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L'ONU craint un « nettoyage ethnique » en Centrafrique

L'ONU craint un « nettoyage ethnique » en Centrafrique

Les soldats de la Mission africaine en Centrafrique (MISCA) ont découvert mercredi une fosse commune dans une caserne militaire de Bangui occupée par des rebelles de la Séléka.

En visite dans la capitale centrafricaine, le haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Antonio Guterres, a jugé que le pays était en train de sombrer dans un « nettoyage ethnicoreligieux ».

Un journaliste de Reuters a distingué au moins une dizaine de corps en décomposition dans une caserne du quartier des 200 Villas dans le centre de Bangui, où sont toujours stationnés des combattants de la Séléka. Ces corps avaient été entassés dans une large excavation, probablement une fosse septique.

Antoine Mboa Bogo, responsable local de la Croix-Rouge, a confirmé l'existence d'une fosse commune dans cette caserne. Il a déclaré qu'une équipe de la Croix-Rouge reviendrait dans la caserne jeudi pour déterminer le nombre de morts.

En visite dans la capitale centrafricaine, Antonio Guterres a appelé au déploiement d'une vaste force internationale de maintien de la paix pour rétablir la sécurité dans un pays plongé dans la violence depuis mars 2013 et la prise de pouvoir de la Séléka.

« Nous sommes les témoins d'une catastrophe humanitaire en République centrafricaine », a dit Antonio Guterres à la presse. « Un nettoyage ethnicoreligieux est en cours. »

Jusqu'au départ de leur chef, Michel Djotodia, contraint de céder le pouvoir en janvier sous la pression internationale, les rebelles essentiellement musulmans de la Séléka ont multiplié pillages, viols et meurtres.

Désormais qu'ils se sont retirés du sud du pays, des milices chrétiennes « anti-balaka » se sont lancées dans une campagne de représailles tous azimuts contre les musulmans, assimilés aux rebelles.

Des mosquées ont été saccagées et détruites, des habitants ont été tirés de chez eux pour être lynchés. Face à ces massacres, les musulmans fuient en masse Bangui et le sud de la Centrafrique.

Joanne Mariner, d'Amnistie internationale, estime que 100 000 musulmans ont ainsi pris la route de l'exode au point de redessiner entièrement la carte religieuse du pays.

Pont aérien

La présence de 1600 militaires français de la force Sangaris et de 6000 soldats de la MISCA n'a pas permis de briser le cercle des attaques et des représailles, qui ont fait plus de 2000 morts et un million de déplacés, soit le quart de la population du pays, selon l'ONU.

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a rencontré mercredi la présidente par intérim, Catherine Samba-Panza. Il a déclaré que les milices anti-balaka étaient devenues la principale menace contre la paix en Centrafrique.

Les anti-balaka (« anti-machettes » en langue Sango) regroupent des chrétiens, des animistes portant des amulettes censées les protéger, ainsi que des militaires et des partisans de l'ancien président François Bozizé, renversé par la Séléka.

Dans un rapport, Human Rights Watch (HRW) affirme que les anti-balaka se sont organisés et laissent de plus en plus ouvertement entendre que leur objectif est l'élimination des musulmans en Centrafrique.

« Que les chefs des anti-balaka mettent en uvre une politique délibérée de nettoyage ethnique ou procèdent à des exactions collectives contre la population musulmane, le résultat final est évident : la disparition des communautés musulmanes installées de longue date », a dit Peter Bouckaert, directeur des situations d'urgence en Centrafrique pour HRW.

À Yaloké, une ville spécialisée dans le commerce de l'or dans l'ouest de la Centrafrique, il ne reste plus qu'à peine 500 musulmans et une mosquée alors qu'ils étaient auparavant 30 000 avec huit mosquées, a-t-il ajouté à titre d'exemple.

Les musulmans représentaient 15 % des 4 millions d'habitants de la Centrafrique. Beaucoup étaient négociants, commerçants ou bergers et leur exode fait craindre une grave crise alimentaire.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a ouvert mercredi un pont aérien destiné à acheminer en un mois environ 1800 tonnes de céréales, soit de quoi nourrir 150 000 personnes pendant un mois.

Le PAM a fait le choix du pont aérien, car il juge que les routes de Centrafrique ne sont pas assez sûres.

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