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Derrière WhatsApp, un pari sur l'essor des messageries via internet

Derrière WhatsApp, un pari sur l'essor des messageries via internet

L'acquisition de WhatsApp par Facebook est un pari sur le rôle futur des services de messagerie mobile par internet, qui suscitent beaucoup d'intérêt du fait de leur potentiel à bouleverser les communications de demain.

L'opération annoncée mercredi frappe par son montant énorme, 19 milliards de dollars. Mais un autre groupe, le japonais Rakuten, avait déjà décidé la semaine précédente d'acheter une application de messagerie par internet, Viber, pour 900 millions de dollars.

Certains analystes prédisent que cela ne s'arrêtera pas là, voyant en partie le prix payé par Facebook comme un moyen de couper l'herbe sous le pied de rivaux comme Google.

"On peut s'attendre à une activité de fusions-acquisitions accrue autour des applications spécialisées dans la création et le partage de contenus, les services de messagerie sécurisés ou pour les marchés émergents", estime dans un blog Raul Castanon, un analyste de la société de recherche Yankee Group.

Cela a profité jeudi à l'action BlackBerry, les investisseurs se rappelant soudain que si les smartphones du groupe canadien n'ont plus la cote, son système de messagerie BBM a toujours 80 millions d'utilisateurs.

"Il y aura d'autres opérations", dit aussi à l'AFP Thibaut de Smedt, de la banque d'affaires Bryan Garnier & Co. Mais plutôt qu'à BlackBerry, trop compliqué à restructurer, il pense à "des startups qui ont inventé un service et l'ont propagé dans le monde" notamment en Asie.

Les services similaires à WhatsApp y sont nombreux, tels WeChat en Chine, Line au Japon ou Kakao en Corée du Sud. Ils restent très tournés vers leur marché intérieur, mais commencent à s'internationaliser.

Pour Declan Lonergan du Yankee Group, les achats d'applications comme WhatsApp et Viber traduisent surtout "l'importance croissante des communications via internet".

"La valeur accordée par Facebook à WhatsApp est outrageusement élevée, mais le risque d'être laissé pour compte si ces applications deviennent les plateformes dominantes pour les communications, la distribution de média, l'engagement social et la publicité l'est aussi", souligne-t-il.

Les messages envoyés par des messageries via internet sont en train de remplacer, au moins en partie, les SMS des opérateurs télécoms traditionnels, un marché d'un centaine de milliards de dollars par an à l'échelle mondiale.

L'an dernier, le volume mondial de SMS échangés a été inférieur à celui des messages "sociaux" du fait d'un "grand pas en avant des applications de messagerie", dont la croissance devrait rester très forte dans les prochaines années, estime le cabinet de recherche Ovum.

"Comme YouTube (racheté par Google en 2006) avait le potentiel de bouleverser l'écosystème de la vidéo en ligne, WhatsApp pourrait bouleverser le marché mondial des messages payants", résume la banque Jefferies.

Pour l'heure, les services de messagerie par internet restent un pari risqué, avec un modèle économique restant à inventer.

"Dans deux ans, ce sera peut-être trop tard pour les Snapchat et autres qui jusqu'à maintenant ont refusé de se faire racheter", prévient Thibaut de Smedt, en allusion à une offre de 3 milliards de dollars de Facebook que, selon la presse, ce service de messages éphémères très populaire auprès des jeunes aurait rejetée avant que le réseau social ne jette son dévolu sur WhatsApp.

WhatsAap a connu samedi une panne mondiale de plusieurs heures, peut-être victime de son succès après son rachat spectaculaire.

"Quand tous les gros auront fait leur marché, il n'y aura plus personne pour les acheter, en tout cas pas à ces prix là", poursuit-il. "Parce qu'une valorisation (basée sur) un nombre d'utilisateurs qui ne payent pas, ça va un temps".

Comment un service comme WhatsApp, dont les dirigeants rejettent la publicité et les fonctionnalités annexes, pourra-t-il un jour rapporter suffisamment pour justifier son prix ?

M. de Smedt exclut que ce type de services reste complètement gratuit, mais également qu'il soit financé à 100% par la publicité comme le sont actuellement les services en ligne gratuits.

Ils pourraient mettre en place un système partiellement payant. Ou, envisage la Deutsche Bank, servir demain de porte d'entrée vers d'autres services, de paiement ou de commerce par exemple.

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