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Thaïlande: rejet de la requête de l'opposition d'invalider les élections

Thaïlande: rejet de la requête de l'opposition d'invalider les élections

La justice thaïlandaise a rejeté mercredi la demande de l'opposition d'invalider les législatives controversées du 2 février, donnant un coup de pouce à un gouvernement soumis depuis trois mois à la pression de manifestants qui réclament sa chute.

La Cour constitutionnelle a refusé d'examiner les demandes du Parti démocrate, principale formation de l'opposition, d'annuler les élections et de dissoudre le parti Puea Thai au pouvoir, estimant qu'il n'y avait "pas de bases suffisantes" pour ce faire.

"Je respecte la décision de la Cour (...). Mais si le gouvernement fait une autre erreur, nous soumettrons" une autre requête, a réagi l'avocat des Démocrates, Wiratana Kalayasiri, qui avait justifié son action par le fait que ces législatives, boycottées par son parti, n'avaient pu se dérouler sur une seule journée.

Les manifestants, qui veulent remplacer le gouvernement par un "conseil du peuple" non élu, ont en effet fortement perturbé le vote par anticipation du 26 janvier et empêché le déroulement du scrutin dans 10% des bureaux de vote le 2 février.

Dans ces conditions, aucun résultat n'a été publié, en attendant deux nouvelles journées de scrutin: l'une le 20 avril pour terminer le vote par anticipation et l'autre le 27 avril dans les circonscriptions où le vote a été empêché lors du scrutin principal.

Aucune solution n'a en revanche été annoncée pour les 28 circonscriptions où le vote n'a pas eu lieu faute de candidat, les manifestants ayant empêché l'enregistrement des candidatures.

Sans ces 28 députés, le Parlement ne disposera pas du quorum de 95% des 500 sièges pour se réunir et élire un nouveau gouvernement.

La décision de la Cour "donne un peu de répit au gouvernement mais cela ne résoud pas l'impassse", a commenté Thitinan Pongsudhirak, de l'université Chulalongkorn de Bangkok.

Le gouvernement continue ainsi d'être condamné à expédier les affaires courantes. Avec des pouvoirs limités, il est, selon les analystes, plus vulnérable à une intervention de la justice qui pourrait conduire à un nouveau "coup d'Etat judiciaire".

La Première ministre, Yingluck Shinawatra, fait face depuis l'automne à un mouvement de rue réclamant sa tête et la fin de l'influence de son frère Thaksin Shinawatra, renversé par un coup d'Etat en 2006 et accusé de tirer les ficelles du pouvoir depuis son exil.

Ce putsch a précipité la Thaïlande dans un cycle de crises politiques faisant descendre dans la rue tour à tour les ennemis et les partisans du milliardaire Thaksin, qui reste le personnage le plus aimé et le plus détesté du royaume.

Les masses rurales et urbaines défavorisées du nord et du nord-est lui sont fidèles, reconnaissantes de ses politiques en faveur des plus pauvres. Les élites de Bangkok, proches des manifestants dans la rue depuis trois mois, le voient en revanche comme une menace pour la révérée monarchie.

Dans un pays où la justice a eu un rôle important dans l'histoire politique récente, chassant deux gouvernements pro-Thaksin du pouvoir en 2008, d'autres procédures menacent le gouvernement.

Yingluck est ainsi visée par une enquête de la puissante commission anticorruption en lien avec un programme controversé d'aide aux riziculteurs.

Et des dizaines d'élus de son parti Puea Thai sont sous la menace d'une interdiction de vie politique pour cinq ans après une tentative ratée d'amender la constitution pour faire du sénat une assemblée entièrement élue.

La Cour constitutionnelle a d'autre part rejeté mercredi une requête du Puea Thai qui voulait qu'elle ordonne l'arrêt des manifestations qui, selon lui, vise à renverser le système démocratique.

Les manifestants ont eux appelé à un nouveau grand rassemblement sur deux jours à partir de vendredi.

S'ils avaient réuni des dizaines voire des centaines de milliers de personnes lors du lancement mi-janvier de leur opération de "paralysie" de Bangkok, leur nombre s'est depuis largement réduit.

Ils continuent malgré tout de bloquer certains carrefours de la capitale et de défiler régulièrement, malgré l'état d'urgence en vigueur dans une capitale où les violences ont fait au moins dix morts depuis le début de la crise.

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