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Le patrimoine culturel syrien, "victime oubliée de la guerre", selon une campagne internationale

Le patrimoine culturel syrien, "victime oubliée de la guerre", selon une campagne internationale

Une campagne internationale destinée à alerter l'opinion publique sur les graves dommages causés à l'immense patrimoine culturel syrien, "victime oubliée de la guerre" depuis trois ans, a été lancée mardi à Rome.

"Presque personne ne parle des dégâts faits à l'un des plus importants patrimoines culturels au monde", a déploré devant la presse étrangère Francesco Rutelli, ancien maire de Rome et ex-ministre italien de la Culture. Selon M. Rutelli, qui est aussi président d'honneur de l'Institut pour la diplomatie culturelle (ICD) de Berlin, la Syrie compte 10.000 monuments, sites, aires archéologiques, musées et centres historiques.

"Nous sommes tous touchés par le drame humanitaire qui a lieu là-bas, les milliers de victimes (136.000 selon une ONG syrienne, ndlr), les réfugiés (2,4 millions, ndlr), mais ce n'est pas une raison pour ignorer cet autre drame", a-t-il ajouté.

Le professeur Paolo Matthiae a apporté sa caution d'archéologue expert de la Syrie à cette "campagne pour le sauvetage du patrimoine culturel syrien".

"La Syrie a été de tout temps un pont unique entre l'Orient et l'Occident", a souligné le chercheur, inquiet de la multiplication des fouilles clandestines et du pillage des sites antiques.

Découvreur de la cité d'Ebla en 1964, Paolo Matthiae n'est plus retourné fouiller en Syrie depuis l'automne 2010, quand toutes les missions internationales ont été arrêtées par mesure de sécurité.

"C'est parce que nous pensons aux populations que nous pensons à leur patrimoine, à leur cadre de vie", a renchéri Michel Gras, directeur de recherches au CNRS et ex-président de l'Ecole française de Rome.

Sept sites, dont la vieille ville d'Alep, Palmyre, le Krak des Chevaliers et la forteresse de Saladin, ont été classés en 2013 par l'Unesco sur la liste du patrimoine mondial en péril.

Rappelant que la Syrie avait été le lieu de nombre d'avancées fondamentales pour l'humanité - la domestication de la faune et la flore au Néolithique, la création de la cité moderne, l'invention du premier alphabet -, le Pr. Matthiae a ajouté que cette terre était également le "symbole de la coexistence pacifique et de la tolérance entre les religions".

Comme mesures prioritaires, les promoteurs de la campagne de sauvegarde ont réclamé la mise en sécurité et la surveillance des sites, la lutte contre le trafic d'oeuvres d'art et la préparation de l'après-guerre afin de relancer un tourisme culturel indispensable au développement économique des populations.

Un prix de 10.000 euros, intitulé "Cultural heritage rescue Prize", sera décerné avant cet été par un jury de personnalités internationales "à une personne, une association ou une institution qui se sera engagée dans la protection de la culture et de l'art en péril en Syrie".

Les promoteurs de la campagne espèrent également organiser rapidement une exposition d'oeuvres d'art syriennes à Rome, intitulée "la Syrie: splendeurs et drames".

lrb/fka/ml

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