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A Kiev, un groupe d'extrême droite en première ligne dans les affrontements

A Kiev, un groupe d'extrême droite en première ligne dans les affrontements

Les violents affrontements qui secouent Kiev ont braqué l'attention sur Pravy Sektor, une petite formation d'extrême droite restée jusqu'à présent dans l'ombre et dont les militants se disent prêts à tout pour renverser le pouvoir.

"Aucun compromis n'est possible avec ce gang, c'est nous ou eux. Soit on gagne, soit ils vont nous détruire", résume Andriï Tarassenko, l'un des leaders du groupe dont le nom signifie "Secteur droit".

Depuis plus de deux mois, la contestation pro-européenne gravite autour de la place de l'Indépendance, occupée par l'opposition et théâtre de rassemblements de masse dans l'ensemble pacifiques, menés par un trio de responsables politiques bien connus des électeurs ukrainiens.

Mais depuis dimanche, les objectifs des caméras se sont tournés vers la rue Grouchevski, située à quelques centaines de mètres de la place.

L'artère, qui abrite le Parlement et le siège du gouvernement, est devenue le théâtre de scènes de guérilla urbaine qui a fait cinq morts. Les militants, casqués, parfois masqués, équipés de matraques, défient les redoutables forces spéciales anti-émeutes Berkout et leur envoient pavés et cocktails Molotov.

Dans ces combats, Secteur droit est monté en première ligne, avec pour objectif revendiqué le départ pur et simple du président Viktor Ianoukovitch.

"Nous, les nationalistes, devons renverser le régime d'occupation intérieure par la révolution. Il n'y a pas d'autre moyen", tranche Andriï Tarassenko, dans un entretien à l'AFP.

A la place, la formation souhaite un pouvoir débarrassé de toute influence russe, sans pour autant partager les aspirations européennes de la plus grande partie de l'opposition.

Pourtant, à l'origine, le mouvement est parti du refus du président de signer un accord avec l'UE au profit d'un rapprochement avec Moscou. Mais après deux mois d'occupation du centre de la capitale, sans réel résultat, il s'est nettement radicalisé, dépassant totalement les leaders de la contestation.

Peu connu jusqu'à ces tous derniers jours, Secteur droit n'est affilié à aucun parti d'opposition, pas même aux ultra-nationalistes de Svoboda, dont le chef de file Oleg Tiagnybok a adopté une ligne plutôt consensuelle après avoir été accusé dans le passé d'antisémitisme.

Ses membres considèrent avec encore plus de mépris les deux autres leaders de l'opposition, le champion de boxe Vitali Klitschko ou Arséni Iatseniouk, proche de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko, accusés d'inaction.

Ils balayent aussi la plupart des revendications de l'opposition, comme le retrait des lois anti-protestation adoptées la semaine dernière, qui rendent illégales quasiment toute forme de manifestation et va jusqu'à interdire le port de casques.

"Les gens sont venus pour défaire ce pouvoir. Les autres revendications n'ont aucun intérêt", tranche Andriï Tarasenko.

"Il n'y a pas d'autre solution. Nous avons affaire à des criminels qui kidnappent, tirent sur les gens", poursuit le jeune homme de 31 ans.

La formation comprend des groupes de supporters de football et s'organise via les réseaux sociaux. Elle est liée à un autre mouvement, Trident, qui revendique comme principes "le christianisme traditionnel ukrainien et l'idéologie du nationalisme ukrainien".

Trident a pour source d'inspiration Stepan Bandera, fondateur controversé de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne, qui a combattu la domination soviétique pendant la Seconde guerre mondiale puis dans les années suivantes.

Les autorités ukrainiennes ont montré du doigt la présence de ces nationalistes radicaux dans les rangs de l'opposition. Un responsable du ministère de l'Intérieur a estimé qu'au moins 500 sympathisants de Secteur Droit vivaient dans les bâtiments publics du centre de Kiev occupés par les manifestants.

Andriï Tarassenko, lui, se réjouit "du soutien incroyablement croissant" que rencontre son groupe, qui refuse tout compromis.

"C'est une guerre. Ianoukovitch doit démissionner. C'est notre exigence", ajoute-t-il.

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