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Brésil - Paulo André, joueur activiste poussé vers l'exil chinois

Brésil - Paulo André, joueur activiste poussé vers l'exil chinois

Leader des joueurs qui voulaient révolutionner le foot brésilien et d'un club secoué par la violence de ses supporters, le défenseur central de Corinthians Paulo André a surpris tout le monde en se faisant transférer en Chine.

"La proposition est arrivée lundi, ça s'est fait très vite", a expliqué l'ex-joueur du Mans (2006-2009) mercredi en conférence de presse. "J'ai demandé à partir parce que la proposition était très bonne".

Le défenseur de 30 ans, en fin de contrat dans le club pauliste en décembre 2014, s'est engagé pour deux ans au Shanghai Shenhua, où avaient évolué les attaquants français Nicolas Anelka et ivoirien Didier Drogba.

Le transfert n'est pas banal, moins pour la destination que par la personnalité du joueur, son statut social dans le foot brésilien et le contexte particulier.

Peintre à ses heures, Paulo André a publié en 2012 un livre de réflexions sur son métier ("Le match de ma vie", chez LeYa Brasil). Il dit s'inspirer de Socrates, joueur légendaire décédé en 2011 et apôtre de l'autogestion, la "démocratie corinthienne", au sein du même club dans les années 1980.

En 2013, Paulo André a créé le Bom Senso FC (bon sens FC), un collectif de joueurs qui a défié la Confédération brésilienne (CBF) et perturbé la fin du Championnat national. Les principales revendications du groupe portent désormais sur une réforme du calendrier et l'introduction d'un fair-play financier.

Il assure que son départ ne remet pas en cause le mouvement mais son exil chinois a du coup été largement critiqué sur les réseaux sociaux, sur le thème du "déserteur". "Ce n'était pas la première fois que j'avais une proposition et j'ai encore le droit de décider de ce que je veux faire, a-t-il rétorqué. Ma priorité est mon travail, mais mes convictions politiques demeurent".

Après Pato (Sao Paulo FC) et Douglas (vasco de Gama), il s'agit du troisième joueur à quitter Corinthians depuis la violente invasion du centre d'entraînement, le 1er février, par une centaine de supporters mécontents.

La plupart des joueurs s'étaient barricadés, l'un d'eux avait été agressé au cou (le Péruvien Paolo Guerrero), tandis que Paulo André et deux de ses coéquipiers avaient dû se réfugier dans un réduit.

"Ça n'a pas été prépondérant, mais ça a pesé dans ma décision, a-t-il avancé. Ce qu'on a vécu ce jour-là nous a effrayés. Nous avions peur pour notre sécurité".

Il avait envisagé avec ses coéquipiers de débrayer pour le match du lendemain, mais sous la pression du diffuseur télévisuel Globo et de la direction du club, qui craignait une sanction de relégation, les joueurs avaient finalement accepté de disputer la rencontre. Paulo André avait d'emblée prévenu l'arbitre qu'au moindre incident, ils gagneraient le vestiaire. Ce qu'il a fait lui-même... sous le coup d'un carton rouge.

Le Bom Senso avait ensuite envisagé de faire grève le week-end suivant, mais des dissensions étaient apparues en son sein, et l'idée abandonnée. Les pouvoirs publics et la Fédération pauliste avaient donné des garanties de sécurité et des gages de négociations.

Paulo André avait alors été critiqué, sous l'angle du joueur plus enclin à la défense de ses idées que de son but, sur un terrain plus politique que footballistique. Cible aisée, tant le patron de l'arrière-garde rouge et noir a peu brillé en 2014, à l'image de son équipe (12 buts encaissés, quatre défaites en sept matches).

Certains médias estiment aussi qu'il aurait été poussé vers la sortie par l'entraîneur Mano Menezes, désireux de renouveler son effectif, voire le président, Mario Gobbi, qui aurait pris ombrage de l'influence politique prise par le joueur. D'où la non-prolongation de son contrat.

"Pas du tout, le président a dit qu'il était fier d'avoir un joueur comme ça dans son club", a assuré à l'AFP le service de presse de Corinthians.

Inattendue, cette poudre d'escampette vers la Chine semble finalement arranger beaucoup de monde.

ybl/stt/mhc

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