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Bosnie: les pressions contre le pouvoir continuent dans la rue

Bosnie: les pressions contre le pouvoir continuent dans la rue

De nouvelles manifestations contre le pouvoir et la pauvreté étaient attendues mardi dans plusieurs villes de Bosnie où le gouvernement de l'entité croato-musulmane refuse de démissionner, malgré une pression persistante des protestataires dans le pays où près d'un habitant sur deux est au chômage.

"Qui sème la misère, récolte la colère", titrait mardi le quotidien Oslobodjenje, alors que Dnevni Avaz parlait d'un "tsunami citoyen".

La veille, plusieurs centaines de manifestants avaient protesté à Sarajevo pour réclamer la démission du Premier ministre de l'entité croato-musulmane qui ensemble avec une entité serbe, forment la Bosnie après le conflit de 1992-95 qui a fait 100.000 morts.

"La cause de ces manifestations est évidente", a dit à l'AFP l'anayste Tanja Topic en faisant référence aux graves problèmes économique du pays.

"Les dirigeants politiques n'ont pas voulu croire que le peuple allait décider de les punir de cette façon", a-t-elle poursuivi.

Le taux de chômage est de 44% en Bosnie, selon l'Agence nationale des statistiques. Néanmoins, la banque centrale évalue ce taux à 27,5% en raison du nombre très élevé des personnes employées au noir.

Après les violences du vendredi au cours desquelles ont été saccagés les sièges des autorités régionales dans plusieurs villes, ainsi que le bâtiment de la présidence bosnienne à Sarajevo, des manifestations se sont poursuivies au quotidien, sans incidents.

Depuis, sous la pression de la rue, les chefs de quatre administrations régionales sur les dix que compte la Fédération croato-musulmane ont présenté leurs démissions.

"On s'attendait bien à ce que la population exprime tôt ou tard son mécontentement. Si le Fonds monétaire international (FMI) et des banques commerciales ne seraient pas intervenues pour combler les déficits budgétaires de l'Etat, cette escalade auraient eu lieu plus tôt", fait valoir l'analyste politique Svetlana Cenic.

Le FMI a alloué en septembre 2012 une aide de 384 millions d'euros, dont la cinquième tranche de 48 millions d'euros a récemment été approuvée.

La colère des manifestants est désormais concentrée sur le gouvernement de l'entité croato-musulmane.

Son premier ministre, Nermin Niksic, un Musulman du Parti social-démocrate, a refusé lundi soir de démissionner.

"Je respecte le droit des citoyens de manifester, voire même de réclamer la démission du gouvernement. Mais nous estimons que mon départ et celui des ministres conduirait vers une paralysie au sein de l'entité" croato-musulmane, a déclaré M. Niksic.

Son parti a appelé à l'organisation des élections législatives anticipées pour calmer la gronde populaire.

Normalement, ces élections doivent avoir lieu en octobre.

"Nous allons remettre mardi au Parlement (central du pays) un projet d'amendement du code électoral qui nous permettrait d'organiser au plus vite les élections anticipées", a-t-il dit.

Dans un pays où le pouvoir est partagé par des représentants politiques des trois principaux peuples (Serbes, Croates, Musulman) et où toute décision nécessite un consensus, la modification du code électoral s'annonce difficile.

Les entités ne peuvent pas organiser séparément les élections. Or, des responsables politiques serbes ont déjà fait savoir qu'ils ne soutiendraient pas une modification du code électoral.

Parti de Tuzla, jadis la plus importante ville industrielle de Bosnie, où des milliers de salariés se sont retrouvés au chômage à cause des échecs en série des privatisations de leurs usines, le mouvement de protestation a gagné la capitale et plusieurs autres grandes villes.

Il s'agit notamment d'agglomérations où les Musulmans sont majoritaires.

rus/cn/ros

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