Le ton monte entre Hydro-Québec et les opposants à ses compteurs intelligents. Ceux-ci fourbissent leurs armes avec l'appui de certains maires de municipalités.
À l'Assomption, mardi, une trentaine d'opposants aux compteurs intelligents ont bravé le froid pour manifester devant le lieu d'une rencontre entre leurs élus municipaux et des représentants d'Hydro-Québec.
« Je trouve qu'il est temps nous autres les Québécois de se lever et de dire non, » dit une manifestante.
Le maire Jean-Claude Gingras appuie ses citoyens et met en garde Hydro-Québec. « Au niveau des citoyens de ma ville, l'Assomption, ils vont pogner des compteurs barricadés, ça je peux vous le garantir, » dit-il.
Or, empêcher l'accès aux compteurs n'est pas légal, selon Hydro-Québec. « Lorsqu'un client a un contrat d'abonnement pour le service d'électricité avec nous, il est tenu de nous donner accès à ses appareils de mesurage, et ses compteurs nous appartiennent », explique Patrice Lavoie, porte-parole d'Hydro-Québec.
Les abonnés visés par la première phase d'installation de compteurs intelligents ont reçu un avis d'Hydro-Québec, leur expliquant la démarche, car qu'on le veuille ou non, impossible de conserver son ancien compteur électromécanique.
La Régie de l'énergie a tranché à ce sujet en 2012. Tous les abonnés d'Hydro-Québec auront un compteur numérique.
Le seul choix qui reste pour ceux qui s'inquiètent pour leur santé, c'est un compteur non communicant qui coûte 206 $ par année, en plus des frais d'installation de 98 $.
« C'est exorbitant, » lance une autre manifestante. Ceux qui choisissent un compteur non communicant doivent en aviser eux-mêmes Hydro-Québec en appelant son service à la clientèle.
Les membres de la coopérative d'habitation Primavera, du quartier Rosemont à Montréal, ont choisi d'envoyer une lettre de non-consentement à Hydro, et posé des affiches, tel que le suggère Rosemont Petite-Patrie Refuse, un collectif opposé aux compteurs numériques.
« Cet avis n'est pas légal, » dit Patrice Lavoie. Dans ce cas, Hydro-Québec leur envoie une autre lettre réexpliquant le processus.
Sophie Turcot, trésorière de la coop d'habitation, raconte qu'il y a deux semaines, des électriciens sont venus quand même changer sept compteurs. À l'aide d'autres membres, elle a réussi à les repousser.
« Si en tant que propriétaire ou en tant que gestionnaire, on ne peut pas individuellement dire non, on se fait imposer quelque chose. C'est sûr que c'est très frustrant, » ajoute-t-elle.
Par contre, il reste d'autres compteurs à changer, et les installateurs ont promis de revenir.
Mot d'ordre d'Hydro-Québec aux installateurs : éviter les affrontements.
Si les gens s'opposent trop, la société leur recommande de laisser tomber et elle se chargera elle-même du dossier.
« Il est clair que conformément à nos conditions de service, on serait même en droit d'aller jusqu'à une interruption de service, si jamais il y avait là une impasse avec un client, » avise Monsieur Lavoie.