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Le Royaume-Uni savoure la renaissance de son industrie automobile

Le Royaume-Uni savoure la renaissance de son industrie automobile

Le lancement officiel mercredi par Nissan de la production d'une nouvelle version du Qashqai à Sunderland intervient sur fond de période faste pour l'ensemble de l'industrie automobile britannique qui devrait battre de nouveaux records ces prochaines années.

"Nous avons une grande usine qui est compétitive, qui fabrique de la bonne qualité à un bon coût", résume Kevin Fitzpatrick, responsable de la production du constructeur japonais pour le Royaume-Uni.

Nissan avait choisi en 1984 Sunderland (nord-est de l'Angleterre) pour y implanter son usine, ouverte deux ans plus tard. C'était alors une nouvelle inespérée pour cette ville sinistrée mais pleine d'atouts pour les Japonais : proche d'un port en eau profonde, elle était riche en main d'oeuvre qualifiée mais sans emploi et les responsables politiques étaient prêts à accorder des subventions.

Aujourd'hui, plus de 500.000 véhicules par an - plus que la production de véhicules particuliers de l'ensemble de l'Italie - sortent de Sunderland, devenue la première usine automobile britannique avec 7.000 emplois. Tournant 24 heures sur 24, elle produit, outre le Qashqai, les modèles Juke, Note, la Leaf électrique et bientôt une berline de la marque de luxe Infiniti.

La production du nouveau Qashqai vient de débuter en décembre, avant d'être inaugurée officiellement en grande pompe mercredi, et Nissan compte bien faire durer le succès de ce véhicule, numéro un en Europe des "crossover", voitures à mi-chemin entre la berline et la voiture tout-terrain.

"On est leader après sept ans, on est passés de 130.000 (véhicules) à 250.000 (en Europe) ces trois dernières années et on veut garder ce leadership", a déclaré en marge de la cérémonie Guillaume Cartier, vice-président en charge des ventes en Europe.

Nissan a "choisi pour Sunderland des produits qui plaisent: le Qashqai est un véhicule qui avait plusieurs années d'avance et a eu un succès absolument incroyable en Europe", souligne Denis Schemoul, analyste chez IHS Automotive. "C'est l'une des raisons essentielles - au-delà de la compétitivité, de la qualité et de la productivité de l'usine - du succès de Nissan" dans le pays, insiste-t-il.

C'est également vrai pour les autres constructeurs installés au Royaume-Uni, dont les modèles connaissent un vrai succès commercial et qui ont multiplié les investissements et les annonces de création d'emplois l'an dernier, que ce soit Jaguar Land Rover, propriété de l'indien Tata, ou Mini, qui appartient à l'allemand BMW.

Après des années 2000 marquées par les fermetures d'usines - avec la faillite pure et simple de la marque Rover ou la fermeture du site PSA de Ryton - l'industrie britannique connaît ainsi une véritable renaissance.

Le gouvernement met en avant de son coté le climat propice à l'investissement. "Nissan soutient 40.000 emplois à travers le Royaume-Uni, et quand vous ajoutez cela à plus d'un demi-milliard d'euros investis (...) dans le pays pour ce nouveau modèle, cela montre que notre plan à long terme donne aux entreprises la confiance nécessaire pour investir et créer des emplois en Grande-Bretagne", a affirmé le Premier ministre David Cameron.

Le Royaume-Uni espère même doubler prochainement la France, qui se débat de son côté dans des problèmes de surcapacités.

La production a atteint environ 1,5 million de voitures l'an dernier et devrait d'ici 2017 dépasser le record de 1972 (1,92 million), prévoit l'Association britannique des constructeurs et des vendeurs d'automobiles (SMMT). Ce qui placerait d'ici 2017/2018 le pays au deuxième rang en Europe, derrière l'Allemagne et devant l'Espagne et la France alors qu'il est aujourd'hui quatrième.

La seule inquiétude des industriels pour ces prochaines années est d'ordre politique, alors que David Cameron a promis un référendum d'ici 2017 sur une sortie éventuelle du Royaume-Uni de l'UE si son camp était réélu en 2015.

"La position de Nissan est de soutenir une politique qui maintienne un libre accès aux marchés", explique Kevin Fitzpatrick, alors que 80% de la production de Sunderland est destinée à l'exportation - essentiellement vers l'Europe.

Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan, a été encore plus clair en prévenant en novembre qu'il "reconsidérerait sa stratégie et ses investissements" si Londres prenait la porte.

jmi/mg/via

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