" du degré de violence. Ils s'interrogent également sur le nombre de soldats français déployés, jugé globalement insuffisant, et le montant de la facture, dont la France doit pour l'instant s'acquitter seule.

Si les socialistes voteront en faveur de la prolongation de la mission française, les élus communistes devraient s'abstenir tandis que les centristes s'orientent vers "un soutien avec réserve" de la prolongation. L'opposition de droite devrait de son côté se partager entre un soutien à la prolongation avec de fortes réserves, quelques votes contre et l'abstention.

dch/prh/nou/de

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