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Ukraine: la disparition d'un militant alimente les craintes de répression

Ukraine: la disparition d'un militant alimente les craintes de répression

La disparition d'un militant ukrainien très actif contre le pouvoir, après la mort d'un autre, qui avait été enlevé, alimente les craintes d'une vague de répression sanglante parmi les opposants.

Introuvable selon ses collègues depuis mercredi soir, Dmytro Boulatov, 35 ans, est l'un des leaders d'Automaïdan, mouvement de manifestants en voiture, qui a organisé plusieurs actions spectaculaires devant la résidence du président Vitkor Ianoukovitch près de Kiev.

La journaliste Tetiana Tchornovol, dont la violente agression en décembre a suscité une forte émotion, en est membre.

L'épouse de M. Boulatov a signalé jeudi soir sa disparition aux forces de l'ordre, et a demandé une enquête, a indiqué un responsable de la police cité par l'agence Interfax.

Le même jour, un cadavre trouvé dans une forêt était formellement identifié comme le corps d'un militant disparu quelques jours plus tôt. La découverte macabre a suscité une importante émotion parmi les militants mobilisés depuis plus de deux mois à Kiev contre le pouvoir, aussitôt montré du doigt.

Quelques jours plus tôt, Dmytro Boulatov s'était lui-même dit menacé. "Nos gars vont là où il y a des problèmes (...) Il est devenu dangereux d'être militant d'Automaïdan", avait déclaré ce père de trois enfants au site d'opposition en ligne Ukraïnska Pravda.

"S'il m'arrive quelque chose, il y aura encore plus d'indignation. Si cela aide à gagner (...), que cela arrive. J'ai grandi en URSS et je ne veux pas que mes enfants vivent ainsi", avait-il ajouté dans cette interview.

Le militant retrouvé mort, Iouri Verbitski, portait des marques de tortures.

Il avait été kidnappé mardi avec un autre militant, Igor Loutsenko qui, battu et abandonné dans une forêt, a, lui, réussi à s'en sortir vivant.

Signe de l'émotion provoquée, environ 10.000 personnes se sont rassemblées vendredi à Lviv, bastion nationaliste de l'ouest, pour les funérailles.

"Plusieurs facteurs suggèrent une possible collusion entre les ravisseurs et les forces de l'ordre et services de sécurité", a dénoncé l'organisation Human Rights Watch. L'ONG a demandé une enquête indépendante et transparente.

Un autre dirigeant d'Automaïdan, Serguiï Koba a fui l'Ukraine dans l'urgence. "Je pense qu'il vaut mieux être libre et faire tout mon possible pour le pays que de purger une peine de 15 ans de camp", a-t-il écrit jeudi sur sa page Facebook, sans plus d'explications.

Serguiï Kleïn, un autre militant de la formation, a raconté à l'AFP avoir quitté provisoirement le pays pour l'Allemagne. "Vu les pressions qui pèsent sur les militants d'Automaïdan, ceux qui sont restés en Ukraine ont éteint leur téléphone par crainte d'être suivis", a-t-il dit.

Militante active du groupe, la journaliste d'opposition Tetiana Tchornovol avait été sauvagement battue par des inconnus dans la banlieue de Kiev en décembre.

Les images du visage tuméfié de la jeune femme, connue pour des enquêtes sur la corruption des autorités, avaient entraîné de vives réactions en Occident. Elles avaient renforcé la mobilisation à Kiev où des manifestants pro-européens contestent depuis plus de deux mois le régime du président Viktor Ianoukovitch, après son refus de signer un accord d'association avec l'Union européenne au profit d'un rapprochement avec la Russie.

Tetiana Tchornovol avait estimé que sa vie avait été "mise à prix" et lié son passage à tabac à "une vengeance" pour son travail. Les autorités ont au contraire laissé entendre vendredi que l'opposition se trouvait derrière cette agression.

L'agression a suscité d'autant plus d'émotion que la journaliste travaille pour le site Ukrainska Pravda, fondé en 2000 par Gueorgui Gongadzé. Enlevé la même année, puis retrouvé décapité, ce dernier est devenu un symbole de la liberté d'expression.

Un ex-général de la police, Olexi Poukatch, a été condamné il y a un an à la réclusion à perpétuité pour ce meurtre. L'ex-président ukrainien Leonid Koutchma, dont l'actuel chef de l'Etat Viktor Ianoukovitch fut un temps le Premier ministre avant la Révolution orange de 2004, a rejeté des accusations d'implication formulées à son encontre, qui n'ont jamais été prouvées.

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