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La contestation s'étend en Ukraine après l'échec de négociations

La contestation s'étend en Ukraine après l'échec de négociations

La contestation s'étendait vendredi aux régions de l'ouest de l'Ukraine à l'issue de l'échec de négociations avec le président Viktor Ianoukovitch, la situation s'enfonçant dans l'impasse après les heurts violents de ces derniers jours à Kiev, condamnés par les Européens.

Les manifestants favorables à l'Union européenne ont érigé de nouvelles barricades et pris d'assaut dans la nuit un nouveau bâtiment public dans le centre de Kiev, le ministère de l'Agriculture, près de la place de l'Indépendance, épicentre de la contestation, occupée depuis maintenant deux mois et hérissée de barricades.

Au moins deux personnes ont été tuées par balle pendant des heurts à Kiev depuis dimanche. L'opposition avance un bilan de cinq manifestants tués.

Le mouvement, né de la volte-face en novembre du pouvoir ukrainien qui a brusquement refusé de signer un accord d'association avec l'UE pour se tourner vers la Russie, s'est étendu à la province, gagnant six régions de l'ouest nationaliste du pays (Lviv, Rivné, Ternopil, Khmelnitski, Tchernivtsi, Ivano-Frankivsk) où les bâtiments de l'administration régionale ont été pris d'assaut et occupés.

A Lviv, bastion nationaliste, où la branche locale du Parti des Régions, au pouvoir, s'est désolidarisée des autorités centrales, les manifestants ont dressé des barricades avec des pneus et des sacs de sable devant le bâtiment occupé.

A Tcherkassy (centre), les forces de l'ordre ont repris le bâtiment occupé et interpellé une cinquantaine de personnes.

Les manifestants ont en outre bloqué une autoroute menant à la frontière polonaise.

L'extension de la contestation plonge encore davantage l'Ukraine dans l'impasse, le pouvoir, soutenu par Moscou, n'ayant donné, quant à lui, aucun signe d'inflexion malgré les injonctions des capitales européennes.

Le ministère allemand des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur d'Ukraine a Berlin. Le ministre, Frank-Walter Steinmeier, a exhorté l'Ukraine à cesser "les brutalités contre les manifestants pacifiques".

L'ambassadeur ukrainien à Paris a également été convoqué pour lui signifier que les violences étaient "inacceptables, inadmissibles", selon les termes du ministre Laurent Fabius, qui a indiqué être par ailleurs en contact avec Vitali Klitschko, l'un des chefs de l'opposition.

Cet ancien champion du monde de boxe, bien connu en particulier en Allemagne, participait jeudi soir à des négociations avec le président Viktor Ianoukovitch qui n'ont débouché sur aucun compromis.

"Nous devons faire en sorte que toute l'Ukraine se rebelle", a-t-il lancé devant les manifestants à l'issue de ces entretiens de quatre heures.

Vendredi, M. Ianoukovitch a de son côté nommé au poste clef de chef de son administration un tenant de la ligne dure, l'actuel secrétaire du Conseil de sécurité nationale Andriï Kliouïev, en remplacement de Serguï Liovotchkine, un modéré qui avait donné sa démission la semaine dernière après l'adoption de lois controversées durcissant les sanctions contre les manifestants.

Un calme tendu régnait vendredi dans le centre de Kiev, où continuaient de se faire face les forces antiémeute et des centaines de manifestants radicaux, de part et d'autre de barricades renforcées par l'opposition au fil des semaines.

"J'ai l'impression de m'être fait avoir", lâche Evguéni, 26 ans, qui a passé la nuit sur les lieux par des températures avoisinant les -20 degrés, réchauffé par des feux de fortune.

Les manifestants, à l'invitation des chefs de file du mouvement, se sont en revanche activés toute la nuit pour repousser les limites du camp retranché constitué autour de la place de l'Indépendance depuis deux mois.

Le vice-président américain, Joe Biden, a appelé Viktor Ianoukovitch jeudi soir pour l'avertir que la poursuite des violences aurait des "conséquences" sur les relations entre Washington et Kiev. Le département d'Etat, qui a déjà indiqué avoir révoqué les visas de plusieurs responsables ukrainiens, a réitéré la menace de sanctions.

La Roumanie, pays voisin de l'Ukraine, s'est déclarée "préoccupée" vendredi par l'escalade de la violence et a appelé au dialogue.

La Russie, qui n'a cessé de dénoncer des "ingérences" occidentales dans les affaires d'un pays "frère", et a été accusée en retour par les Européens d'avoir exercé des pressions économiques sur son voisin pour l'empêcher de signer un accord d'association avec l'UE, a souligné ne pas intervenir, mais suivre la situation avec la plus grande attention.

Après l'abandon de l'accord d'association avec l'UE, la Russie a accordé à l'Ukraine une ligne de crédit de 15 milliards d'euros et abaissé le prix de son gaz.

L'UE a annoncé la visite à Kiev de la représentante de sa diplomatie, Catherine Ashton.

Alors que les relations entre Russes et Occidentaux sont par ailleurs tendues par la situation en Syrie, la crise ukrainienne a contribué à jeter une ombre sur le sommet Russie-UE prévu pour le 28 janvier à Bruxelles, et dont le programme a été écourté à la demande de la partie européenne, selon des responsables russes.

bur-lpt/neo/bds

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