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Envahi par la fumée et le gaz lacrymogène, Kiev devient un champ de bataille

Envahi par la fumée et le gaz lacrymogène, Kiev devient un champ de bataille

Envahi par la fumée et le gaz lacrymogène, dans les détonations des grenades assourdissantes, le centre de Kiev s'est transformé mercredi en un champ de bataille où des affrontements d'une violence inédite opposent manifestants pro-européens et forces de l'ordre ukrainiennes.

Equipés de casques et de boucliers, les policiers ont donné l'assaut mercredi au petit matin pour chasser les manifestants des alentours des bâtiments officiels, faisant face à une pluie de cocktails Molotov et de pierres lancés par les protestataires.

Regroupés derrière les barricades dressées dans la rue Grouchevski où se trouvent le siège du gouvernement et le Parlement, les manifestants ont opposé une résistance féroce aux hommes des unités anti-émeute Berkout, mais ils ont finalement dû reculer face au gaz lacrymogène, aux grenades assourdissantes et aux balles en caoutchouc utilisés par la police.

Chassés de cette rue, qui a été le théâtre depuis dimanche de heurts violents, des centaines de manifestants se sont alors mis à brûler des pneus pour former une nouvelle barrière, et une épaisse fumée noire et âcre a rempli le centre de la capitale ukrainienne, se mélangeant aux flocons de neige.

Avec l'apparition d'un véhicule blindé qui s'est avancé en direction des manifestants en écartant des carcasses de cars de police brûlés, Kiev, ville-hôte à l'été 2012 de la finale du championnat d'Europe de football, a pris encore davantage dans l'après-midi l'apparence d'un paysage de guérilla urbaine.

Les cafés sur la plus célèbre avenue de Kiev -- Krechtchatik -- située à proximité, étaient tous fermés alors que les heurts non loin de là s'intensifiaient.

La place de l'Indépendance, aussi appelée Maïdan, lieu principal de la contestation du régime depuis le rejet par Kiev fin novembre d'un accord d'association avec l'UE au profit du rapprochement avec la Russie, a de son côté été épargnée par ces nouveaux affrontements.

Alors que l'Ukraine devait fêter mercredi le Jour de l'unité nationale, célébrée en souvenir de l'unification de ses parties occidentale et orientale en 1919, les Ukrainiens sont plus que jamais divisés sur l'avenir du pays.

Deux protestataires ont été tués par balles dans la matinée dans la zone du centre-ville où ont lieu les affrontements, et les ambulances emmenaient des blessés tout au cours de la journée.

"Nous sommes ici pour protéger Maïdan. Nos enfants sont derrière nous, et notre avenir est devant nous", a dit Bogdan Chkour, un manifestant de 50 ans.

Des rumeurs ayant circulé sur un assaut imminent contre Maïdan, ce haut lieu de la contestation à Kiev, plusieurs protestataires portaient des casques en tout genre, et même des gilets pare-balles.

Certains arboraient aussi des boucliers de fabrication artisanale, pour faire face à ceux des forces anti-émeute.

Il s'agit d'une violence inédite pour l'Ukraine, où même la Révolution orange pro-occidentale de 2004 s'était déroulée sans le moindre incident grave.

Les manifestants radicaux qui affrontent la police semblent n'appartenir à aucun parti politique, pas même au groupe ultra-nationaliste Svoboda (Liberté).

Ils seraient liés à un groupe peu connu "Secteur droit" qui a lancé un appel à de telles actions sur Internet.

L'opposition ukrainienne, qui manifeste depuis deux mois contre la décision du président Viktor Ianoukovitch de ne pas signer un accord d'association avec l'UE, s'est mobilisée de plus belle après l'adoption la semaine dernière de lois qui durcissent les sanctions contre les manifestants.

dg-os-sjw/mp/lpt/via

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