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La conférence de paix sur la Syrie menacée, Assad probable candidat en 2014

La conférence de paix sur la Syrie menacée, Assad probable candidat en 2014

La conférence de paix de Genève II semblait réellement menacée lundi par l'invitation surprise de l'Iran, qui a provoqué la colère de l'opposition syrienne et la vive réaction de ses parrains, alors que Bachar al-Assad a répété sa détermination à rester au pouvoir.

A seulement deux jours de l'ouverture à Montreux (Suisse) d'une réunion diplomatique censée évoquer son départ, le président syrien a affirmé, dans un entretien exclusif accordé à l'AFP, qu'il y avait de "fortes chances" pour qu'il soit candidat cette année à sa succession et prédit une longue guerre avec les rebelles.

Avant ces déclarations, l'annonce dimanche par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de la présence d'une délégation iranienne en Suisse avait déjà jeté un sérieux doute sur la tenue d'un rendez-vous très longtemps incertain.

Sitôt confirmée l'invitation faite à Téhéran, l'opposition syrienne en exil, qui ne s'était que très difficilement résolue à faire le voyage en Suisse, a suspendu dans la nuit sa participation avant de poser lundi un ultimatum.

"A 19H00 GMT, il nous faut une confirmation que l'Iran n'est pas invité ou ne se rendra pas à la conférence", a déclaré à l'AFP un membre de la Coalition, Hadi AlBahra.

Dans un ultime effort pour sauver la conférence qu'ils parrainent avec la Russie et l'ONU, les Etats-Unis ont également haussé le ton en exigeant à leur tour que l'Iran en soit écarté.

L'Iran "n'a jamais pris position en faveur du communiqué de Genève I (...) nous attendons que l'invitation soit retirée", a précisé un haut responsable du département d'Etat.

Le refus répété de l'Iran d'accepter le principe d'un gouvernement de transition en Syrie, ainsi que stipulé en juin 2012 dans l'accord de Genève I, est à l'origine de ce bras de fer.

Manifestement pris de court par l'initiative du secrétaire général des Nations unies, les Occidentaux ont sommé Téhéran de s'y conformer, jusque-là en vain.

"Dans l'intérêt même de la recherche de la paix, il est évident qu'aucun pays ne saurait participer à cette conférence s'il n'en accepte pas expressément le mandat", a renchéri le chef de la diplomatie française Laurent Fabius.

A son tour, l'Arabie saoudite, un des principaux soutiens financiers de l'opposition et de la rébellion, a rejeté toute participation iranienne en rappelant qu'elle devait être liée à "l'acceptation d'un gouvernement de transition". L'Union européenne a elle aussi insisté sur la nécessaire "transition politique" en Syrie.

Mais Téhéran, qui n'a jamais accepté publiquement l'idée d'un gouvernement de transition, est resté sourd à ces demandes et a confirmé sa présence.

"Sur la base de l'invitation officielle, l'Iran participera à cette conférence sans préconditions", a assuré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Marzieh Afkham.

La question du rôle de l'Iran dans le conflit syrien coïncide avec l'entrée en vigueur de l'accord conclu en novembre avec les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien.

Lundi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a ainsi confirmé le gel par l'Iran d'une partie de ses activités nucléaires, conformément à ce pacte intermédiaire signé par Téhéran et le groupe des 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et l'Allemagne).

A l'opposé des positions américaine, française et britannique, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a lui mis en garde l'opposition syrienne et les Occidentaux contre une "erreur impardonnable" en cas d'absence de l'Iran.

De l'avis des observateurs, sa participation à Genève II semblait toutefois des plus improbables, menaçant ainsi la tenue de la conférence elle-même.

"L'opposition a déjà eu le plus grand mal à se décider à venir lorsqu'il était acquis que l'Iran n'y serait pas présent, il est dorénavant impossible qu'elle l'accepte avec l'Iran à la table", a commenté à l'AFP une source diplomatique occidentale, "l'impasse est totale".

Avant ce blocage, les représentants des parties au conflit et les puissances régionales et internationales étaient attendus mercredi à Montreux pour l'ouverture de la conférence.

Les négociations elles-mêmes entre le gouvernement du président Bachar al-Assad et l'opposition doivent débuter vendredi à Genève. Les objectifs des deux camps semblent totalement inconciliables, après les déclarations lundi du président syrien.

Dans un entretien à l'AFP, il a exclu de confier la tête d'un futur gouvernement à un opposant. M. Assad a pronostiqué que sa guerre contre les rebelles prendrait "beaucoup de temps", alors que la conférence de Genève II est censée ouvrir la voie à une issue politique au conflit qui a fait plus de 130.000 morts depuis mars 2011.

"Je considère que rien n'empêche que je me porte candidat (...) et si l'opinion le souhaite, je n'hésiterai pas une seconde à le faire. Bref, on peut dire qu'il y a de fortes chances que je me porte candidat" à la présidence de la Syrie, a déclaré M. Assad, souriant et décontracté.

La première priorité de Genève II doit être "la lutte contre le terrorisme", a-t-il estimé alors que la principale revendication de l'opposition est que cette conférence aboutisse à son départ du pouvoir.

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